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RTE et GRT gaz inaugurent la coopération des réseaux

Transition énergétique, déploiement des smart grids… La redistribution des cartes dans l’industrie énergétique n’a jamais été aussi importante, et elle implique désormais une évolution majeure pour les gestionnaires de réseau. C’est cette évidence qui a poussé les deux opérateurs français RTE et GRT gaz à mettre leurs forces en commun pour dessiner un nouveau projet énergétique. Le 3 avril 2017, ils ont ainsi annoncé officiellement un partenariat inédit impliquant la coopération des réseaux autour de plusieurs projets. Quels sont les liens entre un opérateur d’électricité et un opérateur de gaz ? Mises en commun, leurs compétences devraient leur permettre de développer de nouvelles solutions, et notamment de trouver un moyen d’engager plus d’énergie issue du renouvelable dans les réseaux énergétiques français.

La coopération des réseaux : la nouvelle évidence énergétique

On oppose traditionnellement le gaz et l’électricité. Pourtant, ces deux réseaux ont de nombreux points en commun, et ils font face actuellement à des problématiques similaires pour continuer d’être compétitifs à l’heure où le développement des énergies renouvelables et la transition énergétique accélèrent la cadence des mutations des réseaux. RTE (Réseau de Transport d’Electricité) est le gestionnaire des lignes à haute tension déployées sur le territoire français. GRT gaz (Gestionnaire du Réseau de Transport du gaz) est responsable, pour sa part, des gazoducs français.

A priori, les deux réseaux étaient destinés à travailler en parallèle sans jamais se rejoindre. Pourtant, depuis deux ans, il est devenu évident pour chacun des deux réseaux que leur complémentarité permettait d’assurer un meilleur service énergétique sur l’ensemble du territoire français. L’hiver 2016 par exemple, au moment des pics de consommation d’énergie, les centrales électriques à cycle combiné gaz ont prouvé leur efficacité en étant capable de monter en charge. Leur fonctionnement à plein régime a permis de couvrir 10% de la consommation d’électricité des foyers français. Une synergie qui illustre parfaitement les liens étroits tissés entre les réseaux de gaz et d’électricité. En janvier 2017, les deux réseaux avaient également fait front commun pour présenter une offre de rachat d’Elengy. La coopération des réseaux annoncé le 3 avril dernier est donc la suite logique de ce rapprochement entre GRT gaz et RTE. Mais cette fois, il s’agit de mettre en place une stratégie à long terme capable d’être déployée à l’étranger en cas de réussite.

De nombreux échanges sont prévus dans le cadre de la coopération des réseaux GRT gaz et RTE.

La complémentarité pour optimiser les réseaux

Dans le partenariat qui a été annoncé, plusieurs projets sont précisément nommés et doivent permettre de mettre en place une stratégie énergétique commune pour répondre aux problématiques rencontrées par le réseau français. Il est notamment question de mettre en place une plateforme de données commune sur le modèle de l’open data. Une petite révolution puisque cette plateforme unique rassemblera les informations des deux réseaux en ce qui concerne les données de production et de consommation d’énergie, aussi bien au niveau local que national. Cette mise en commun des informations vise à offrir une meilleure lisibilité du maillage énergétique du territoire français, en permettant aux collectivités territoriales de rendre plus cohérente leur gestion du gaz et de l’électricité. En offrant ainsi une vision à 360° de la production d’énergie, RTE et GRT gaz espèrent aboutir à une optimisation de leurs réseaux, particulièrement pendant les vagues de froid lorsque les pics de consommation risquent de créer des pannes d’énergie. Cette plateforme devrait être opérationnelle courant 2017, et elle est encore appelée à se développer. Elle pourrait ainsi embarquer les données d’autres opérateurs d’infrastructures gazières ou électriques, français ou étrangers.

Le projet Jupiter 1 000 pour développer le renouvelable

L’autre grand projet sur lequel va porter la coopération des réseaux est le projet Jupiter 1 000. Jupiter 1 000 a été mis en place en 2016 à la Fos-sur-Mer et il est actuellement piloté par GRT gaz. Avec cette unité de production d’énergie expérimentale, GRT gaz souhaite tester la viabilité d’un nouveau procédé : le power-to-as. L’idée est de convertir les excédents de production d’électricité issue des énergies renouvelables en méthane. Ce gaz vert peut ensuite être stocké plus facilement que sous sa forme initiale, et il peut être injecté normalement dans les réseaux de gaz habituels. Cette solution présente deux avantages de taille : offrir une solution pour renforcer les capacités énergétiques du réseau, particulièrement en cas de pics de consommation lorsqu’il faut injecter beaucoup de puissance sur le réseau en un court laps de temps. Mais il s’agit aussi d’être enfin capable d’exploiter le trop plein de production des sources d’énergie renouvelables. Le fait que ces sources d’énergie soient intermittentes ne facilite pas leur exploitation. Il existe un décalage entre le pic de production et le pic de consommation, et entre les deux il est très difficile de stocker l’énergie pour la rebasculer ultérieurement sur le réseau.

En mettant en commun leurs expertises, GRT gaz et RTE espèrent faire aboutir le projet Jupiter 1 000 et ainsi proposer rapidement à une solution pouvant être déployée à l’échelle nationale. Les enjeux énergétiques et économiques autour de ce projet sont énormes. En effet, sur les cinq dernières années, la capacité de production des énergies renouvelables a connu un vrai boum en France : le photovoltaïque a progressé de 461% et l’éolien de 74%. Un essor toutefois freiné par le problème d’intermittence de la production. En déployant une solution à grande échelle pour stocker et transporter cette production d’énergie renouvelables, RTE et GRT gaz se placeraient en tête dans la course au marché de l’énergie. Le projet Jupiter 1 000 leur permettrait de garantir la fiabilité du réseau global d’énergie tout en respectant les engagements pris en faveur de la transition énergétique puisqu’ils pourraient enfin injecter une plus grande part d’énergie verte sur le réseau. Si ce partenariat sur le plan national débouche sur une réussite, les deux gestionnaires pourraient le poursuivre à l’échelon international et ainsi prendre une longueur d’avance sur leurs concurrents potentiels.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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