Des micro-algues photosensibles pour produire du pétrole synthétique... - L'EnerGeek

Des micro-algues photosensibles pour produire du pétrole synthétique…

petrole-synthetique

En pleine course à la transition énergétique, les laboratoires sont nombreux à s’intéresser à la mise au point d’une technique pour fabriquer du pétrole synthétique. La formule magique n’est pas encore au point mais on sait déjà qu’elle vaudrait de l’or : outre le marché de l’énergie, c’est tout le secteur de la chimie qui est intéressé par la découverte d’un successeur potentiel au pétrole classique. Et dans cette course, une équipe de chercheurs français vient de prendre une longueur d’avance : ils ont découvert et isolé une micro-algue capable de produire des hydrocarbures de synthèse grâce à une réaction à la lumière. Une innovation qui laisse entrevoir un monde dans lequel le pétrole synthétique pourrait couvrir les besoins en hydrocarbures tout en étant fabriqué dans le respect des normes environnementales.

Des micro-algues au maxi potentiel

Le potentiel des micro-algues est en ce moment au coeur de nombreuses recherches dans le secteur de l’énergie, aussi bien pour la fabrication de carburants que pour la production d’énergie. Ainsi la ville de Paris teste cette année un nouveau modèle de colonne Morris équipé d’un réservoir d’eau dans lequel évoluent des micro-algues. Le but : filtrer la pollution de l’air tout en fournissant ensuite de la matière première pour alimenter un circuit de méthanisation lui-même raccordé au réseau de gaz de la ville.

Il n’existe actuellement que 4 enzymes utilisables pour la production de pétrole synthétique. La FAP est de loin la plus prometteuse.

Mais pour l’instant les chercheurs ne font encore qu’effleurer le potentiel de ces micro-algues. Une équipe de chercheurs de l’Institut de biosciences et biotechnologies d’Aix-Marseille s’est particulièrement intéressée au potentiel énergétique des micro-algues pour la fabrication de pétrole synthétique. Leur idée : utiliser les propriétés naturelles de cette ressource afin de mettre au point un carburant bio utilisable pour couvrir les besoins des véhicules qui roulent aux énergies fossiles.
Dans le détail, ce que les chercheurs français ont découvert c’est qu’une enzyme, la FAP réactive à la lumière, la FAP (Fatty acid photodecarboxylase), permet aux micro-algues de transformer une partie de leurs acides gras pour en faire des hydrocarbures.

De nombreux avantages à l’usage

Le processus mis au point par les chercheurs français est basé sur une réaction chimique naturelle liée aux propriétés des micro-algues et il présente plusieurs avantages. Tout d’abord, le pétrole synthétique obtenu après opération chimique présente des propriétés comparables à celle du pétrole classique ; il peut donc convenir à tous les usages du pétrole, aussi bien pour le secteur de l’énergie que pour la chimie. La seule différence notable que les chercheurs ont noté se situe au niveau de la composition chimique du pétrole synthétique : il ne contient pas d’atomes d’oxygène. Une absence qui présente un avantage non négligeable car, contrairement au pétrole habituel, ce biocarburant n’a pas besoin d’être dilué avant d’être utilisé.

Le pétrole synthétique offre des propriétés comparables au pétrole classique et peut donc servir dans les mêmes conditions.

Au niveau du processus de fabrication en lui-même, les chercheurs ont observé que la FAP était dix fois plus rapide que les autres enzymes de synthèse testées en laboratoire pour la fabrication d’hydrocarbure. Et le fait qu’elle soit photosensible est également un avantage car cela implique qu’on peut utiliser une ressource naturelle (la lumière du soleil) non polluante et peu coûteuse pour procéder à la synthèse de l’hydrocarbure.

Le boom annoncé du pétrole synthétique

Après la parution des résultats dans la revue scientifique Science, la communauté des chercheurs a exprimé son enthousiasme face à cette découverte. Pour autant la photoenzyme ne va pas révolutionner tout de suite le secteur des carburants. En effet, malgré le potentiel de la découverte, il s’avère pour l’instant que le projet n’est pas réaliste économiquement. La reproduction du processus pour une fabrication à grande échelle aurait un coût astronomique, ce qui empêcherait ce biocarburant de concurrencer le pétrole traditionnel ou même d’être rentable.

Malgré ce frein non négligeable, la recherche continue de s’organiser et la découverte devrait de toute manière avoir des conséquences sur la filière des hydrocarbures. Dans un contexte de transition énergétique et avec l’avènement des véhicules qui utilisent des énergies alternatives, le marché des hydrocarbures va être contraint de produire plus de carburants synthétiques pour  faire face aux nouvelles exigences environnementales et à la mutation du marché automobile.

Lors d’un colloque automobile qui s’est tenu en Allemagne en août 2017, Bosch a annoncé que le pétrole synthétique pourrait représenter 1% des hydrocarbures consommés en 2025 avant d’atteindre les 10% en 2030. L’équipementier allemand imagine même que ce nombre pourrait passer à 100% à l’horizon 2050. Une appréciation optimiste du marché des carburants de synthèse qui repose sur deux arguments imparables : il est plus facile de modifier les carburants que de rajeunir l’intégralité du parc automobile mondial ; et les carburants de synthèse ont l’avantage d’être utilisables sur le réseau d’approvisionnement actuel. Un bon point face aux véhicules électriques qui ont encore du mal à s’approvisionner auprès de bornes de recharge. Bosch croit tellement à ce boom annoncé du pétrole synthétique que l’entreprise a déjà investi dans le développement de son propre carburant alternatif.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Si on veut remplacer le pétrole fossile par du synthétique,il faudra savoir produire ce pétrole synthétique à bas coût et par centaines de millions de tonnes,chaque années…

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    • On a l’espace requis pour le pétrole vert, tout les déserts sont des zones potentiel pour produire.

      Répondre
  • L’énergie restituée sera forcément au maximum égale à celle fournie par le soleil sur la surface utilisée.
    Il faudra donc pour restituer beaucoup d’énergie utiliser de grandes surfaces, d’où une concurrence à l’agriculture et aux forêts.

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    • Les toits des maisons sont des zones tout comme les déserts pour produire. Sachant que l’algue verte peut même recycler l’eau noir de votre maison et produire de la biomasse, connaissez vous une alternative aussi génial que ça en ce moment?

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  • Sa fait des années qu’ils ont découvert ça et qu’ils l’utilisent déjà en Espagne dans certains secteurs… Sinon nos politiques n’accepteront jamais cette alternative car ils veulent lancer leurs voitures électriques, juste pour favoriser certains gros qui vont produire ces voitures, tout comme l’époque du pétrole.

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  • pour quoi utilise _t on pas algue verte dans les stations pour depollue et transforme en biocarburent
    n

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  • Cette piste est intéressante, notamment parce qu’elle permet d’utiliser le CO2. Néanmoins cela ne résout pas le problème de la pollution par les moteurs thermiques…

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