Centrales nucléaires flottantes: une filière d'avenir en Russie.... et en Asie ? - L'EnerGeek

Centrales nucléaires flottantes: une filière d’avenir en Russie…. et en Asie ?

Centrales_nucléaires_flottantes_russieLa société russe Rusatom Overseas, membre du groupe nucléaire public Rosatom, et la société chinoise CNNC New Energy ont signé le mardi 29 juillet dernier un mémorandum d’intention sur la construction des centrales nucléaires flottantes. S’il ne s’agit pour le moment que d’un groupe de travail conjoint russo-chinois sans véritable projet concret définis à court terme, cette nouvelle coopération laisse présager d’un développement accru de cette technologie sur le continent asiatique. Une technologie nucléaire annoncée comme plus sûr et moins coûteuse et vers laquelle la Russie s’est orientée depuis 2007 et le début du chantier de construction de la première centrale nucléaire flottante au plan international.

[stextbox id=”info”]La Russie et le premier prototype de centrale nucléaire flottante[/stextbox]

La société publique chinoise CNNC New Energy qui gère déjà le financement, la construction et l’exploitation des petits réacteurs nucléaires en Chine renforce par cet accord les chances d’un éventuel partenariat sur la construction future de stations nucléaires flottantes. La compagnie chinoise souhaiterait en effet se doter de plusieurs centrales de ce type et la Russie semble détenir à ce jour une réelle avance en la matière.

Baptisée Akademic Lomonosov, la première centrale nucléaire flottante russe mise en œuvre par la compagnie Rosatom est un navire de 144 mètres de long pour 30 mètres de large. Conçue comme une barge fixée le long du rivage, elle s’oppose en cela au modèle développé par les chercheurs américains du MIT (Massachusetts Institute of Technology) dont le projet concerne des centrales flottantes au large.

En chantier depuis 2007 pour un coût de six milliards de roubles (125 millions d’euros), la station nucléaire flottante russe est de faible capacité mais très facilement manœuvrable. Remorquable, elle pourra être installée en fonction des besoins, à proximité d’une ville ou d’un secteur industriel. Sa mise en service est actuellement prévue pour 2016 dans les régions nord-est du pays, souffrant d’un manque d’énergie récurrent.

Le navire sera équipé de deux réacteurs KLT-40 de propulsion navale et pourra ainsi fournir jusqu’à 70 MW d’électricité et 300 MW de chaleur, soit l’équivalent des besoins d’environ 200.000  habitants. Il offrira aussi la possibilité d’être employé comme usine de dessalement produisant 240.000 mètres cubes d’eau douce par jour.

[stextbox id=”info”]Une technologie adaptée aux spécificités du marché asiatique[/stextbox]

Ainsi, comme l’a réaffirmé Djomart Aliev, directeur général de Rusatom Overseas, “les centrales nucléaires flottantes ont un grand potentiel. Une centrale flottante peut être dotée d’un moteur ou être remorquée. On peut la connecter à l’infrastructure côtière ou l’amarrer près d’un site qui a besoin d’énergie.  Les centrales nucléaires flottantes peuvent assurer les besoins des localités à accès difficile situées au Grand Nord ou en Extrême-Orient, mais aussi des grands sites industriels comme des plateformes pétrolières”.

Et en effet, les centrales nucléaires flottantes semblent avoir un grand potentiel de développement sur le continent asiatique et la Russie ne s’y est pas trompée. Alors même que ces relations avec l’occident de tendent encore un peu plus, la Russie se tourne désormais vers l’Asie afin de diversifier son économie. Et la nouvelle technologie nucléaire en mer devrait y jouer un rôle prépondérant dans l’avenir.

La Chine bien sûr mais également l’ensemble des pays asiatiques présentent des caractéristiques très favorables au développement de cette technologie. Les risques élevés de tremblements de terre ou de tsunamis dans ces régions et les besoins croissants en énergie de ces populations pourraient les convaincre d’opter pour une énergie moins polluante que les énergies fossiles mais surtout plus sécurisée que les centrales nucléaires terrestres.

Les centrales nucléaires flottantes apparaissent ainsi beaucoup plus sûrs en cas de catastrophes naturelles. Séismes ou tsunamis n’auraient que peu d’effets sur une structure flottante et en cas d’accident ou d’attaque, car le noyau sera déjà immergé dans l’eau de mer, assurant un refroidissement immédiat. Autre avantage en cas d’arrêt du dispositif, la centrale pourra être remorquée vers le chantier spécialisé d’origine afin de procéder au démantèlement, protégeant ainsi le site hôte de toute contamination sur le long terme.

