L’initiative « Ancient Environmental Genomics Initiative for Sustainability » (AEGIS) a entrepris une démarche novatrice en collectant des échantillons d’ADN végétal ancien à travers le monde. L’objectif ? Comparer ces échantillons millénaires avec l’ADN des plantes modernes pour comprendre les mécanismes d’adaptation mis en place par la nature au fil des millénaires.
Le professeur Eske Willerslev, généticien évolutionniste à la tête de cette recherche, explique : « En utilisant la modélisation des écosystèmes, nous pouvons identifier les combinaisons d’espèces qui ont conduit aux écosystèmes les plus durables par le passé. » Cette approche pourrait servir de blueprint pour créer des systèmes alimentaires résilients face aux changements climatiques.
Les premiers résultats sont particulièrement prometteurs. Le Dr Claus Felby, vice-président senior de la Fondation Novo Nordisk, s’enthousiasme : « Les résultats initiaux sont à couper le souffle. Nous avons découvert comment le riz s’est adapté à un climat beaucoup plus humide il y a environ 8 000 ans en Chine, et ce jusqu’au niveau du gène individuel. »
Des découvertes captivantes pour l’agriculture de demain
L’étude de l’ADN végétal ancien révèle des informations essentielles pour l’avenir de notre agriculture :
- Adaptation des plantes aux changements climatiques passés
- Évolution de la microbiologie des sols
- Mécanismes de résistance aux conditions extrêmes
Ces découvertes pourraient permettre une sélection végétale plus ciblée et rapide, tout en renforçant la résilience des cultures face aux conditions météorologiques extrêmes, telles que les sécheresses et les inondations, de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique.
Le projet AEGIS, soutenu par la Fondation Novo Nordisk et le Wellcome Trust à hauteur de 85 millions de dollars sur sept ans, ouvre des perspectives prometteuses pour l’agriculture du futur. Les chercheurs peuvent désormais étudier les changements d’ADN remontant jusqu’à 50 000 ans, voire des millions d’années pour certains échantillons.
Un enjeu crucial pour la sécurité alimentaire mondiale
L’importance de cette recherche ne saurait être sous-estimée. Par suite, six cultures principales – riz, blé, maïs, pomme de terre, soja et canne à sucre – représentent 75% de l’apport alimentaire végétal de l’humanité. Assurer la survie et l’adaptation de ces plantes est donc essentiel pour maintenir notre réseau d’approvisionnement alimentaire.
Le tableau suivant illustre l’importance de ces cultures dans notre alimentation :
Culture | Part dans l’alimentation mondiale |
---|---|
Riz | 20% |
Blé | 18% |
Maïs | 15% |
Pomme de terre | 10% |
Soja | 7% |
Canne à sucre | 5% |
Les méthodes agricoles modernes ont longtemps privilégié la sélection de caractéristiques comme les rendements élevés pour maximiser les profits et répondre aux exigences des grands distributeurs alimentaires. Toutefois, cette approche a peut-être entravé la capacité naturelle des plantes à s’adapter aux changements climatiques.
L’étude de la diversité génétique historique pourrait combler ces lacunes et nous aider à développer des cultures plus résistantes. Cette approche est d’autant plus cruciale que le réchauffement climatique menace également les zones humides, essentielles pour la régulation du climat et la biodiversité.
En s’inspirant des stratégies d’adaptation millénaires des plantes, les scientifiques espèrent créer des variétés capables de prospérer dans un monde en constante évolution. Cette révolution verte pourrait bien être la clé pour nourrir durablement une population mondiale croissante, tout en préservant notre planète pour les générations futures.