L’EWEA (European Wind Energy Association) a publié, la semaine dernière, une étude proposant 3 scénarios possibles pour l’avenir de l’énergie éolienne en Europe. Si les conclusions sont plutôt encourageantes, le rapport craint un recul comparé aux objectifs énoncés récemment dans le cadre de la COP21, la faute à des changements dans les politiques régionales énergétiques.
Un bilan somme toute très positif
La capacité énergique éolienne installée est aujourd’hui de 129 GW en Europe. Elle devrait augmenter à 192 GW d’ici à 2020 pour atteindre 320 GW en 2030 selon le Central Scenario (le scénario médian) de l’étude publiée par l’EWEA. La répartition de ces 320 GW devrait se faire entre 254 GW onshore et 66 GW offshore.
Avec cette capacité installée, le rapport prévoit une production annuelle de 778 TWh d’électricité, ce qui couvrirait 24,4% des besoins électrique des pays de l’UE. En comparaison, la production actuelle d’électricité éolienne ne couvre que 10% de la demande européenne en électricité.
Ces chiffres masquent toutefois de fortes disparités entre les différents pays membres de l’UE. En 2030 l’Allemagne se posera en leader européen de l’énergie éolienne avec une capacité installée de 80 GW pour 195 TWh d’électricité produite, selon les projections de l’EWEA. Le Royaume-Uni, avec un ratio de 3 GWh par MW largement supérieur à celui de l’Allemagne et qui s’explique par les conditions climatiques plus favorables à l’exploitation de l’éolien, n’arriverait qu’en deuxième position avec 120 TWh de production pour 40 GW de capacité installée. La France n’arriverait qu’en quatrième position derrière l’Espagne.
D’un point de vue plus économique, ce scénario médian prévoit la création de 334 000 emplois directement et indirectement liés au développement de l’activité éolienne en Europe. Les 96 000 turbines qui devront être installées représenteront entre 474 et 534 milliards d’euros pour le PIB européen et permettront une diminution des émissions de dioxyde de carbone de 436 millions de tonnes. Le bilan est donc tout à fait positif.
Une croissance certes, mais également quelques incertitudes
Si les chiffres prévus par l’EWEA et annoncés en première partie de cet article sont encourageants, ils sont néanmoins le fruit d’une réévaluation à la baisse de l’EWEA. En effet, l’organisme prévoyait à l’origine, à la suite des différentes déclarations des politiques européens dans le cadre de la COP21, une électricité d’origine éolienne à hauteur de 30% de la demande européenne en 2030, au lieu des 24,4% dont on parle aujourd’hui.Ce recul représente une diminution de 20% de la croissance du parc éolien européen initialement prévue.
Ces modifications dans les projections de l’EWEA pour l’énergie éolienne font suite à une décision de l’Union Européenne de réformer son système d’échange de droit d’émissions et le marché de l’électricité, ainsi que de revoir les objectifs présentés pour les énergies renouvelables. Plus particulièrement, les politiques européens souhaitent maintenant orienter davantage leurs efforts vers la sécurité de l’approvisionnement électrique, ce dont pourrait pâtir les énergies renouvelables dont l’éolien.
Or, le secteur éolien a besoin d’un cadre politique défini et claire pour rassurer les investisseurs. Sans pour autant être inquiète, l’EWEA met en garde les dirigeants européens sur la nécessité de mettre en place un tel cadre pour ne pas subir un retard dans le domaine des énergies renouvelables. D’autant plus que certains marchés émergents ont d’ores et déjà compris l’importance d’un tel secteur et risquent de prendre de l’avance sur l’UE si la politique européenne ne s’éclaircit pas.
Crédit photo : Joshua Winchell
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