Le charbon, une énergie du passé ? Pas si sûr. A l’horizon 2020, cette énergie fossile devrait devenir la première source mondiale, d’après les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie. Cette croissance est soutenue, notamment, par la forte demande des pays émergents qui ont besoin d’une énergie bon marché pour se développer. Or, pour limiter les émissions de CO2 dans les décennies à venir, il s’agit de trouver des alternatives décarbonées ou des moyens de moderniser les actuelles centrales thermiques. Le captage et le stockage du CO2 pourrait y contribuer.
Les traditionnelles techniques de captage du CO2
Le captage de carbone est une technique qui permet de collecter et de stocker le CO2 rejeté par les centrales électriques. L’objectif ? Réduire les émissions globales. Pour l’heure, il existe deux méthodes : la première utilise des liquides qui absorbent le CO2, la seconde des solides poreux qui collent au CO2.
La première méthode, la plus utilisée à ce jour, nécessite des solutions liquides d’amines qui absorbent le CO2 dans l’atmosphère. Le système utilise deux colonnes : une pour capturer le CO2, l’autre pour le libérer du liquide. Mais le procédé, baptisé régénération, est énergivore dans la mesure où le CO2 s’attache si fortement aux molécules amines qu’il est nécessaire, pour pouvoir les séparer, de les bouillir.
La seconde méthode utilise quant à elle des matériaux solides. Si son coût est moins élevé que celui de la précédente technique, elle implique le transport des matériaux solides en question, ce qui n’est pas sans poser des problèmes en matière d’ingénierie et de logistique. Berend Smit, directeur du Centre de l’énergie de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) explique ainsi que transporter ces matériaux « équivaut à marcher avec une assiette pleine de talc : difficile de ne pas en mettre partout ».
Une nouvelle méthode, plus efficiente, à base de boue
Pour rendre plus efficiente la technique dite du captage de CO2, l’EPFL, en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Californie et de deux universités chinoises, ont combiné les deux solutions précédentes – solides et liquides – pour créer une boue à la fois plus efficace et plus rentable.
Publiés dans la revue scientifique « Nature Communications« , les travaux font état d’une substance composée d’une poudre poreuse en suspension dans du glychol. « Les pores des substances requises pour l’absorption sont trop larges et le liquide environnant les remplirait et les empêcherait de capturer le CO2, explique Berend Smit. Nous avons donc cherché un matériau, le ZIF-8, dont les pores sont trop petits pour les molécules de glycol, mais assez grands pour capter celles du CO2 issu des gaz de combustion ».
Aujourd’hui, les chercheurs souhaitent tester leur mélange ZIF-8/glychol sur le terrain, avant d’envisager une éventuelle application de leur procédé à l’échelle industrielle. Celui-ci, s’il s’avère vraiment plus rentable et plus efficace sur le plan énergétique, pourrait véritablement révolutionner le captage du carbone dans les années à venir.
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