UE : 8 pays européens plaident pour le soutien à l'énergie nucléaire - L'EnerGeek

UE : 8 pays européens plaident pour le soutien à l’énergie nucléaire

hinkley_pointLa France et sept autres pays européens (le Royaume-Uni, la Roumanie, la Pologne, la République tchèque, la Lituanie, la Slovénie et la Slovaquie) ont appelé dans une lettre ouverte adressée à la Commission européenne à une plus grande souplesse des aides publiques accordées à la filière nucléaire. Une réponse aux attaques récemment lancées par l’Allemagne et l’Autriche sur le dossier de la centrale britannique EPR d’Hinkley Point dont le financement de la construction reposera sur “le contrat à la différence” (un système d’aides publiques mis au point par Londres).

Emmenée par la Roumanie, cette coalition estime que la filière devrait bénéficier, au même titre que les énergies renouvelables, de subventions européennes pour la recherche, l’innovation et le financement de nouveaux projets. Mais plus que de simples aides publiques, ces pays expriment ici leur souhait de voir l’énergie nucléaire reconsidérée par l’Europe et reconnue enfin comme une énergie décarbonée indispensable à la lutte contre le changement climatique.

Il est vital que la communication à venir sur une Union de l’énergie réaffirme le rôle important que l’énergie nucléaire, les énergies renouvelables, autres technologies sobres en carbone, et les progrès en matière d’efficacité énergétique, peuvent potentiellement jouer en Europe“, est-il précisé.

Justifiant leur démarche, les ministres de l’Energie des pays signataires soulignent ainsi que de nombreux pays européens ne seraient pas en mesure à ce jour de répondre aux objectifs climatiques imposés par l’UE sans le recours aux installations nucléaires existantes et à venir. Ils saluent ainsi l’approbation par la Commission du projet britannique qui constitue pour eux un premier pas vers une Europe du nucléaire plus responsable et plus durable.

Un sujet qui reste toutefois des plus sensibles au sein de l’UE. En validant le montage financier du projet EPR d’Hinkley Point et l’aide publique apportée au projet par le gouvernement britannique, la Commission européenne avait essuyé de nombreuses critiques du côté allemand et autrichien, deux pays fermement opposés aux mécanismes de soutien à l’énergie nucléaire.

En question ici, le système du contrat pour la différence mis en place par le Royaume-Uni et destiné à soutenir le développement des grands projets énergétiques décarbonés et à sécuriser les investissements nécessaires, estimés à plus de 20 milliards d’euros dans le cas du projet des 2 EPR d’Hinkley Point qui doit être mené par EDF. Un mécanisme qui s’apparenterait pour les gouvernements allemands et autrichien à une aide de l’Etat et donc à une distorsion de la concurrence.

Une accusation déjà rejetée à l’époque par l’ancien Président du Commissariat à la concurrence Joaquín Almunia, selon lequel les spécificités de ce projet ne permettent pas de faire jouer une pleine concurrence entre les opérateurs. “Pour un projet comme celui-ci, les coûts de préparation d’une soumission de projet sont si considérables qu’il semble presque impossible d’organiser un appel d’offres ouvert et transparent avec plusieurs soumissionnaires“, avait-il déclaré.

Crédits photo : EDF Energy

Rédigé par : livingston-thomas

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COMMENTAIRES

  • Soixante ans après la mise en service des premiers réacteurs nucléaires, ce secteur a encore besoin de subventions !

    Ce n’est vraiment pas une énergie d’avenir.

    De leur côté, l’éolien et le solaire engrangent les marchés, sans aucune subvention, dans un nombre croissant de pays, en étant moins cher que le charbon ou le gaz lors des appels d’offre.

    L’électricité solaire est moins chère qu’avec le gaz à Dubaï. Pourtant, le gaz ne manque pas sur place.

