Alors que le gouvernement britannique annonçait au mois d’avril dernier l’application aux énergies renouvelables à partir de 2017, d’un nouveau mécanisme de soutien appelé « contrat pour la différence » censé remplacer les « Renewable Obligation Certificates » (ROC), le Département de l’Energie et du Changement climatique (DECC) a proposé cette semaine d’anticiper la mise en place de ce nouveau dispositif pour les centrales solaires de plus de 5 MW. Souhaitant ainsi éviter une augmentation des subventions accordées aux centrales solaires britanniques, toujours plus nombreuses, le gouvernement Cameron pourraient autoriser la suppression des ROC dès le 1er avril 2015.
Et en effet, le Royaume-Uni est en passe de devenir cette année le nouveau leader du marché de l’énergie photovoltaïque européen avec plus 2,8 GW de nouvelles installations prévus en 2014. 16 grandes centrales sont actuellement en cours d’installation tandis que des centaines de projets ont déjà été approuvés. Une évolution de la filière solaire sous-estimée par le gouvernement et qui fait craindre à juste titre, une augmentation importante des aides publiques et du même coup, de la facture des contribuables. Afin d’éviter un tel scénario, le DECC préconise aujourd’hui d’avancer la mise en place des contrats pour la différence.
[stextbox id= »info »]Un prix d’achat variable selon le prix du marché[/stextbox]
Si les énergies renouvelables connaissent outre-Manche un développement fulgurant avec notamment la validation par le gouvernement britannique de huit grands projets de parcs éoliens et de centrales électriques à biomasse d’ici 2020, le Royaume-Unis se démarque toutefois de la politique menée depuis peu par la Commission européenne.
Alors que l’Europe a annoncé sa volonté de mettre un terme aux tarifs de rachat dans le secteur des renouvelables, Londres a fait le choix quant à elle, d’accompagner et d’encadrer encore ce secteur. Le gouvernement a prévu pour cela la généralisation prochaine à l’ensemble de la filière du contrat pour la différence, un dispositif inédit de soutien partiel et qui remplacera le système des certificats verts (ROC), désormais bien trop coûteux pour l’État car ne tenant pas compte des éventuelles baisses des coûts de production ou du prix de l’électricité.
Plus concrètement, les producteurs d’énergie devront dans le cadre des contrats pour la différence, vendre l’électricité produite au prix du marché et cela même si ce prix diffère des coûts de production. L’État s’engage alors pour une période de 15 ans, à payer la différence si et seulement si le prix du marché est inférieur au coût de production. Dans le cas inverse, lorsque les prix de marché sont supérieurs au coût de production, ces aides publiques ne s’appliquent plus.
[stextbox id= »info »]Un mécanisme de soutien pour l’ensemble des énergies décarbonnées[/stextbox]
Appliqué à ce jour uniquement aux huit grands projets déjà évoqués plus haut, la mise en œuvre de ce nouveau dispositif pour l’ensemble des installations déjà en place devait attendre 2017. Toutefois, concernant les exploitations d’énergie solaire de plus de 5 MW, cette échéance pourrait être avancée à 2015, avant que le système ne soit finalement généralisé à l’ensemble des énergies décarbonnées.
Car si ce système était avant tout destiné à accompagner le développement des énergies renouvelables afin que Londres atteigne les objectifs fixés en matière de transition énergétique, à savoir que les EnR représentent au moins 30 % de la production globale d’énergie à l’horizon 2020, il participera également à encourager la réduction des émissions de CO2 dans sa globalité. Pour cela, le gouvernement britannique a donc prévu d’appliquer les contrats pour la différence à l’ensemble des énergies décarbonnées, énergies qui n’entraînent pas ou peu d’émissions de C02.
Selon ce principe, le nouveau tarif d’achat évolutif concerne alors la production d’énergie nucléaire au même titre que les énergies vertes que sont l’éolien ou le solaire. Le groupe français EDF qui est chargé de la construction de deux nouveaux réacteurs EPR sur le site nucléaire d’Hinkley Point, au Sud-ouest de l’Angleterre, bénéficie lui aussi de ce régime dérogatoire.
Signé entre le gouvernement britannique et l’ensemble des investisseurs dont les groupes EDF et Areva, le contrat pour la différence doit garantir ici un tarif de rachat de l’électricité sur une durée de 35 ans à compter de la mise en service de la centrale. Comme l’a souligné la Commission européenne dans un rapport préliminaire, « l’exploitant de la centrale nucléaire bénéficiera en bout de course d’un niveau fixe de recettes et, partant, ne sera pas exposé aux risques du marché pendant toute la durée du programme ».
Crédits photo : Mike Baker
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