Sur terre comme en mer, le secteur de l’éolien se développe depuis plusieurs années. A moyen terme, cette source d’énergie renouvelable devrait constituer une composante importante du mix électrique français. Et si aucun aérogénérateur marin n’a encore été érigé au large des côtes hexagonales, le gouvernement s’est fixé un objectif de 6.000 MW de capacités éoliennes en mer (offshore) d’ici 2020. Une ambition partagée par les industriels, qui s’emploient à développer des solutions innovantes et performantes.
Éolien posé : un mât de mesure novateur au large de Fécamp
Le projet éolien de Fécamp (Haute-Normandie) a été attribué en 2012 à un consortium piloté par EDF Énergies Nouvelles et le danois Dong Energy, à la suite d’un appel d’offres lancé par l’État. Ce parc sera doté de 83 éoliennes de type Haliade 150, fabriquées par Alstom, d’une puissance unitaire de 6 MW, pour une capacité totale de 498 MW.
Implanté au large des côtes normandes, le parc éolien de Fécamp pourra produire suffisamment d’électricité pour alimenter 770.000 personnes, soit environ 60% des habitants du département de Seine-Maritime. Il devrait entrer en service en 2018.
Samedi 7 février, le coup d’envoi de l’installation du parc éolien offshore a été donné, avec le positionnement d’un mât de mesure, qui permettra à EDF Énergies Nouvelles de connaître et d’étudier de manière optimale des données aussi diverses et variées que la force des courants, la hauteur des vagues, la température de l’eau et de l’air, ou encore la direction et la vitesse du vent.
Construite par Eiffage au Havre en 2014 et baptisée « Cranefree Gravity », cette structure de 1.800 tonnes et de 90 mètres de haut (dont 40 immergés) a été installée à 13 kilomètres des côtes par beau temps, comme l’explique EDF Energies Nouvelles : « à la différence de toutes les fondations gravitaires installées jusqu’à présent dans l’éolien en mer, le modèle développé par le mât de mesures est conçu pour flotter depuis son site de construction au Havre jusqu’à son site d’installation au large de Fécamp ». Puis, une fois positionné, le mât a été lesté par de l’eau, permettant ensuite une descente contrôlée sur le fond marin.
Eolien flottant : un prototype qui permet de contrôler les mouvements de la houle
Si, pour l’heure, les appels d’offres ont concerné des parcs éoliens dit « posés » (à Fécamp, mais aussi à Courseulles-sur-Mer, à Saint-Nazaire, à Saint-Brieuc, au Tréport et à l’île d’Yeu), l’éolien offshore « flottant » est amené à se développer également dans les années à venir.
La différence réside dans les caractéristiques des fonds marins où sont implantés ces différents modèles d’éoliennes. Par exemple, en Méditerranée, le plancher marin plonge rapidement – contrairement à la Manche, où la profondeur reste la même à plusieurs kilomètres des côtes -, empêchant l’installation d’éoliennes offshore sur fondations (« posées »). Ainsi, les deux premiers prototypes d’éoliennes flottantes devraient être testées au niveau du pourtour méditerranéen, au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône, dès 2015.
L’inconvénient est que, dans l’ensemble, l’éolien offshore demeure plus onéreux à produire que les traditionnelles éoliennes terrestres. Situées en mer, les éoliennes sont plus grandes, plus difficiles à entretenir, et elles doivent être plus résistantes. Cependant, elles peuvent produire jusqu’à 60% d’électricité en plus que les éoliennes terrestres, car en mer les vents sont plus puissants et plus réguliers que sur terre.
Pour diviser par deux le prix de l’éolien offshore, Ideol, une jeune start-up française spécialisée dans le flottant, a mis au point un prototype reposant sur un système baptisé Damping Pool qui permet de contrôler les mouvements de la houle. Il s’agit d’un flotteur en forme d’anneau, laissant apparaître un puits central, dont le dimensionnement est calculé pour absorber les fréquences de ballottement de l’eau à l’intérieur : « ce mécanisme hydrodynamique est suffisamment performant pour pouvoir installer nos barges même dans les zones cycloniques », assure Paul de la Guérivière, le président d’Ideal.
Une solution performante qui pourrait s’imposer à moyen et à long termes sur l’un des marchés les plus prometteurs de la transition énergétique. Pour la seule Méditerranée, par exemple, les estimations font état d’un potentiel de 3 milliards d’euros d’ici 2030, à raison d’un million d’euros pour chaque MW installé.
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