La Suisse commence à accuser un certain retard dans le développement des énergies renouvelables. Son mix énergétique reste encore très dépendant des énergies fossiles. La prise de conscience tarde à se traduire par des décisions concrètes.
La Suisse à la traîne dans les énergies renouvelables
La Fondation suisse de l’énergie (SES) vient de publier une étude qui fait tache dans le paysage helvétique : la Suisse se classe 22e sur 28 en Europe pour le développement de la production d’énergie solaire et éolienne. Et ce n’est pas tout. Comparée à ses huit voisins géographiques, elle n’échappe à la lanterne rouge qu’en devançant un seul d’entre eux. Loin des podiums verts, la Suisse affiche une part de 11,2 % d’électricité issue des nouvelles sources renouvelables dans sa consommation totale. Un chiffre famélique face à la moyenne européenne de 28,3 %, quasiment le triple. Le contraste est encore plus saisissant avec le Danemark, leader continental, qui couvre plus des trois quarts de sa consommation d’électricité grâce au solaire et à l’éolien.
Dans ce marasme général, le solaire suisse tente tant bien que mal de surnager : le pays gagne deux places et atteint la 11e position, avec une production estimée à 681 kilowattheures par habitant, soit 150 kWh de plus que l’année précédente, malgré un ensoleillement jugé défavorable.
Mais cette modeste embellie ne saurait masquer la déroute éolienne. La Suisse se retrouve 25e sur 28, avec une production de seulement 19 kilowattheures par habitant, quand la Suède culmine à 3 930 kWh et que les Pays-Bas dominent le solaire avec 1 206 kWh. En somme, le mix énergétique helvétique repose encore beaucoup trop sur des énergies fossiles.
Un potentiel gaspillé et une politique sous anesthésie
« Le potentiel de production d’électricité à partir d’énergie solaire et éolienne est certes en progression en Suisse, mais il est loin d’être épuisé », indique sans détour la SES dans son rapport. La fondation appelle à des efforts supplémentaires pour espérer atteindre les objectifs fixés par la loi sur l’électricité. En clair : l’heure n’est plus aux demi-mesures.
Mais alors, qu’est-ce qui bloque ? L’étude ne mâche pas ses mots : l’absence d’un accord sur l’électricité avec l’Union européenne est pointée du doigt comme un obstacle majeur. Sans coopération continentale, la Suisse reste coupée des synergies techniques et financières nécessaires à un déploiement rapide et efficace des renouvelables.
Et ce n’est pas tout. Sur les 28 pays analysés (les 27 de l’UE plus la Suisse), seuls six font pire : Malte, la Slovénie, la Roumanie, la République tchèque, la Lettonie et la Slovaquie. Des nations dont les contraintes historiques ou géographiques sont pourtant bien différentes de celles de la Suisse.