L'Europe gagnerait-elle à allier gaz vert et smart grid ?

Avant d’atteindre le tout électrique, l’Europe gagnerait-elle à allier gaz vert et smart grid ?

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Le 14 novembre 2019, l’European Utility Week s’est tenue à Paris, au parc des expositions de la Porte de Versailles. Et le gaz vert s’est invité dans les débats. Le gaz renouvelable offre des perspectives intéressantes, et les installations de méthanisation se multiplient en France. Alors que la filière a le vent en poupe, elle pourrait profiter de l’avènement du modèle de smart-grid.

Le 14 novembre, l’European Utility Week a mené plusieurs conférences sur les opportunités pour le marché du gaz bas-carbone et sur la manière dont la flexibilité d’une smart-grid peut faciliter la transition vers un usage généralisé du gaz bas-carbone.

La question de l’intégration du gaz dans une future smart-grid est d’autant plus d’actualité que l’Union Européenne est en négociation pour réviser son projet de taxonomie financière durable. Les états-membres ont déjà révisé leur liste d’énergies éligibles pour y intégrer, fin octobre, le nucléaire. Et la filière du gaz voudrait elle aussi bénéficier de la nouvelle taxonomie européenne. D’après ses défenseurs, le gaz, même non vert, offre toutes les garanties pour servir de combustible transitoire.

Le gaz s’impose sur la route

C’est dans le secteur de la mobilité que le gaz progresse le plus rapidement. Depuis le 1e janvier 2019, les bus au gaz ont ainsi représenté 25,4% des nouvelles immatriculations, et les bus mixtes (gaz et électricité) ont pesé pour 9,8%. Les bus qui roulent au gaz progressent plus vite que les véhicules électriques (seulement 10,1% des nouvelles immatriculations), ce qui souligne plus que jamais l’intérêt du gaz dans la mobilité douce.

Plus globalement, les voitures au gaz naturel enregistrent une très bonne année 2019. L’ACEA a annoncé que plus de 19 000 véhicules au GNV ont été immatriculées en Europe, rien que pour le troisième trimestre. Ce qui représente une hausse de 40% par rapport à 2018.

Le biogaz, plébiscité par la filière agricole

En France, la filière agricole est devenue le meilleur soutien du biogaz. L’Hexagone compte déjà plus de 700 d’installations de méthanisation déployées dans des exploitations agricoles. Et plus de 1 000 projets sont déjà répertoriés par l’Etat. D’après Alain Mille, le directeur du développement de GRDF, la France devrait atteindre 1000 méthaniseurs installés d’ici 2030.

La méthanisation répond à deux contraintes majeures des exploitations agricoles : valoriser les déchets des sites d’exploitation, mais aussi fournir une source d’énergie locale dans le cas de l’autoconsommation. En cas de revente du biogaz au réseau GRDF, la méthanisation constitue alors un complément de revenus pour les exploitants. Une situation gagnante pour les intéressés.

Deux sites emblématiques, le marché de Rungis et le zoo de Thoiry, se sont déjà convertis à la méthanisation, et ont été raccordé au réseau de gaz pour alimenter les zones urbaines voisines. Leur modèle de production locale confirme l’émergence d’un modèle énergétique en circuit court, qui permet de décentraliser la production d’énergie pour être au plus près des zones de consommation.

La smart-grid version gaz : une économie circulaire 100% gagnante

Dans la logique de mise en place de la smart-grid en Europe, le gaz présente de nombreux avantages séduisants, à commencer par la possibilité de mettre en place un cercle de production vertueux. Encore mieux : ce futur cycle de production du gaz bas-carbone coche de nombreuses cases dans les objectifs de transition énergétique de l’Accord de Paris.

La France s’est engagée à réduire de moitié son volume annuel de déchets pour diminuer son empreinte carbone. Le pays produit chaque année 324,5 millions de tonnes de déchets. Or l’incinération est un moyen efficace pour les valoriser tout en produisant de l’énergie. Cette solution est notamment plébiscitée par le comité prospective de la Commission de régulation de l’énergie. D’après lui, la méthanisation doit être encouragée pour augmenter la production de gaz renouvelable.

