Ce vendredi 4 décembre 2020, la Chine a activé avec succès son tokamak, cette chambre de confinement magnétique permettant de générer une chaleur de 150 millions de degré, préalable au développement de la technologie de la fusion nucléaire contrôlée. Les données et expériences générées par ce « soleil artificiel » vont s’intégrer dans la participation chinoise au projet international Iter.
La Chine met en service son premier tokamak pour expérimenter la fusion nucléaire
La Chine avance sur la fusion nucléaire contrôlée. Il ne faut pas confondre cette technologie avec la fission nucléaire, qui consiste à diviser les atomes et qui est utilisé dans toutes les centrales nucléaires classiques actuellement en service. La fusion consiste à atteindre et à maintenir des températures dépassant celle de notre soleil, afin de chauffer quelques grammes de plasma, et générer, via des réactions de fusion des atomes, une énergie qui serait « infinie » (dans les limites de la durée de vie des composants permettant de la produire), et ne générerait ni déchets ou rejets radioactifs, ni gaz à effet de serre.
Les recherches sur la fusion datent des années 1950 en ex-URSS, et si le potentiel de cette technologie est impressionnant, les travaux sont longs et les contraintes élevées : il faut maintenir les températures de façon durable et les contenir dans des matériaux résistants, le tout en générant plus d’énergie que celle nécessaire au fonctionnement du réacteur. Ce qui n’est actuellement le cas d’aucun projet expérimental – pour l’heure, le record du monde est la génération d’une puissance thermique de 16 MWth grâce à une puissance électrique de 700 MWe, pendant une seconde.
Un projet international baptisé Iter travaille sur cette technologie. Il regroupe l’ensemble de l’Union Européenne, le Royaume-Uni, l’Inde, le Japon, la Chine, la Russie, la Corée du Sud, les Etats-Unis et la Suisse.
C’est dans ce cadre que l’agence Chine nouvelle a annoncé, ce vendredi 4 décembre 2020, la mise en service de son premier tokamak, de modèle HL-2M, dans la province du Sichuan (sud-ouest). Un tokamak est une chambre de confinement magnétique, qui permet d’atteindre une chaleur considérable : le modèle mis en service en Chine pourrait dépasser les 150 millions de degrés, soit dix fois la chaleur produite au cœur de notre soleil.
Le projet chinois va servir à Iter et s’intègre dans la recherche internationale sur la fusion nucléaire
Ce tokamak, surnommé « soleil artificiel », va « apporter un soutien technique essentiel à la Chine » pour sa participation au projet Iter, d’après l’ingénieur en chef Yang Qingwei, cité par Chine nouvelle.
Attention donc aux effets d’annonce : le tokamak mis en service en Chine n’est ni le premier, ni le seul actuellement en fonctionnement dans le monde, ni, surtout, le plus puissant et le plus évolué. Le traitement de cette information peut donner l’impression d’une avance technologique chinoise sur cette énergie, voire d’une volonté de la Chine de « gagner » une course à l’énergie de demain. Ce tokamak s’intègre en réalité dans des recherches menées au niveau international, dans un cadre d’une coopération scientifique. Maîtriser la fusion nucléaire pour produire de l’énergie est une entreprise sur du très long terme, qui, si elle aboutit, bénéficiera à l’ensemble de la planète.
En juillet 2020, l’assemblage du tokamak géant du projet Iter a commencé à Saint-Paul-lès-Durance (Bouches-du-Rhône). Il devrait entrer en service en 2025. Il a notamment pour objectif de dépasser le seuil de rentabilité, et donc produire un plasma de fusion équivalent à 500 MWth d’énergie thermique à partir de 300 MWe de puissance électrique pendant 400s.
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