La Commission européenne a validé ce mercredi 8 octobre le projet de centrale nucléaire d’Hinkley Point C. Elle aura donc suivi les recommandations du président du Commissariat à la concurrence, Joaquim Almunia, qui s’était prononcé il y a quelque semaines en faveur de la poursuite de ce projet. Une bonne nouvelle pour deux géants français de l’énergie, EDF et Areva, tout deux parties prenantes sur ce dossier.
“Cette décision est une avancée majeure vers la réalisation du projet […] et témoigne de la compétitivité de la technologie EPR développée par Areva, de sa réponse aux plus hautes exigences de sûreté et de sa capacité à conquérir des marchés à l’export” a déclaré Emmanuel Macron, ministre de l’Economie et du Numérique et soucieux de soutenir l’industrie française dans ce dossier.
Une décision également saluée par Henri Proglio, président du groupe EDF, et qui vient clore une longue procédure anti-trust engagée par la Commission européenne afin de vérifier qu’aucune distorsion à la concurrence n’était en jeu.
Comme la concrétisation de projet demandera des investissements considérables, EDF et ses co-investisseurs avaient en effet demandé quelques garanties de la part du gouvernement britannique, qui s’était alors engagé sur un prix d’achat garanti de l’électricité sur une période d’exploitation de 35 ans. Ce mécanisme de soutien ou “contrat pour la différence” appliqué au Royaume-Uni pour les nouvelles installations énergétique décarbonées, ne s’apparente pas à une aide de l’Etat, a tranché la Commission.
Il prévoit notamment la fixation d’un prix garanti par le gouvernement britannique pour l’achat de l’électricité produite indépendamment du prix du marché. Un tarif garanti établi ici à 92,50 livres sterling par mégawatt-heure sur une période 35 ans et qui impose donc au gouvernement britannique de verser la différence au groupe EDF tant que le prix du marché restera inférieur. Toutefois, si le prix du marché devait augmenter dans les années à venir et dépasser ce tarif d’achat garanti, l’aide publique ne sera alors plus nécessaire et EDF pourra simplement adapter son tarif.
Prochaine étape : le groupe EDF doit finaliser les accords d’investissement avec ses partenaires industriels et financiers, avant de prendre sa décision finale d’investissement.
Représentant un investissement d’environ 20 milliards d’euros, la construction d’Hinkley Point C doit être réalisée par le consortium emmené par EDF et regroupant les groupes chinois CGN et CNNC. Elle disposera de deux réacteurs EPR de 1.650 mégawatts et produira à partir de 2023 environ 7% des besoins en électricité de la Grande-Bretagne sur une période de 60 ans. Une électricité décarbonée précieuse pour un pays encore largement dépendant du charbon…
Crédits photo : Mark Robinson
COMMENTAIRES
Le tarif d’achat de 92,5£/MWh, c’était en 2012 et en monnaie de l’époque. En 2013, c’était déjà 95,3£/MWh, soit 114€/MWh au taux de change du moment.
http://energeia.voila.net/electri2/nucleaire_grande_bretagne.htm
En 2014, on arrive déjà à près de 97£/MWh, soit 122€/MWh au taux de change du jour. Et on n’est pas encore en 2023.
En Allemagne, le tarif d’achat pour une grande installation photovoltaïque récente est seulement de 88€/MWh. Pour une installation moyenne (40 à 500 MW) c’est 110€/MWh, toujours moins cher que le nucléaire anglais à Hinkley.
A noter qu’après 2010 l’utilisation du charbon a fortement augmenté en Grande-Bretagne pour la production d’électricité, pendant que l’utilisation du gaz diminuait d’autant.
Dans une proportion pire qu’en Allemagne. Pourtant, cela n’a eu aucun écho dans la presse française.