Energie solaire : les surcapacités affaiblissent les fabricants de panneaux photovoltaïques - L'EnerGeek

Energie solaire : les surcapacités affaiblissent les fabricants de panneaux photovoltaïques

panneaux solaires

Marqué par une baisse de la demande, des surcapacités, et une pression croissante sur les prix, le marché mondial des panneaux solaires traverse actuellement une période difficile. Les géants du secteur souffrent et voient leurs marges diminuer de manière significative, les contraignant à réduire leurs effectifs. 

Une énergie de plus en plus compétitive

L’énergie solaire, longtemps freinée dans son développement par des coûts trop élevés, est devenue en l’espace de quelques années une alternative énergétique des plus prometteuses. Elle tend aujourd’hui vers la parité réseau, à savoir la rentabilité sans subvention. Le prix de l’électricité solaire n’a jamais été aussi bas et de nombreux pays bénéficiant d’un fort ensoleillement lancent de nouvelles installations indépendamment des mécanismes de soutien étatique. Au Chili par exemple, les premiers champs solaires sans subvention ont vu le jour au sein des projets Salvador (Sunpower, 70 MW) et Luz del Norte (First Solar, 141 MW). L’électricité produite étant vendue au prix de gros.

Lire aussi : Les panneaux solaires auront compensé leur empreinte carbone dès 2018

En France, si le taux d’ensoleillement n’est évidemment pas comparable (3400 kWh/m²/an au Chili contre 1400 kWh/m²/an en France), les progrès sont tout aussi significatifs. Le prix moyen de l’électricité produite dans la filière solaire aujourd’hui s’établit à 87 euros le mégawattheure (entre 70 et 110 euros par MWh) pour les grandes centrales au sol, soit un niveau équivalent à celui de l’éolien terrestre (85 euros). “De nombreux projets proposent même un tarif plus proche de 70 euros”, affirme dans les Echos Arnaud Mine, président de la branche solaire du SER (Syndicat de l’énergie renouvelable). Ajoutant “A ce prix, on peut dire que le solaire est compétitif !”.

Une forte pression sur les prix

Ces bons résultats s’expliquent en majeure partie par une forte baisse des coûts de production des cellules solaires. L’industrialisation des procédés de fabrication et la baisse du prix du silicium (la technologie silicium représentant 90% du marché des panneaux PV) ont permis au prix des modules de chuter de manière significative. Alors que le coût s’établissait autour de 24 euros par watt en 1980, il aurait été divisé par 43 sur ces trente dernières années et serait aujourd’hui fixé aux alentours de 0,56 euros. Une évolution positive mais qui n’est pas dénuée d’efferts pervers à en croire les fabricants de panneaux solaires soumis à une concurrence accrue. La forte pression sur les prix mise par les développeurs de projets lors des appels d’offres a entraîné cette année des records de prix à la baisse. Mi-septembre un projet à Abu Dhabi (Emirats arabes unis) a remporté un appel d’offres avec un prix de 23 dollars le mégawattheure (environ 21,5 euros).

Les développeurs remettent des offres avec des prix très bas et ensuite mettent la pression sur les fabricants, pour que leurs projets restent rentables”, explique Jean-Louis Bal, président du SER. Or, si la baisse des prix des modules est bénéfique à long terme pour dynamiser la demande et augmenter les ventes, elle est nettement négative à court terme pour les fabricants, causant une pression à la baisse sur les marges.

Ralentissement du marché et surproduction

Parallèlement, la forte croissance du marché ces dernières années (56 gigawatts de nouvelles capacités ont été installées en 2015 et plus de 70 gigawatts sont prévues cette année selon les estimations de GlobalData), a logiquement provoqué l’augmentation des investissements industriels dans la filière afin de répondre à la demande et d’optimiser la production. Problème, le marché s’essouffle depuis plusieurs mois du fait d’un ralentissement des projets aux Etats-Unis et en Chine, augmentant le risque de surproduction.

