Le champ gazier de Zohr, au large des côtes de l’Egypte, a été découvert en 2015, alors que le pays traversait une véritable crise énergétique. Estimé à 850 milliards de mètres cubes par les experts d’ENI, il entrera en exploitation dès décembre 2017. En deux ans seulement, le gouvernement égyptien et ENI ont réussi à mettre au point le projet malgré les nombreuses difficultés liées au terrain. Mais devant l’urgence de la situation énergétique nationale, les autorités égyptiennes ne pouvaient pas se permettre d’attendre. Avec ce nouveau champ gazier et la perspective de découvrir d’autres gisements au large de ses côtes, l’Egypte caresse enfin l’espoir de redevenir auto-suffisante et, pourquoi pas, exportatrice de gaz naturel.
Zohr : le projet qui relance les énergies fossiles en Egypte
Le champ gazier de Zohr est situé à plus de 200 km de la côte égyptienne et à 4 000 mètres de profondeur sous la surface de la Méditerranée, ce qui le rendait a priori très difficile à exploiter. Mais avec un potentiel estimé à 850 milliards de mètres cubes et le besoin pressant des égyptiens de trouver de nouvelles ressources énergétiques, des solutions ont été mises en place pour relever ce défi technique. C’est l’entreprise de pétrochimie ENI qui a été choisie par les autorités égyptiennes pour développer ce projet gazier. L’accord a été signé dans un temps record début 2016 afin de lancer les travaux au plus vite. L’entreprise italienne a pris tous les frais de construction de l’exploitation à sa charge ; le gouvernement égyptien remboursera la moitié des frais engagés dès que le champ sera opérationnel. Par la suite, les bénéfices générés par la vente de gaz naturel seront répartis à parts égales entre les deux partenaires.
Mais depuis la découverte de ce champ gazier, de nombreuses entreprises ont manifesté leur intérêt pour les projets gaziers sur le territoire égyptien. En novembre 2016, ENI a ainsi cédé 10% du gisement Zohr à BP. L’idée était alors de trouver des partenaires financiers capables de soutenir les investissements nécessaires au chantier. Avec la chute des prix des hydrocarbures, l’entreprise italienne souhaitant limiter les risques. Mais depuis, le potentiel financier du gisement n’a pas cessé d’attirer les investisseurs. En septembre 2017, c’est le russe Rosneft qui a signé avec ENI le rachat de 30% du gisement Zohr. La transaction a coûté au russe 1,125 milliard de dollars.
L’ambition égyptienne : devenir le 1e producteur de gaz africain
D’une manière générale, l’Egypte a décidé de mettre un coup d’accélérateur sur le secteur des énergies fossiles. Le gouvernement a ainsi débloqué un budget de 26 milliards de dollars pour investir dans différents projets gaziers et pétroliers. Dans le détail, le gouvernement souhaite financer douze projets de développement gazier ainsi que huit raffineries de pétrole. Grâce à cet investissement massif, l’Egypte espère bien devenir autosuffisante en gaz à l’horizon 2020. Tarek El Molla, le ministre de l’énergie, a présenté en septembre dernier un plan d’investissements détaillé pour les quatre prochaines années. Son ambition affichée est d’augmenter drastiquement la production de gaz du pays qui, bien qu’il possède de grandes ressources, ne les exploite pas assez.
En 2016, l’Egypte ne pesait que 1,3% de la production mondiale de gaz ; c’est peu au regard des nombreux champs gaziers que les experts comptent dans le pays. L’Egypte est actuellement le troisième producteur de gaz sur le continent africain, mais il pourrait passer à la première position dès 2020. Ses réserves prouvées s’élèvent à 65 trillions de pieds cubes selon un rapport indépendant de 2017 de BP Statistical Review of World Energy. L’enjeu est d’autant plus important qu’avec une population de 95 millions d’habitants, l’Egypte a des besoins énergétiques importants… au point d’en être réduit ces dernières années à importer de grandes quantités de gaz pour couvrir ses besoins domestiques.
Une réserve de gaz naturel à très gros potentiel
Jusqu’au début des années 2010, la production de gaz égyptien était plus forte et le pays était même exportateur : il vendait principalement son gaz naturel à la Jordanie et à la Syrie. Mais cette production nationale a connu une baisse très importante ces dernières années : elle est passée de 5,9 milliards de pieds cubes/jour en 2011 à 4,9 en 2016. Avec son nouveau plan d’investissements dans les énergies fossiles, le pays espère bien regagner sa place d’exportateur de gaz naturel dans la région. Un projet qui semble plutôt réaliste : outre le champ gazier de Zohr, l’Egypte compte aussi lancer l’exploitation des champs de Nooros et du nord d’Alexandrie. A eux trois, ces champs gaziers permettront de doubler la production de gaz naturel nationale pour la seule année 2018. Le développement des neuf autres champs gaziers en projet devrait donc permettre d’ouvrir rapidement de nouvelles perspectives à l’exportation.
Si l’italien ENI a remporté l’exploitation du plus gros gisement de gaz égyptien, le britannique BP n’est pas en reste, lui qui a décroché un contrat pour le projet du Delta du Nil. Cet ensemble comprend trois champs gaziers (Raveb, Giza et Fayoum) et son potentiel est estimé à 5 TCF. Les travaux pour construire la plateforme d’exploitation commenceront en 2018 pour une mise en production dès 2019. Là aussi, les égyptiens ont voulu que tout se fasse rapidement. Avant l’entrée en production du projet du Delta du Nil, BP aura déjà mis en production les champs gaziers de Taurus et Libra début 2018.
Laisser un commentaire