Le 23 septembre dernier, le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a officiellement posé le premier panneau de la future centrale solaire de la ville. Le projet, qui est désormais à mi-parcours, devrait être terminé fin 2021. Il promet d’injecter plus d’électricité verte dans le mix électrique de la ville. Mais il ouvre surtout des pistes intéressantes en matière d’aménagement énergétique en zone urbaine.
Un premier panneau solaire est posé. Mais il y a encore du chemin avant la fin de la pose des 140 000 panneaux solaires prévus ! Le chantier de la future centrale solaire urbaine de Labarde vient de franchir un cap important. Le chantier est à présent à la moitié des travaux avant sa mise en service, prévue pour fin 2021 par son promoteur, JP Energie Environnement. Le projet a été lancé en 2017. Il a alors bénéficié du soutien de l’ancien maire de Bordeaux, Alain Juppé. La centrale solaire devait être un élément du développement des énergies renouvelables sur le territoire bordelais. Bordeaux ambitionne en effet de devenir une métropole à énergie positive d’ici à 2050.
Une centrale solaire sur l’ancienne décharge de Bordeaux
Pour déployer 140 000 panneaux photovoltaïques, il faut évidemment de la place. Beaucoup de place. Un problème dans les zones urbaines, densément peuplées, où l’espace est saturé par des constructions pas toujours adaptées au déploiement de panneaux solaires. Dans le cas de la future centrale solaire de Bordeaux, le choix de l’énergie solaire ne se fait pas au détriment de l’espace. Au contraire, la centrale va servir à valoriser les 65 hectares de l’ancienne décharge intercommunale de Labarde. Le site, fermé depuis 1984, était à l’abandon. Son choix pour l’attribution du projet de centrale solaire permet donc de réhabiliter un espace industriel stratégiquement situé à moins de 30 km au nord de Bordeaux.
Du fait de son étendue et de son nombre de panneaux photovoltaïques, la centrale solaire de Labarde sera la plus grande centrale urbaine d’Europe. JP Energie Environnement, qui dirige le chantier, annonce une puissance de 59 MW. Cette puissance doit permettre de produire assez d’électricité verte pour couvrir les besoins électriques de 70 000 habitants (hors consommation liée au chauffage). La mairie de Bordeaux a aussi observé que la production estimée serait « l’équivalent de la consommation de l’éclairage public de tout Bordeaux Métropole ».
Les centrales solaires urbaines : nécessaires, mais compliquées à déployer
La future centrale solaire urbaine la plus grande d’Europe est certes une avancée majeure dans la production d’énergie solaire. Mais elle met aussi en lumière la principale problématique des agglomérations. Pour produire de l’énergie verte en grande quantité, encore faut-il avoir la place de déployer beaucoup d’unités de production. Labarde était une zone industrielle à l’abandon. A cause de la présence de déchets enfouis dans le sol, le terrain est considéré comme impropre à la culture. La zone n’est pas non plus constructible. Avec ses 65 hectares, Labarde est donc une véritable aubaine pour l’activité énergétique.
Ailleurs en France, les centrales solaires urbaines sont d’une taille autrement plus modeste. En décembre 2017, le chantier du Keroman avec ses 10 000 panneaux photovoltaïques était alors la plus grande centrale solaire urbaine de France. Le projet a été détrôné l’année dernière. En septembre 2019, Toulouse a lancé le chantier de sa centrale solaire urbaine en lieu et place de l’ancienne usine AZF. La future centrale, qui s’étend sur 25 hectares, doit accueillir 34 800 panneaux photovoltaïques. On est bien loin des chiffres du projet Labarde. Mais ces projets sont davantage représentatifs de l’espace limité dont dispose les agglomérations pour leurs projets d’énergies renouvelables.
Nass vante un prix de production attractif
Si Pierre Hurmic s’est félicité de l’avancée du chantier de Labarde, le nouveau maire de Bordeaux veut rester lucide. D’après lui, la future centrale solaire ne résoudra pas à elle seule la question énergétique de la métropole bordelaise. D’après ses estimations, la future centrale ne couvrira que « 2% de la consommation électrique et 0,5% de la consommation énergétique totale de la métropole ». D’autres projets énergétiques seront donc nécessaires pourra accroître la production d’électricité issue du renouvelable.
De son côté, le promoteur JP Energie Environnement insiste sur l’avantage financier d’un tel investissement. Jean-Louis Nass, le président du groupe Nass (dont fait partie JPEE), a ainsi déclaré : « Le prix de production sera de 65€/MW, presque dix fois moins que les tarifs du photovoltaïque il y a dix ans. »
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