Lire aussi : Solaire photovoltaïque : un second trimestre 2016 assez faible

Devant cette croissance du marché, il y a eu de nombreux investissements dans le secteur industriel, notamment en Chine, qui ont conduit à des surcapacités”, ajoute Jean-Louis Bal. En Chine, les subventions au solaire ont été revues à la baisse, provoquant la diminution des projets tandis que les développeurs américains, rassurés par le prolongement du crédit d’impôt, continuent d’entreprendre mais à un rythme moins soutenu. Au final, la surproduction de panneaux pourrait atteindre 16% en 2017 selon les estimations de la Deutsche Bank, accentuant toujours plus la pression sur les prix des panneaux photovoltaïques.

Les fabricants de panneaux solaires en difficulté

Résultat, la situation se tend pour les grands groupes internationaux spécialisés dans les panneaux photovoltaïques. Le chinois Yingli Solar, l’un des leaders mondiaux du marché, a annoncé le 8 décembre dernier, une perte nette de 50 millions de dollars pour le troisième trimestre 2016, contre un bénéfice net de 71 millions de dollars au trimestre précédent. L’américain SunPower, filiale du français Total, a quant à lui confirmé et durci son plan de restructuration annoncé cet été avec la suppression de 2.500 emplois et la fermeture d’un site de production d’une capacité de 700 mégawatts par an aux Philippines. Son président Tom Werner a justifié cette mesure par la dislocation du marché et la chute des prix des panneaux solaires.

Lire aussi : SunPower : la filiale américaine de Total va supprimer 2500 emplois

A l’automne, les groupes First Solar et SolarWorl avaient eux aussi tranché dans leurs effectifs avec les suppressions respectives de 1.600 et de 500 emplois, tandis que le groupe Sun Edison se déclarait en faillite suite à de nombreux retards sur ses projets en cours.

Crédits photo : Oregon DOT

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Heureusement que, en l’absence de production solaire, il reste l’hydraulique, le gaz, le pétrole, le charbon, le nucléaire et les importations, mais riches en contenu carbone. Facteur de charge du solaire, 12 % en moyenne. Mais la compensation de l’intermittence a un cout non négligeable, et qui ne figure pas dans l’article ci-dessus, à rajouter au cout de production annoncé.

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      • Merci de mettre vos données à jour C02, çà n’en sera que plus intéressant pour les autres.

        EDF et tous les autres opérateurs du secteur énergie et autres ne vous ont évidemment pas attendu pour connaître l’intermittence du solaire qui ne brille pas la nuit comme tout le monde sait et de l’éolien et les avantages et inconvénients de chaque énergie. Si on dit que le nucléaire n’a qu’un rendement de seulement 33% en France le reste chauffant l’atmosphère et les cours d’eau y compris en cas de canicule, un taux de disponibilité souvent inférieur à 60% et moins encore récemment et nécessite de coûteuses et dangereuses installations de stockage comme les barrages qui peuvent aussi un jour ou l’autre avec l’âge ou autres se rompre comme en Russie il n’y a pas longtemps, çà ne nous avance pas beaucoup.

        Encore une fois l’éolien et le solaire se complètent plutôt bien comme toutes les données sur la durée le prouvent. Le solaire dont le facteur de charge moyen est de 13% en France est incomplètement exploité puisque l’hybride (plus de 80% de l’énergie solaire captée + stockage très faible coût) est encore peu utilisé mais décolle comme en témoigne notamment Dualsun dont le chiffre d’affaires progresse de plus de 600% par an.

        Le prix du MWh éolien “offshore” arrive désormais à moins de 55 euros au Danemark. On s’attend à 40 euros le MWh solaire en France sous peu et l’éolien terrestre en France n’est plus très loin. Bref globalement les prix sont plus que compétitifs alors que le potentiel de baisse et d’améliorations sont encore élevés et qu’en plus çà crée des emplois.

