Longtemps éloignée de la lutte contre le changement climatique, une finance durable émerge depuis 2015. Le mouvement grandit et seize entreprises européennes ont décidé de se regrouper en réseau pour accélérer son développement. Le Corporate Forum on Sustainable Finance dit « Forum » est né le 15 janvier 2019 et compte bien impulser un changement de paradigme. Ainsi, la finance va-t-elle devenir le meilleur allié de la transition énergétique ?
Les principaux émetteurs d’obligations vertes se regroupent
Seize entreprises européennes ont pris l’engagement de s’allier pour donner naissance au Corporate Forum on Sustainable Finance. Ces entreprises font partie des plus importants émetteurs d’obligations vertes sur le continent européen. Elles souhaitent ainsi lutter plus efficacement contre le changement climatique, toute en développant la finance durable. Une initiative qui trouve son origine dans le discours de Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre et président du Financial Stability Board. Un discours prononcé en 2015, et dans lequel la menace que fait peser le changement climatique pour tous les acteurs économiques a été mise en évidence. Le Green Bond Pledge de Paris de décembre 2017 a signé la première grande étape de cette prise de conscience.
Le « Forum » de janvier 2019 regroupe 16 géants européens et s’inscrit pleinement dans cette logique. On retrouve (dans l’ordre alphabétique) EDF, EDP, ENEL, ENGIE, Ferrovie dello Stato Italiane, Iberdrola, Icade, Ørsted, RATP, SNCF Réseau, Société du Grand Paris, SSE, Tennet, Terna, Tideway, Vasakronan. Energie, transports, infrastructures et immobilier sont ainsi représentés. Xavier Girre, Directeur exécutif groupe en charge de la direction financière groupe chez EDF, explique que toutes ces entités partagent « la même conception du rôle positif que peuvent jouer les entreprises dans la lutte contre le changement climatique, et du rôle central de la finance verte ». Et il est vrai que ce rôle peut être central puisqu’à lui seul, ce groupe représente deux tiers des émissions d’obligations vertes européennes issues d’entreprises, soit un tiers du volume mondial.
Finance durable : du business respectueux de l’environnement
Pour l’électricien français, la finance verte est aussi l’occasion de montrer son attachement à l’innovation. Comme le souligne Xavier Girre, « après avoir été le premier corporate à émettre un green bond, nous avons été les premiers à émettre en yen, puis à signer, en mai 2017, un accord de facilité de crédit avec un taux d’intérêt lié à des performances ESG ». Interrogé dans « La Tribune », il explique encore : « les obligations vertes servent à financer de nouveaux investissements de production hydrauliques, solaires ou éoliens, sur lesquelles nous nous engageons à un reporting concernant, entre autres, les émissions de CO2 évitées ».
Des objectifs qui vont dans le sens de l’Institute for Climate Economics (I4CE), un think tank dédié à l’économie de la transition énergétique. Son directeur, Benoît Leguet rappelle notamment que s’il faut « investir dans plus de vert », cela passe également par « moins de marron ». Selon lui, la finance durable peut même être créatrice d’emploi. C’est pourquoi, il est faux d’affirmer que les emplois passent avant la transition écologique. En effet, comme on a pu l’entendre lors de la COP21, « il n’y a pas d’emploi sur une planète morte » !
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