La Commission européenne vient d’annoncer, début juillet 2017, qu’elle allouait un budget de 4 millions d’euros pour la réalisation du projet Celtic Interconnector. Un coup de pouce bienvenu qui devrait aider à faire démarrer rapidement ce projet de ligne haute tension qui reliera l’Irlande à la France. Car si le projet a piétiné pendant deux ans, il est désormais porté par la volonté du gouvernement irlandais de limiter sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Du côté européen, ce projet est aussi annonceur d’une plus grande ambition : développer de nouvelles interconnexions dans la zone euro afin de renforcer le maillage énergétique et soutenir l’essor des énergies renouvelables.
Celtic Interconnector : un projet lent à démarrer
L’idée d’une ligne électrique à haute tension reliant l’Irlande et la France n’est pas nouvelle, et de fait le projet Celtic Interconnector a été lancé fin 2015. Le projet doit être mené par le gestionnaire de réseaux de transport d’électricité irlandais EirGrid et le français RTE. Concrètement, Celtic Interconnector vise à mettre en service un câble sous-marin de 600 km de long pour relier la côte méridionale de l’Irlande avec la Bretagne. La capacité de transport prévue est de 700 mégawatts, de quoi permettre d’alimenter 450 000 foyers irlandais en électricité.
C’est en juillet 2016 que l’étude de faisabilité rendue publique permet de lancer officiellement le projet. Pourtant, il aura fallu attendre encore un an avant de constater une nouvelle avancée. Avec la décision de la Commission européenne d’accorder un budget pour le développement de Celtic Interconnector, le projet peut enfin espérer entrer dans une phase active dans les prochains mois. D’autant que le projet peut désormais compter sur le soutien du gouvernement irlandais, bien décidé à en faire une priorité. En effet, depuis le Brexit, la République d’Irlande a tout fait pour accélérer le projet d’interconnexion avec la France. Les besoins énergétiques du pays sont importants et la production est insuffisante. Pour couvrir ses besoins, le pays est obligé d’importer une partie de son énergie depuis la Grande-Bretagne. Depuis le Brexit, il est donc devenu urgent pour le gouvernement irlandais d’anticiper le futur approvisionnement énergétique en sécurisant des importations en provenance de la zone euro. Un contexte qui profite donc au projet de connexion avec la France.
Améliorer le maillage énergétique européen
Avec ce futur raccordement, l’Irlande espère donc sécuriser son approvisionnement électrique, ce qui devrait aussi avoir comme répercussion de réduire les coûts de l’énergie sur l’île. Par ailleurs, Celtic Interconnector vise aussi à soutenir le développement des énergies renouvelables. RTE et EirGrid vise une montée en puissance de la part des énergies renouvelables sur ce futur réseau. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a motivé le soutien de la Commission européenne au projet juge « d’intérêt général ».
Depuis 2014, l’Europe cherche à soutenir activement le développement des interconnexions énergétiques entre les différents pays et les différentes zones de l’Union. Le but est d’améliorer le maillage énergétique de l’ensemble des territoires, mais aussi de permettre une meilleure circulation des énergies renouvelables. Lors de la présentation de son budget de fonctionnement pour la période 2014-2020, la Commission européenne avait résumé sa feuille de route en expliquant que les projets soutenus devaient viser une meilleure coordination énergétique « en interconnectant les réseaux énergétiques européens, en renforçant la sécurité de l’approvisionnement et en contribuant au développement durable par l’intégration des sources d’énergies renouvelables dans l’ensemble de l’Union Européenne ». En février dernier, la Commission a encore affirmé cette position en débloquant 444 millions d’euros pour financer des projets d’infrastructures énergétiques en Europe.
Le début des grands travaux pour le projet Celtic Interconnector
Avec le coup d’envoi de Celtic Interconnector, on assiste désormais à une nouvelle étape dans le développement énergétique du réseau européen car ce projet n’est que le premier d’une longue série. Parmi les grands chantiers voulus par la Commission européenne, un projet vise la mise en place de smart grids, sept doivent permettre de développer les réseaux électriques et dix autres projets concernent la filière gaz.
La France sera au cœur de ces nouveaux développements énergétiques puisque outre la ligne électrique Celtic Interconnector, elle devrait aussi ouvrir une interconnexion entre la côte aquitaine et le pays basque espagnol. Autre projet de réseau électrique en Allemagne où la Commission européenne compte financer le projet SuedLink. Il s’agira de relier le nord et le sud de l’Allemagne grâce à une ligne électrique haute tension de 700 kilomètres de long. Ce projet permettra de transporter plus facilement vers le sud une partie de l’électricité verte produite par les parcs éoliens du nord du pays. Pour certains des chantiers, les travaux pourraient commencer d’ici 2018 et ainsi permettre la mise en place du nouveau réseau européen pour l’horizon 2020.
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