Cette production de gaz vert pourrait facilement être injectée dans le réseau ou stockée selon les besoins. Le stockage du gaz est déjà largement répandu en France. Chaque année, les infrastructures de stockage du gaz absorbent environ 30% de la consommation annuelle de gaz. Ces infrastructures sont donc devenues l’un des principaux leviers de régulation du réseau gazier français.

Un gaz vert est-il vraiment vert ?

Seule ombre au tableau : le gaz vert issu de la méthanisation n’est pas totalement vertueux. Son utilisation génère des émissions de gaz à effet de serre. La combustion du méthane contenu dans les déchets organiques produit en effet du dioxyde de carbone. Si son empreinte carbone n’est pas neutre, elle reste toutefois moins élevée que celle des énergies fossiles. D’après Olivier Theobald, membre du service Mobilisation et Valorisation des déchets de l’ADEME : “La valorisation du biogaz en substitution à une énergie fossile peut contribuer à diminuer les émissions de gaz à effet de serre.”

Rédigé par : La Rédaction

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COMMENTAIRES

  • Bonjour,

    Pour ma culture générale, quel est le potentiel de couverture des besoins nationaux par le biogaz ?
    Merci

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  • 10000 méthaniseurs en France ? Alors c’est sûr cette fois, c’est bien une hérésie, et GrDF influence le gouvernement. Où irez-vous chercher les intrants pour ces 10000 méthaniseurs ? Qui seront tous les 3 km les uns des autres ? Ce type de délire rend confus le message et toute la profession agricole va en pâtir, si ce n’est déjà le cas. La volonté de GrDF est définitivement aux antipodes du désir agricole vertueux.

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  • 10 000 méthaniseurs, cela ne me semble pas impossible en regard de la surface agricole en France, 30 millions d’hectares, exploités par plus de 430 000 agriculteurs.

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  • Il est tout de même curieux de voir qu’en France, le mieux ne semble pas être considéré comme un progrès, ce n’est pas suffisant. Heureusement il y a déja en Allemagne certainement 10 000 méthaniseurs, car c’est un certain nombre de centrales charbon en service en moins.
    Après le probléme est de savoir ce que l’on fait de ce biogaz. Le choix systématique ou presque de l’injection réseau est un choix économique qui profite à un opérateur. Il y a sûrement des situations où d’autres solutions, je pense bien sûr à la cogénération, qui pourraient présenter plus d’intérêt pour le territoire qui accueille cette méthanisation. Les territoires vous voyez ce que je veux dire ? Il ne suffit pas d’en parler en faisant des bonds de cabri.
    Je ne fais pas de méthanisation mais j’y ai sévi longtemps en matière de valorisation et je déteste les solutions uniques avec concurrence faussée par les incitations financières pour faire pencher la balance du même côté. A chaque fois que ça se produit, ça fait des dégats sérieux sur l’emploi et ça, l’emploi, ça intéresse les territoires, non ?

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  • Granola : tappez “potentiel de méhanisation en France ” ou “etat des lieux de la méthanisation en France” et vous allez trouver une bonne dizaine de documents qui répondrons à votre question tres légitime. Apres pour me faire plaisir, remplacez méthanisation par “gazéïfication thermochimique” et vous verrez que le potentiel est tout aussi important. les 2 filières ne sont pas concurrentes, la méthanisation est un procédé de fermentation en milieu acqueux donc concerne des intrants humides, la gazéïfication thermochimique s’adresse à des intrants plus secs (50% de HEO maxi). Bonne recherche. si vous ne trouvez pas revenez vers moi.

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  • Si son développement (pour la production d’électricité) se fait au détriment du nucléaire, vous aurez globalement plus d’émissions de CO2. C’est une évidence !

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