        Quand EDF investi dans Stornetic entre autres volants d’inertie et les expérimente déjà au niveau régional près de Paris c’est que çà fait longtemps que les pointes de consommations en soirées et matinées d’hiver sont un problème qui ne date pas de l’arrivée des renouvelables qui n’y sont d’ailleurs pas liées. On sait que le coût des volants d’inertie qui peuvent tourner à quelques 3000 km/h sans frottements (palets magnétiques etc) donc grande durabilité décline très vite et devient dérisoire alors qu’ils répondent y compris parfois sur 3 jours parfaitement à toutes les variations de réseau.

        Ce n’est pas non plus un hasard la hausse des chiffres d’affaires dans le stockage, du nombre d’investissements dans ce secteur, la baisse des prix du stockage etc

        Cà signifie comme beaucoup de graphiques le montrent que nous sommes à un tournant et qu’il devient plus intéressant de coupler renouvelables et différentes formes de stockages en série, en plus de l’efficacité énergétique, que de raisonner comme Trump, Poutine (avec Gazprom et Rosatom) ou tous les conservateurs des temps passés qui agissent trop souvent par l’ajout de capacités coûteuses, toujours risquées, conduisent à la gabegie énergétique sans résoudre les problèmes d’ensemble qui sont certes plus subtils.

        Répondre
  • Vous me sortez l’article d’un groupe anti-éolien et énergies renouvelables d’une micro SAS, 25 bd de la Reine 78000 VERSAILLES qui raconte comme à son habitude n’importe quoi et prend ses désirs pour des réalités !

    Vérifiez auprès du ministère concerné quant à la politique du Danemark et aux autres sources indépendantes concernant le prix etc

    Vattenfall a bel et remporté le projet éolien Kriegers Flak à 49,9 euros le MWh ce qui souligne la forte tendance à la baisse des prix des renouvelables y compris dans ce secteur offshore et y compris en Europe car on trouve moins cher encore ailleurs et Lars Christian Lilleholt le ministre danois de l’énergie n’a bien évidemment aucunement l’intention de réduire les objectifs dans l’éolien si vous prenez la peine de traduire le danois, ces derniers étant les mieux à même de dire ce qu’ils envisagent :

    https://www.information.dk/indland/2016/12/haft-vindeventyr-dag-blevet-givet-stoette

    Ils comptent au contraire mettre les bouchées double vu l’essor du marché mondial éolien et leur position (c’est un secteur industriel important au Danemark comme vous devriez le savoir) et estiment seulement avoir pris un peu de retard dans la mobilité électrique.

    D’une manière générale les prix sont bien fortement à la baisse dans le secteur offshore du fait des volumes et ce n’est évidemment pas au moment où cette énergie est plus que compétitive que les dirigeants politiques et opérateurs vont faire machine arrière après avoir essuyé les principaux coûts d’innovation et d’investissements !

    Mettez à jour vos données aux sources indépendantes et objectives, pas auprès des officines de propagande, vous aurez une vision plus claire des réalités et éviterez de vous tromper chaque fois.

    Pour votre info également l’éolien offshore va dans un premier temps se développer plus vite que l’hydrolien dont les rendements sont actuellement encore très difficiles à comparer vu le nombre de technologies et encore un manque de recul sur la durabilité. Vos amis sont donc à côté de la plaque concernant également ce marché et feraient mieux de se recycler dans des domaines qu’il maîtrisent mieux, le cas échéant.

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  • A Energie+. Vos sources sont-elles aussi objectives concernant le tarif de rachat pour l’éolien offshore ? http://www.lefigaro.fr/societes/2016/03/19/20005-20160319ARTFIG00066-eolien-offshore-l-avenir-de-la-filiere-francaise-en-question.php ou http://energie.eelv.fr/la-transition-energetique/comment/leolien/http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/parc-eolien-francais ou
    Selon vous, tous les sites annonçant des tarif au-dessus des vôtres seraient anti-éolien. C’est un peu facile. Vous seriez donc anti-nucléaire, anti-fossile et anti-hdraulique alors. Quel serait-donc pour vous le pays modèle qui n’utiliserait aucune de ces dernières énergies citées, aucune resource minière tels que le lithium et les terres rares, tout en produisant un KWh TTC moins cher qu’en France ?

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