Ce week-end du 28-29 décembre 2019, un rapport de Paul Dorfman, président du Nuclear Consulting Group, pointait les risques de sécurité que pose la première centrale nucléaire de la péninsule arabique, en construction à Barakah, aux Emirats arabes unis (EAU). Les autorités des EAU ont immédiatement réagi par un communiqué rassurant. Avant qu’un article du Telegraph, ce dimanche 29 décembre, ne donne une puissante caisse de résonance à l’affaire.
Le Nuclear Consulting Group critique la sécurité de la première centrale nucléaire des EAU
La centrale nucléaire de Barakah, en construction aux Emirats arabes unis (EAU), sera non seulement la première du pays, mais la première de toute la péninsule arabique. Elle doit couvrir 25% des besoins en électricité des EAU et ainsi réduire leur empreinte carbone. Pour autant, la construction de cette centrale, dotée de quatre réacteurs et située en bord de mer, dans une zone aussi politiquement agitée, pose de nombreuses questions.
Ce samedi 28 décembre 2019, Paul Dorfman, président du Nuclear Consulting Group, a publié un rapport alarmiste sur le sujet. Il évoque d’abord la question de l’armement nucléaire, et craint que les autorités des EAU envisagent de se doter de la bombe atomique, dans une course à l’armement avec l’Iran.
Here's my Report on Arabian Gulf Nuclear Risk, just published : https://t.co/WDakvGb0uB
— Dr Paul Dorfman (@dorfman_p) December 28, 2019
Mais, au-delà de cette question, cette centrale pourrait devenir une cible privilégiée des ennemis militaires des EAU. Les rebelles houthistes au Yémen affirment ainsi avoir frappé le chantier de la centrale avec un missile, en septembre 2017. Même si les autorités des EAU ont nié une telle attaque, précisant qu’elles disposaient d’un système de défense aérienne pour faire face à de telles menaces, Paul Dorfman précise qu’il serait difficile d’intercepter des avions de chasse ou de tirer des missiles sol-air à temps pour intercepter une frappe entrante.
Le transport des matières radioactives, au moment de la mise en service de la centrale, est une autre source de préoccupations : une attaque pourrait provoquer de forts rejets radioactifs, à proximité immédiate d’importants centres de population. Le Qatar souligne ainsi que la centrale de Barakah constitue une menace pour la sécurité de sa capitale Doha.
40 visites de sécurité dans la centrale de Barakah
Le rapport alerte également sur la vulnérabilité de la centrale de Barakah au changement climatique (et en particulier à l’élévation du niveau de la mer) et aux températures extrêmes qui pourraient affecter son système de refroidissement.
Dans la foulée de la publication de ce rapport, les autorités des EAU se sont montrées rassurantes : « Les Émirats arabes unis se sont engagés à respecter leurs principes de politique nucléaire de 2008 en matière de transparence, de sûreté et de sécurité, de durabilité et de coopération internationale pour garantir que le programme pacifique d’énergie nucléaire des Émirats arabes unis soit développé conformément aux normes les plus élevées », a déclaré l’ambassadeur et représentant permanent des EAU auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Hamad Al-Kaabi. Il souligne également que l’AIEA a effectué plus de 40 visites de sécurité sur le chantier de la centrale.
Ce dimanche 29 décembre, le rapport de Paul Dorfman a été repris dans un article du Telegraph britannique, lui donnant une plus grande visibilité. Tweets et communiqués défendant la centrale se sont alors multipliés dans la sphère d’influence des EAU. Le conseiller économique des Etats-Unis (alliés des EAU), Alison Dilworth, s’est d’ailleurs rendu sur place le même jour, pour visiter la centrale.
Economic Counselor Alison Dilworth visited the Barakah Nuclear Power Plant to learn more about the UAE’s first nuclear power station and the first commercial nuclear power station in the Arab World.@ENEC_UAE #USAinUAE pic.twitter.com/oYRyfGTDLC
— US Mission to UAE (@USAinUAE) December 29, 2019
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