Ce rapprochement a tout pour surprendre. Il est d’abord question d’un accord préliminaire entre les États-Unis et L’Iran, alors même qu’en 2012 l’Europe et les États-Unis avaient conjointement imposé un lourd embargo sur le pays, entre autres dans les secteurs énergétiques et bancaires. Plus étonnant encore, l’accord a trait à l’énergie sans que les mots « nucléaire » ou « sanction économique » ne soient prononcés. Le projet américano-iranien a en fait pour objectif de transformer les ordures en électricité.
L’entreprise californienne World Eco Energy a dévoilé le 5 juillet 2014 avoir signé un accord visant à construire une centrale recyclant les ordures ménagères en électricité, suivant la technique de la combustion de biomasse. Les financements devraient s’élever à 1,175 milliard de dollars pour la firme américaine, et la même somme du côté iranien.
La centrale sera située dans la province de Chaharmahal-Bakhtiari, au sud ouest du pays et devrait créer de 600 à 700 emplois dans la région, occupés à 80% par des employés originaires de la province selon l’entreprise iranienne. Ces installations disposeront à terme d”une capacité de production de 250 MW. Le début des travaux est à prévoir en septembre 2014 d’après les signataires.
Ce partenariat incarne le dégel qui marque la période charnière actuelle concernant les négociations relatives au nucléaire iranien. La conversation téléphonique entre Hassan Rohani et Barack Obama avait ouvert ce lent phénomène de normalisation des relations diplomatiques, mais, comme toujours pour pérenniser un rapprochement politique, la mise en place d’interdépendances économiques est d’une efficacité redoutable.
De plus, en offrant à l’Iran des solutions énergétiques, les États-Unis essaient peut-être de rendre caduc l’argument avancé par les autorités iraniennes du « nucléaire civil », auquel ils ne croient pas. Il s’agit aussi de faire bonne figure alors que les négociations entre l’Iran et le groupe des grandes puissances 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie + Allemagne) sont entrées dans leur dernière phase le 3 juillet 2014.
L’objectif ? Atteindre un accord suffisant pour garantir l’arrêt de la volonté iranienne de développer du nucléaire militaire. Ces tractations doivent aboutir d’ici le 20 juillet 2014. En cas de succès, les sanctions qui asphyxient économiquement la république islamique seront levées par les autorités américaines et européennes.
Comme quoi la combustion de déchets et l’énergie peuvent rapprocher les peuples.
Crédits photo : U.S. Department of State from United States