Dans un rapport publié ce lundi 25 avril, Eurométaux, l’association européenne des producteurs de métaux, alerte sur les risques de pénurie de certains métaux nécessaires à la transition énergétique de l’Union Européenne, dès 2030. Le texte invite donc les Vingt-Sept à investir dès maintenant massivement dans le recyclage des métaux.
La transition énergétique va considérablement augmenter les besoins de l’Union Européenne en métaux
La transition énergétique impose d’importants investissements dans des technologies émergentes, comme les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, les voitures électriques, les batteries au Lithium ou les électrolyseurs pour produire de l’hydrogène vert.
Or, ces technologies utilisent toutes, à des degrés divers, des métaux dont les réserves mondiales ne sont pas extensibles. Et, en la matière, l’Union Européenne est actuellement particulièrement dépendante de ses importations, la production locale de métaux étant particulièrement faible (par manque de réserves ou par choix économiques de délaisser l’extraction).
En conséquence, l’Union Européenne s’expose à d’importantes pénuries de plusieurs métaux critiques, dès 2030, comme le signale un rapport, publié ce lundi 25 avril 2022, par les chercheurs de l’université KU Leuven, pour Eurométaux, l’association européenne des producteurs de métaux.
En s’appuyant sur les plans industriels prévus par l’Union Européenne pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les chercheurs ont calculé qu’il faudrait à cette date 35 fois plus de lithium (800 000 tonnes par an) qu’en 2020, 27 fois plus de dyprosium, 9 fois plus de néodyme, 4 fois plus de praséodyme (ces trois métaux étant des « terres rares », une dénomination doublement trompeuse, puisqu’il ne s’agit pas de « terres », et qu’ils ne sont pas à proprement parler rares), 4 fois plus de cobalt et 2 fois plus de nickel.
Le rapport pointe également des hausses importantes de la demande en silicium (+46,4%), en cuivre (+35,4%) ou en aluminium (+32,5%).
Sécuriser les chaînes d’approvisionnement, et développer massivement le recyclage
Selon les chercheurs de KU Leuven, l’Union Européenne s’expose donc « à des manques critiques sur les 15 prochaines années faute de plus grandes quantités de métaux pour accompagner les débuts de son système énergétique décarboné. Si les industries européennes ne sécurisent pas leurs approvisionnements sur le long terme, elles risquent des ruptures ou des hausses de prix pouvant ralentir la transition énergétique ».
Le rapport invite donc les décideurs européens à construire leurs propres chaînes d’approvisionnement, et rapidement, car les risques de pénurie existent dès 2030. Plusieurs leviers existent : relancer l’extraction minière dans l’Union Européenne, le territoire pouvant couvrir de 5 % à 55 % des besoins en fonction des métaux, mais aussi rouvrir des raffineries de métaux.
Enfin, les chercheurs invitent l’Union Européenne à investir massivement dans le recyclage. Selon le rapport, d’ici à 2050, 40 à 75% des besoins pourraient être couverts par le recyclage, si l’Europe investit rapidement dans les infrastructures, relève ses taux de recyclage obligatoire et s’attaque aux goulets d’étranglement à venir.
Il ne faut toutefois pas oublier que le rapport a été commandé par Eurométaux, qui a tout intérêt à voir se développer mines, raffineries et centres de recyclage sur le territoire européen.
De la même façon, le rapport n’évoque pas les recherches en cours pour réduire la quantité de lithium dans les batteries (voire développer d’autres technologies de batteries), ou remplacer, dans certains équipements, des métaux critiques par d’autres plus abondants.
L’approvisionnement en certains métaux risque toutefois bien d’être une problématique lourde des années à venir pour la transition énergétique européenne.
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