Production d’électricité renouvelable : la Côte d’Ivoire mise sur la biomasse - L'EnerGeek

Production d’électricité renouvelable : la Côte d’Ivoire mise sur la biomasse

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La Côte d’Ivoire est une, si ce n’est la grande puissance agricole d’Afrique de l’Ouest. A ce titre, elle dispose d’immenses réserves de déchets organiques, qu’elle souhaite valoriser via différents procédés, parmi lesquels la production d’électricité biomasse. Le pays s’est donc lancé dans la construction d’une immense centrale biomasse, qui deviendra, à son démarrage en 2025, la plus importante d’Afrique de l’Ouest. Un projet pertinent d’un point de vue énergétique, mais qui aura également d’importantes retombées économiques pour le pays.

Une énergie durable, et « de base »

Qualifier la Côte d’Ivoire de puissance agricole est un euphémisme. L’agriculture y représente 20% du PIB, fait travailler 50% de la population, et fournit la matière première à plus de 70% de l’industrie ivoirienne, essentiellement agroalimentaire. Essentiellement agroalimentaire, car seuls les produits de l’agriculture sont pour l’instant valorisés, tandis que les déchets, qui pourraient être utilisés par l’industrie énergétique, ne le sont pas, ou peu. Une ineptie écologique quand on sait les quantités amassées chaque année : 15 à 17 millions de tonnes de déchets organiques, voire 20 millions selon certains experts, dont le pays ne fait rien. Ou plutôt ne faisait rien, car différents projets sont en cours de développement pour valoriser ces déchets : production de biogaz, d’engrais et bien sûr d’électricité biomasse. Cette dernière est particulièrement prometteuse et repose sur les différentes cultures développées en Côte d’Ivoire ; l’anacarde (noix de cajou) et le cacao, pour lesquels le pays est premier producteur mondial, et le palmier à huile, dont la production est en plein essor.

Les cabosses de cacao et coques de cajou, par leur quantité, constituent donc une manne importante de déchets, mais ce sont les troncs et branches de palmiers à huile que la Côte d’Ivoire a choisi de valoriser en priorité. Plus faciles à exploiter et disponibles en grandes quantités, ces déchets alimenteront la première centrale biomasse que le pays est en train de construire dans la région de Toumanguié, à deux heures à l’est d’Abidjan. Avec un démarrage prévu pour novembre 2025 le site, dont le coût de construction s’élève à 237 millions d’euros, devrait fournir 46 mégawatts et alimenter environ 1,7 million de personnes en électricité. Celle-ci sera renouvelable, mais aussi « de base », c’est-à-dire qu’elle pourra fonctionner en continu, à l’inverse d’autres énergies renouvelables (solaire, éolienne), dépendantes des caprices du ciel. En effet, avec ce type de centrale, la matière utilisée est inépuisable, si bien qu’elle peut tourner sans interruption. « C’est une des rares énergies renouvelables qui soient pilotables. Vous pouvez décider de produire ou de ne pas produire, mais la centrale, elle, est censée fonctionner 24 heures sur 24, sept jours sur sept », explique Raphael Ruat, directeur de Biovea, l’entreprise responsable du projet.

Aubaine pour l’économie locale

Outre cette nouvelle source d’énergie, bienvenue dans un pays où 30 % de la population n’a toujours pas accès à l’électricité, ce type de centrales présente plusieurs autres intérêts pour les populations locales ; création d‘emplois et revenus supplémentaires, tout cela sans perte d’engrais. En matière d’emplois créés tout d’abord, 500 le seront pendant la phase de construction de la centrale, et plus de 1 000 le seront durant la phase d’exploitation. Ceux-là feront tourner la centrale, et exerceront toutes les tâches à l’extérieur de l’enceinte ; collecte des matières premières, transport, et évacuation des déchets.

Mais la centrale ne se contentera pas de créer de l’emploi, et apportera une nouvelle source de revenus aux travailleurs exerçant déjà. En effet, pour les quelque 12 000 exploitants contribuant au projet, fournir la matière première ne nécessitera pas de travail supplémentaire. « C’est juste un coup de machette, pour 10 à 15% de revenu supplémentaire » expliqueRaymond Tagouya, directeur agricole des plantations villageoises de la société Palmci. Celle-ci fournira 25% des déchets consommés par la centrale, en complément des 75% fournis par les 12 000 « petits planteurs ».« Quand on dit “petits planteurs”, on parle de superficies de cinq hectares en moyenne. En termes de lutte contre la pauvreté, cela va apporter un plus à ces communautés », insiste Raymond Tagouya. Et le plus beau ici est que personne ne sera lésé, pas même les petits producteurs qui comptaient sur ces déchets pour fertiliser leurs champs, puisque Biovea s’est engagée à leur retourner les cendres issues de la combustion des déchets sous forme d’engrais.

Enfin, le palmier à huile, considéré comme une espèce exotique envahissante dans de nombreux pays, n’est pas étranger à la Côte d’Ivoire, d’où il est originaire, et où il fait son grand retour. Son huile est utilisée dans la cuisine locale depuis toujours. La réinsertion du palmier à huile dans le pays n’est donc qu’un juste retour des choses, à ceci près que son bois ne servira plus à faire chauffer la marmite, mais à produire de l’électricité.

Rédigé par : La Rédaction

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