Avec l’émergence des nouveaux pays industriels, la compétition mondiale s’intensifie, et les coûts énergétiques deviennent au cœur de la stratégie des Etats. Parmi les options discutées, le nucléaire un temps stigmatisé par certains, continue de susciter l’intérêt des pays voulant minimiser l’impact de la hausse des prix de l’énergie. Tandis que la France tergiverse, l’Afrique ambitionne de s’équiper d’installations nucléaires civiles pour répondre aux nouveaux besoin de la population. Dans ce contexte, les spécialistes et les politiques comme Jean-Yves Ollivier ou Jean-Pierre Chevènement, s’interrogent ; la course à l’uranium est-elle vraiment lancée ?
Alors que le projet de loi sur la transition énergétique se précise, la question du nucléaire revient avec de plus en plus d’insistance en France. Il y a quelques jours, c’est le journal Les Echos qui titrait « le gouvernement lève le tabou de la fermeture des centrales ». En s’appuyant sur les déclarations du directeur général de l’énergie et du climat (DGEC), Laurent Michel, la journaliste, Véronique Le Billon souligne « d’autres facteurs que l’offre et la demande d’électricité interviendront toutefois pour établir les choix du mix énergétique (…) parmi lesquels la sécurité d’approvisionnement ».
Ces préoccupations concernent-elles vraiment l’industrie nucléaire, ou simplement les énergies fossiles ? Dans son livre Ni vu ni connu, récemment paru aux éditions Fayard, Jean-Yves Ollivier rappelle que « la France a longtemps « reçu » son uranium à un prix politique compensant en partie son « aide », qui pouvait aussi être considérée comme une subvention à un approvisionnement stable et garanti ». Toutefois, Le Monde nous informait le 25 mars dernier, «Areva peine à renouveler ses contrats au Niger ». Sans inquiétude, Luc Oursel (Président du directoire d’Areva) précise que le minerai exploité en France provient désormais davantage du Kazakhstan et du Canada que de cette région du monde…
Cependant, il faut prendre en compte la transformation du continent africain. Comme le rappelait le site L’Economiste, la population du continent représentera 4 des 10 milliards d’habitants de la Terre à la fin de ce siècle, parallèlement, « la demande en énergie devrait donc augmenter de 90% d’ici à 2035 ». C’est dans ce contexte que s’est réuni le Congrès de l’industrie du nucléaire en Afrique 2014. En effet, pour « le physicien Kelvin Kemm de Nuclear Africa, il est clair que de toutes les sources d’énergie, le nucléaire s’est avéré le plus sûr ». Des tensions sur le marché de l’uranium, sur le plan de la demande, doivent-elles donc être envisagées pour les prochaines décennies ?
Si le gouvernement français a toujours l’intention de conserver « au minimum » 50% de sa production électrique d’origine nucléaire, les approvisionnements en uranium seront une question importante pour les années à venir. Pourtant, le progrès technique et la créativité des ingénieurs, du CEA, du CERN, et d’EDF ouvrent d’intéressantes perspectives. Lors de son intervention au Sénat le 25 février, Jean-Pierre Chevènement invitait les responsables politiques à « pousser les feux du projet Astrid, c’est-à-dire du réacteur de quatrième génération dont l’entrée en service industrielle n’interviendra sans doute pas avant 2040. Ce type de réacteur utilisant l’uranium 238, cent fois plus abondant que l’uranium 235, et réduisant très sensiblement les déchets à vie longue, serait une contribution majeure à un « mix énergétique » équilibré et extrêmement décarbonné ».
Crédits photo : MariannedeWit
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