Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, a annoncé mardi 22 octobre, à l’occasion du colloque annuel de l’Union Française de l’Électricité (UFE), l’organisation prochaine d’une grande concertation stratégique sur les opportunités du développement de l’autoconsommation, notamment dans le secteur de l’énergie solaire. Cette réflexion pourrait figurer dans la future loi sur la transition énergétique.
Bois, méthane, soleil, vent, eau… Toutes ces ressources disponibles naturellement dans l’environnement qui nous entoure sont en mesure de fournir, aux particuliers comme aux entreprises, une énergie (mécanique, thermique ou électrique) autoproduite et consommée à l’échelle d’un habitat, d’un quartier, d’un îlot urbain ou industriel. Si l’autoconsommation semble majoritairement faire consensus auprès des acteurs du secteur énergétique, est-elle pour autant une solution adaptée aux besoins de notre société?
[stextbox id= »info »]Pour les particuliers…[/stextbox]
Grâce à des tarifs d’achats de l’électricité renouvelable autoproduite très intéressants, les particuliers qui génèrent actuellement de l’énergie ont plutôt tendance à réinjecter leur production sur le réseau d’EDF : il s’avère en effet plus rentable de revendre à un prix attractif l’électricité autoproduite pour, ensuite, consommer de l’électricité au prix du marché de détail.
Toutefois, si la question ne se pose pour l’instant pas en France, certains experts du Syndicat des Energies Renouvelables estiment que l’autoconsommation est une solution qui n’est pas forcément pertinente à l’échelle d’une maison individuelle en raison du décalage qui existe entre le moment de la production (la journée pour du solaire) et le moment de la consommation (le soir). Seules solutions : des systèmes de gestion de la consommation ou des solutions de stockage adaptées. Des technologies qui ne sont pas encore assez mûres.
[stextbox id= »info »]… et les professionnels, tout est question de rentabilité[/stextbox]
L’autoconsommation est en revanche une solution beaucoup plus adaptée à l’échelle d’une usine ou d’un centre commercial. Une installation solaire permet par exemple une synchronisation quasi-parfaite entre les moments de production d’électricité (lumière, climatisation, chauffage) et l’activité d’une structure (où l’activité est souvent diurne). Il s’agit aujourd’hui d’un des rares cas où l’autoconsommation est rentable.
Si aucun chiffre officiel ne permet de le vérifier, les pouvoirs publics allemands estiment que l’autoconsommation représente actuellement 10% de la consommation d’électricité. Un phénomène dont le secteur de l’automobile semble particulièrement friand. A l’instar de Volkswagen et de son usine de Wolfsburg, BMW a installé en septembre dernier quatre éoliennes sur son site de Leipzig. D’autres, comme le manufacturier ContiTech et sa centrale à gaz, développent même leurs propres infrastructures.
[stextbox id= »info »]Quand le générateur des uns, fait le malheur des autres[/stextbox]
Toutefois un des principaux dangers de l’autoconsommation, qui plus est dans une société comme la nôtre, reste le phénomène de « désolidarisation » qu’elle sous-entend. En particulier à l’heure où le prix de l’électricité est amené à augmenter et où les lois prévoient une place de plus en plus importante aux bâtiments à énergie positive.
En effet, une réduction des flux d’électricité qui transitent sur les réseaux entraîneraient une baisse des revenus pour les sociétés de distribution. Et donc une augmentation du coût d’entretien de ces réseaux. Un recours massif à l’autoconsommation présente ainsi le risque d’entraîner une augmentation du prix à payer pour les utilisateurs du réseau national.
Le sujet pose ainsi différents dilemmes aux gouvernements européens. Si l’Espagne est actuellement en plein débat à propos de l’autoconsommation, l’Allemagne l’encourage depuis plusieurs années. En ce qui concerne la France, le sujet a été évoqué par le Président lors d’un discours sur la transition énergétique. Alors que la question est encore en suspens, certains fabricants se sont déjà engagés sur cette voie et proposent des solutions combinées (capteurs solaires et pompe à chaleur, chauffe-eau thermodynamique…).
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