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  • A voir la vitesse à laquelle le nucléaire se développe, ce n’est pas lui qui va permettre de produire beaucoup d’électricité “sobre en carbone”. D’autant plus que la production d’électricité nucléaire est plutôt en recul dans le monde ces dernières années : 2.770 TWh en 2010 et 2.490 TWh en 2013.

    http://energeia.voila.net/electri2/electricite_nucleaire_renouvelable.htm

    Entre 2010 et 2013, en plus de l’hydraulique qui a progressé de 9%, les autres énergies renouvelables sont passées de 743 TWh à 1.234 TWh d’électricité, soit 66% de plus en trois ans.

    Avec 1.234 TWh, ces énergies renouvelables produisent autant que la moitié du nucléaire. Dépassement dans quelques années.

    Pas la peine de dépenser son argent pour du nucléaire hors de prix, dont l’EPR de Hinkley Point n’est qu’un exemple. Les autres réacteurs nouveaux ne font guère mieux.

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  • Gaspar…faites vous exprès d’omettre qu’entre 2010 et 2013 il y a eu Fukushima et que l’arrêt des réacteurs japonais y jouent pour beaucoup ?!

    cela explique la soit disant décroissance dont vuos parlez. Les porjets nucléaires sont en hausse, notamment en Chine (obligée d’y passer car ses énergies carbonées sont un fléau sanitaire.

    Aux USA le ralentissement est due au phénomène gaz de schiste….un fléau écologique également.

    Reste l’Allemagne qui doit gérer la fin du nucléaire….pour le moment c’est pas fameux, c’est remplacé par le lignite, fléau écologique et sanitaire également.

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  • Avant même Fukushima, le nucléaire était en déclin dans la proportion d’électricité produite dans le monde.

    En 2003, c’était 16,1% d’électricité nucléaire, en 2010 seulement 13,5%. Le nucléaire n’est pas près de retrouver ce pourcentage dans la production d’électricité.

    Les projets en hausse … avec les retards qui s’accumulent, y compris en Chine, quand verrons-nous ces réacteurs en service ?

    Au USA, ce sont aussi l’éolien et le solaire, selon les régions, qui mettent le nouveau nucléaire sur la touche.

    En Allemagne, le nucléaire est remplacé par les énergies renouvelables.

    http://energeia.voila.net/electri2/allemagne_nucle_charbon.htm

    Des statistiques valent mieux que du bavardage.

    Entre 2010 et 2014, 44 TWh de nucléaire en moins et 53 TWh de renouvelables en plus. Et aussi, 3 TWh de charbon et lignite en plus pour 34 TWh de gaz et pétrole en moins.

    En 2012-2013, comme dans les autres pays, le bas prix du charbon et le prix élevé du gaz ont entraîné un transfert temporaire de la production vers le moins cher.

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  • On voit pleinement l’idéologie Verte qui habitent les dirigeant allemands et autrichiens.
    Et leur mauvaise foi, à deux niveaux :
    – ils parlent de “distorsion de concurrence” créée par les subventions au nucléaire, alors qu’ils sont à l’origine des subventions aux EnR (solaire éolien), énergies intermittentes dont ils ne savent plus comment les gérer ! Sigmar Gabriel, vice chancelier allemand, a même qualifié de “folie” l’engagement de son pays dans ces EnR, qui les conduit dans une impasse !
    – leur objectif est donc de supprimer le nucléaire en Europe. Comme ils sont conscients que les EnR ne peuvent pas assurer les besoins des pays membres en raison de leurs coûts et surtout de leur intermittence, ils se replient sur le charbon : l’Allemagne et le premier pays pollueur d’Europe, et ça va en s’aggravant ! Savent-ils ce qu’est l’écologie, et qu’il et urgent de supprimer les émissions de GES ?
    Cette idéologie Verte, en partie dictée par des considérations électoralistes, risque d’être mortelle pour notre continent : car les Chinois et les Américains n’ont pas les mêmes états d’âme. Après avoir épuisé leurs ressources fossiles (y compris dans les schistes bitumineux) ils reviendront au nucléaire, et nous vendront des installations clefs en mains, que nous ne serons plus en mesure de construire par nous mêmes.

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