Ajoutés à la Chine, d’autres pays comme l’Indonésie, la Malaisie ou encore l’Argentine ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour ce type d’installations.

Crédits photo : Okbm

Rédigé par : La Rédaction

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COMMENTAIRES

  • Ils sont fous ! L’Asie et le Pacifique connaissent les plus gros phénomènes naturels dévastateurs tels que tremblements de terre, ouragans et tsunamis. Ne me faites pas croire que ces simples bateaux nucléaires seraient à l’abri de phénomènes aussi violents.
    J’imagine déjà ce bateau nucléaire emmené par un tsunami à l’intérieur des terres, se disloquant et dépendant quelques tonnes de radionucléides dans l’environnement !
    De plus la dissémination de ces petites centrales signifie mathématiquement risque accru de fuites et plus grande aspersion de l’entourage.
    Nos ingénieurs unis à des financiers sans vergogne sont des apprentis sorciers capables du pire !

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    • La couche d’eau qui recouvre la Terre est encore plus mince que la couche d’air. Ces couches sont comparables à la coquille d’un oeuf qui serait la réduction à l’échelle de notre planète. Les courants transocéaniques sont puissants et font quasiment les vases communicants entre Pacifique et Atlantique.
      Dans ces conditions, toute pollution est très vite dispersée, même pour une génération humaine.
      Enfin faut il rappeler que la production d’électricité par le nucléaire est inférieure à 7%; dans ces conditions, se passer de nucléaire est tout à fait faisable ! De plus les énergies renouvelables permettent d’espérer une production sans épuiser de stock et sans déchets éternels. Enfin le couplage de l’éolien avec la remontée d’eau dans les barrages hydrauliques, assure une continuité de la fourniture d’électricité même lors de rares et brèves accalmies du vent.
      A noter que même Areva (nucléaire) ou gdf Suez (hydrocarbures) investissent fortement dans l’éolien, preuve que le nucléaire ou les hydrocarbures ne sont plus l’avenir !

      Répondre
      • D’où tenez-vous l’information que les “accalmies de vent” sont rares et brèves ?
        Pour juger que les capacités de pompage des barrages (ce que vous dénommez “remontée d’eau dans les barrages”) sont suffisantes, il faut connaître précisément la distribution des durées où la production éolienne est réduite.
        De plus, la puissance fournie par une éolienne est, en gros, proportionnelle au cube de la vitesse du vent (jusqu’à une vitesse max où l’éolienne se met en “rideau” pour se protéger contre les risques de ruine). Donc la question de la puissance totale fournie par un parc éolien ne se limite pas aux phases où le vent est nul…

        Répondre
  • Sur une année, 8760 heures, une éolienne tourne à sa puissance nominale environ 20 à 25% du temps; elle tourne globalement mais parfois à vitesse très réduite et donc avec faible production électrique plus de 80% du temps. Les éoliennes industrielles tournent pour des vents variant de 11 à 90 km/h. Grâce à la Météo les prévisions de vent et donc de production éolienne sont bien connues, ce qui permet d’anticiper leur arrêt (par manque ou trop de vent) et leur redémarrage. Bien que la puissance totale installée en France soit encore faible la production éolienne peut déjà égaler la production nucléaire lors de périodes très ventées. On est parfois obligé d’arrêter des éoliennes en cas de surproduction parce que les techniques de stockage et de redistribution ne sont pas assez déployées. La France a la chance d’avoir plusieurs régimes de vent ce qui permet un foisonnement important de la production éolienne. Cela est encore plus vrai pour l’Europe mais génère des problèmes de transport d’énergie électrique à distance non maitrisés ou couteux.
    Bref, si on a la volonté de déployer et de localiser au maximum les éoliennes celles-ci sont tout à fait capables de produire toute l’électricité dont on a besoin. Néanmoins, mixer avec d’autres sources d’énergie est plus judicieux sauf avec le nucléaire dont la ressource en uranium s’épuise, dont les déchets sont difficiles et chers à gérer/stocker, dont le risque d’accident grave n’est pas négligeable, on le sait bien maintenant. D’ailleurs à cet égard la France est le pays qui a 80% de chance d’avoir un accident nucléaire grave du fait du nombre des réacteurs, du fait du grand âge de ceux-ci (plus de 25 ans), du fait d’une maintenance externalisée avec perte de connaissance, du fait des phénomènes climatiques qui peuvent endommager la source froide (rivières, océans) nécessaire au refroidissement de la centrale et des réacteurs nucléaires en cas de besoin.
    La technologie nucléaire (la grosse bouilloire chaude et la source froide de la machine de Carnot) sont obsolètes surtout par rapport à la technologie éolienne qui peut encore largement progresser.

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