Tendance à la mode, l’autoconsommation peine pourtant à se développer en France. À un tel point que le ministère de la Transition écologique et solidaire a dû revoir ses plans. Ainsi, le 19 avril 2019, il a été décidé la suspension des appels d’offres portant sur les installations d’électricité en autoconsommation…
Des appels d’offres qui peinent à convaincre
A l’heure où le coût de l’énergie fait débat, l’autoconsommation est souvent envisagée comme une solution miracle. Pour rappel, l’autoconsommation désigne le fait de consommer l’électricité produite sur place. Le producteur consomme sa propre énergie, théoriquement, sans recourir au réseau électrique. Pourtant, l’autoconsommation ne parvient toutefois pas toujours à couvrir l’ensemble des besoins énergétiques d’un bâtiment, en raison de l’intermittence des EnR. Aussi, produire et consommer son énergie n’enthousiasme pas forcément de nombreux Français. Cela est si vrai que le ministère de la Transition écologique et solidaire est contraint de revoir sa stratégie en la matière.
Le ministère dirigé par François de Rugy a officiellement suspendu les prochains appels d’offres relatifs aux installations d’électricité en autoconsommation. Dans une lettre d’information signée de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), la raison est explicitée : « Pour la quatrième fois consécutive, la puissance cumulée des dossiers déposés est significativement inférieure aux objectifs fixés par le cahier des charges ». Une situation qui « est manifestement de nature à aboutir à des prix excessivement élevés ».
Vers une restructuration des appels d’offres
Depuis 2017, l’Etat s’est néanmoins engagé à développer 450 mégawatts de capacités en autoconsommation au moyen de neuf tranches de 50 MW. Et cependant, malgré cette interruption, la CRE indique que les « appels d’offres reprendront lorsque les améliorations auront été réalisées » assure la CRE. Le ministère de l’Ecologie souhaite d’ailleurs améliorer le cahier des charges afin d’attirer plus de dossiers. De son côté, le délégué général d’Enerplan, Richard Loyen, signale que son organisation formulera des propositions.
Le rythme français de développement est trop lent et cela se confirme au regard de ce qui se passe chez nos voisins. Ainsi, en septembre 2018, le président d’Enerplan, Daniel Bour notait déjà : « nous autoconsommons 100 fois moins que les Italiens et 33 fois moins que les Allemands ». Ce dernier regrette notamment « qu’on commence par mettre en place des instruments de contrôle et des freins avant même que le marché de l’autoconsommation n’ait réellement démarré ». Toutefois, le député du Gard, Anthony Cellier, tempère : « il y a une obligation de solidarité sur la gestion du réseau ». Récemment auditionné à l’Assemblée nationale, Jean-François Carenco attestait d’ailleurs des difficultés inhérentes à l’autoconsommation…
Laisser un commentaire