L’Office polonais anti-monopole (UOKiK) a infligé, ce vendredi 8 novembre 2019, une amende de 40 millions d’euros à Engie Energy, dans le cadre de la construction du gazoduc Nord Stream 2. Ce projet, achevé à 80%, permettra de doubler les capacités d’exportation de gaz russe directement en Allemagne, sans passer par d’autres pays européens. Il est piloté par un consortium composé à 50% du géant russe Gazprom et à 50% de cinq entreprises occidentales, dont Engie.
En avril 2019, l’UOKiK a lancé une procédure anti-monopole contre le consortium responsable de la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc sous-marin, qui traverse toute la mer Baltique, va permettre d’acheminer du gaz russe directement de la Russie vers l’Allemagne, sans passer par les Pays Baltes et la Pologne.
Le consortium de construction est formé par le géant russe Gazprom (à 50%) et 5 entreprises européennes, impliquées chacune à 10% (les Allemands d’Uniper et de Wintershall, les Autrichiens d’OMV, l’anglo-néerlandais Shell et le français Engie). La procédure lancée en avril 2019 par l’UOKiK a pour but de “vérifier si Engie Energy et cinq autres entités ont créé une coentreprise sans son accord”, selon le président de l’UOKiK Marek Niechcial.
L’UOKiK a notamment demandé des précisions à Engie Energy sur ses rapports avec Gazprom – sans obtenir de réponses. En conséquence, ce 8 novembre 2019, l’office polonais anti-monopole a infligé une amende de 40 millions d’euros au groupe gazier français pour avoir “refusé, de manière répétée et sans fondement légal”, de lui fournir des informations sur le financement du gazoduc Nord Stream 2. Cette amende « n’est qu’une étape » dans la procédure anti-monopole, d’après Marek Niechcial.
Cette procédure fait partie des armes utilisées par la Pologne et les Pays Baltes pour contester ce gazoduc hautement controversé. Achevé à 80%, Nord Stream 2 devrait rentrer en service en 2020, et permettre de livrer 55 milliards de m3 de gaz, soit 11 % de la consommation annuelle européenne. Il double un gazoduc déjà existant, Nord Stream 1, d’une capacité équivalente.
Les controverses autour de ce projet sont nombreuses. Pour commencer, il va concurrencer directement d’autres gazoducs terrestres qui passent par la Pologne, les Pays Baltes ou l’Ukraine, les privant potentiellement des redevances afférentes à ce transit.
Autre grief contre ce projet : il risque de donner une place trop centrale à la Russie dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe, au grand dam des Etats-Unis. Pour ces derniers l’enjeu est à la fois politique (Moscou augmentant sa capacité de faire pression sur l’Union Européenne) et économique, car les Etats-Unis veulent exporter en Europe leur gaz de schiste.
Dernière problématique : Nord Stream 2 est accusé de faire de l’Allemagne le cœur du système gazier européen. Il risque ainsi de renforcer la mainmise économique de l’Allemagne sur l’Union Européenne.
COMMENTAIRES
On reproche aux USA de se permettre d’interdire des transactions dans le monde entier, alors qu’elles sont légales dans les autres pays, sous prétexte que le dollar est utilisé et qu’elles sont interdites aux USA. Ils sont, par exemple, les seuls à imposer des sanctions à Cuba, qui présente pour eux une grande menace. La Pologne a-t-elle le droit d’intervenir dans les activités d’une société française (ou belge?) . A-t-elle des activités en Pologne? Y utilisera-t-elle le gaz Nordstream? Ca semble, à première vue, tout aussi extravagant que la pratique américaine, sans le levier que constitue la puissance des banques et du marché US.
Le gaz de schiste américain est déjà arrivé en Europe depuis quelque temps. Il n’y a pas de secret : https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/le-gaz-de-schiste-americain-inonde-l-europe-1791392.html
Quels sont les prix pratiqués par ces deux grands rivaux ? J’ai lu par ailleurs que ” les prix sont à leur plus bas niveau depuis 2016″, mais c’est tout à fait l’opposé pour le client final…
@BERTELOOT
Si cela peut vous aider à y voir clair : https://www.usinenouvelle.com/editorial/l-europe-de-plus-en-plus-dependante-pour-un-gaz-naturel-plus-cher-cedigaz.N843120