Confronté à un réel problème de stockage des eaux contaminées sur le site de la centrale de Fukushima accidentée en 2011, l’opérateur Tepco devrait lancer dès le mois de juin prochain, un vaste projet de canalisations destiné à bloquer la contamination des eaux extérieurs par le gel du sous-sol. Ce « mur de glace » souterrain qui a reçu ce lundi 26 mai l’aval de l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, apparaît aujourd’hui comme la seule alternative pour éviter le rejet d’eau contaminée dans l’océan.
[stextbox id= »info »]Limiter la contamination des eaux de passage[/stextbox]
Comme le précise la dernière note d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN), publiée le 23 mai dernier, «les quantités d’eaux radioactives à entreposer sur le site continuent de croître (un volume de l’ordre de 800.000 m3 est attendu à fin 2015) alors que les installations de traitement ne fonctionnent toujours pas de manière fiable».
Et en effet, près de 435.000 mètres cubes d’eau contaminée sont actuellement stockés dans plus d’un millier de gigantesques réservoirs montés sur le site de la centrale depuis 2011 et Tepco continue d’en installer entre 20 et 40 par mois pour tenter de suivre le rythme du flux continu de liquide radioactif provenant des sous-sols du site et des arrosages permanents des réacteurs endommagés.
Si le groupe nucléaire japonais espère être autorisé dans l’avenir à reverser les eaux traitées dans l’océan, l’état actuel des technologies ne permet pas une purification de l’eau suffisante et la communauté internationale a fortement exprimé ses inquiétudes compte tenu des risques de pollution qui pèsent sur l’océan pacifique voisin. En effet, alors que les eaux radioactives contiennent du césium, du strontium, du tritium ainsi que d’autres éléments radioactifs, les méthodes de décontamination pratiquées ne permettent qu’un nettoyage partiel. La présence de tritium par exemple est quasiment inévitable.
Dans ce cadre, et pour éviter une contamination toujours plus importante, l’énergéticien japonais a entrepris de pomper les eaux ruisselantes des collines en amont des réacteurs, c’est-à-dire, avant qu’elles ne s’écoulent sous le périmètre contaminé, pour les reverser ensuite dans l’océan. Mais cette solution ne permet de traiter qu’une centaine de tonnes d’eau par jour et Tepco ne peut plus aujourd’hui assumer les quantités d’eau à stocker.
[stextbox id= »info »]Un réseau de canalisations souterraines[/stextbox]
Le projet validé cette semaine par l’Autorité de sûreté nucléaire japonaise et financé par le gouvernement à hauteur de 360 millions d’euros devrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2015 et permettre de limiter les risques. Il consiste principalement dans la mise en place d’un réseau de puits et de pipelines de près de 1500 mètres de longueur dans le sous-sol encerclant ainsi le site de la centrale de Fukushina-Daiishi.
Placé à plus de 30 mètres de profondeur, ces canalisations seront remplies de liquide réfrigérant entre –30 °C et –40 °C et feront baisser la température dans les poches d’air du sol afin de geler tout futur liquide tentant de s’y infiltrer. Créant une véritable barrière de glace, ce dispositif devrait permettre d’empêcher l’eau propre de la nappe phréatique d’entrer dans la centrale et l’eau chargée en particules radioactives de se déverser dans l’océan. Les écoulements souterrains n’auront alors pas d’autres choix que de contourner le périmètre accidenté, évitant le mélange des eaux saines avec les eaux de traitement contaminées et limitant ainsi l’accumulation d’eau contaminée sur la centrale de Fukushima.
Si cette technique du mur de glace semble prometteuse et devrait permettre à l’opérateur japonais de gagner un temps précieux pour le traitement des eaux contaminées, elle n’a jusqu’à aujourd’hui jamais été testée à une si grande échelle.
Crédits photo : IAEA
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