Un consortium formé du groupe de BTP français Eiffage et de la société franco-africaine Eranove a annoncé avoir signé vendredi 2 décembre dernier un accord avec le ministère de l’Énergie de Madagascar portant sur la construction et l’exploitation de la centrale de Sahofika destinée à alimenter en électricité la capitale. Cette nouvelle installation d’une puissance de 200 MW permettra surtout d’augmenter de manière significative les capacités de production du pays en proie depuis de nombreuses années à l’instabilité d’un réseau de production électrique largement insuffisant.
L’hydroélectricité, première source renouvelable à Madagascar
Avec seulement 350 MW de capacités de production installées sur la Grande île, l’approvisionnement énergétique du Madagascar reste problématique pour le gouvernement et freine le développement économique du territoire. L’Etat ne dispose pas des fonds nécessaires pour investir dans de nouvelles installations renouvelables et les seules centrales thermiques existantes fonctionnant au fioul lourd sont très polluantes. À Tananarive par exemple, les principales centrales ne fournissent que 149 MW par jour pour le réseau interconnecté alors que les besoins quotidiens sont estimés à plus de 200 MW. La demande connaît d’ailleurs une hausse annuelle de l’ordre de 15 à 25 MW dans la capitale.
Pour remédier à cette situation et fournir des énergies durables et accessibles à tous, l’Agence de développement de l’électrification rurale (Ader), avec l’appui des bailleurs de fonds, prévoit divers projets hydroélectriques dans les années à venir. Le potentiel des barrages est en effet considérable à Madagascar mais toujours largement sous-exploité. Pour Mamisoa Rakotoarimanana, secrétaire exécutif de l’Ader, l’hydraulique est la première option dans l’exploitation des énergies renouvelables. « Certes, le coût d’investissement dans la construction d’une centrale hydroélectrique revient plus cher, mais ce type de ressource, une fois exploitée, s’avère plus accessible à tous et durable« , explique-t-il. « Après l’hydraulique, il existe aussi la biomasse dont le potentiel pour le pays est également énorme. Viennent ensuite le solaire et l’éolien« , ajoute-t-il.
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La construction de nouvelles centrales hydrauliques s’inscrit également dans le cadre de l’objectif gouvernemental de réduire la dépendance aux énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre. Comme l’a récemment déclaré Rodolphe Ramanantsoa, le ministre de l’énergie et des hydrocarbures, « le gouvernement s’engage à privilégier progressivement ces sources d’énergie au détriment des centrales thermiques » et prévoit de garantir l’accès à l’électricité à plus de 70% de la population d’ici 2030.
Le méga projet de centrale hydroélectrique de Sahofika
Dans ce contexte, le gouvernement avait annoncé en 2011 la construction d’une grande centrale hydroélectrique à Sahofika, à 160 km au sud-est de la capitale, destinée à fournir une production annuelle de 1.500 gigawattheures (GWh), soit la consommation moyenne de 1,5 million de foyers malgaches. En attente depuis plusieurs années, ce projet devrait finalement voir le jour grâce au soutien financier de la Banque mondiale.
Cette nouvelle infrastructure sera construite par le groupe Eiffage puis exploitée et maintenue par le groupe Eranove après son raccordement au réseau de la Société nationale d’électricité de Madagascar (JIRAMA). Le groupe de construction français, en compétition avec six entreprises d’origine allemande, chinoise, indienne et malgache, avait finalement remporté au mois de septembre dernier l’appel d’offres pour ce méga projet estimé à 825 millions de dollars. « Présent en Afrique depuis 90 ans en tant que concessionnaire et constructeur, Eiffage va pouvoir une nouvelle fois faire preuve de son savoir-faire en matière de grands projets complexes au service des pays émergents« , a déclaré Max Roche, directeur général adjoint d’Eiffage, à l’occasion de la signature du contrat avec le gouvernement.
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La phase de construction de la centrale, qui devrait durer environ 4 ans, sera précédée d’une phase d’études de 18 mois. Une fois la centrale hydroélectrique mise en service, la phase d’exploitation et de maintenance du site démarrera pour une durée de 35 ans.
Outre Eiffage et Eranove, spécialisés dans la production et distribution d’eau et d’électricité en Afrique de l’Ouest, le consortium comprend également le développeur Themis, membre du groupe financier Abraaj et la société malgache HIER (Hydro Ingénierie Etudes et Réalisations).
Un programme de développement régional
De son côté, l’Ader commence également à investir au niveau régional. Plusieurs projets sont en cours actuellement dont le projet « Jiro Kanto » en collaboration avec l’Union européenne dans la région Alaotra Mangoro et qui prévoit la construction de deux microcentrales hydroélectriques.
Dans la région Sava, un projet démarrera prochainement en partenariat avec le KFW et l’Onudi, pour développer cinq centrales et réhabiliter certaines centrales thermiques de la région. L’Union européenne et l’Onudi financent également des projets dans la région Sofia.
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Crédits photo : Dreamweaver
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