Avec l’approche du Brexit, les acteurs de l’économie britannique bouillonnent. La perspective d’une sortie de l’Union européenne sans accord mobilise beaucoup d’énergie, en raison des conséquences très concrètes qui se feraient sentir dès le 31 mars 2019. L’alimentation ou les transports font l’objet d’une attention particulière, mais le gaz est également concerné. Les fournisseurs de gaz basés au Royaume-Uni n’auront en effet plus le droit de livrer la France…
La fin du paradis britannique
Le Royaume-Uni n’est peut-être déjà plus le paradis pour les entreprises qu’il a longtemps été. A presque un mois de la date butoir, beaucoup de sociétés quittent l’île, sa fiscalité avantageuse et son gaz de schiste. C’est le cas de nombreux fournisseurs de gaz contraints de revoir leur dispositif. En effet, la loi française oblige les fournisseurs de gaz à être basés au sein de l’Union européenne. C’est pourquoi, faute d’accord de sortie de l’UE, les fournisseurs de gaz domiciliés au Royaume-Uni ne pourront plus alimenter la France.
Aujourd’hui, seuls 10 % des volumes importés par gazoduc en France proviennent du Royaume-Uni. Les difficultés qui pourraient survenir ne seraient donc pas insurmontables. D’autant que la plupart des fournisseurs concernés ont déjà rapatrié leurs activités dans un autre pays membre de l’UE. Interrogé par Les Echos, le directeur financier de GRTgaz, Pierre Duvieusart, assure que « les sociétés les plus concernées ont régularisé leur situation en créant des entités juridiques dans les pays de l’UE ou dans des pays ayant conclu des accords commerciaux avec l’UE. Il n’en reste qu’une poignée qui ne l’ont pas fait ».
Une situation bien anticipée par les acteurs de l’énergie
Si Paris a adopté une attitude stricte vis-à-vis de Londres depuis plusieurs mois, le gouvernement français pense avant tout aux consommateurs. Le ministère français de la Transition écologique et solidaire a délivré de nouvelles autorisations afin que les fournisseurs de gaz puissent poursuivre leur activité. En raison des volumes plutôt faibles et des dispositions déjà prises, « il n’y a aucun risque d’approvisionnement pour la fin de l’hiver et les mois à venir, y compris dans l’hypothèse d’un ‘hard Brexit’ » selon Pierre Duvieusart. Toutefois, les pouvoirs publics signalent néanmoins que cela pourrait occasionner « des perturbations contractuelles, voire une réduction temporaire de liquidité sur le marché ».
La plupart des sociétés concernés sont des grands groupes capables d’affronter ce genre de problématique à l’image de Gazprom, Total ou encore EDF. L’énergéticien français a d’ailleurs assuré ce 15 février 2019 que « les difficultés qui pourraient naître » d’un Brexit dur ont été « correctement anticipé ». Une assurance nécessaire pour une entreprise engagée dans de nombreux projets notamment à la centrale nucléaire d’Hinkley Point. Cependant, les chercheurs à l’Oxford Institute, Thierry Bros et Patrick Heather, avertissent : pour le marché du gaz, le hard Brexit pourrait se traduire par « une volatilité accrue et des prix plus élevés ».
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