Le 31 décembre est généralement l’occasion pour les hommes d’Etat de revenir sur l’année écoulée et de dresser la liste des succès rencontrés. Le Premier ministre arménien avait cette année une annonce bien plus importante et concrète à faire. En effet, après des semaines de négociations, l’Arménie et la compagnie publique russe Gazprom se sont mis d’accord sur les nouveaux tarifs du gaz. En dépit des sanctions internationales, Gazprom augmente régulièrement ses exportations vers l’Europe. Cette fois-ci, le bras de fer semble avoir tourné en faveur d’Erevan, même si les contreparties politiques à un tel accord reste encore floues.
Des tarifs en hausse, mais qui restent inférieurs au marché
La politique ne connaît pas vraiment de trêve de fin d’année. Revenu le 27 décembre 2018 de Russie, où il a négocié les nouveaux tarifs du gaz acheté à Gazprom, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a annoncé à ses concitoyens ne pas être parvenu à un accord. Une bonne nouvelle pour le pays, alors que celui en cours allait prendre fin au soir du 31 décembre 2018. La crise a été évitée puisqu’après la rencontre avec Vladimir Poutine, un accord a finalement été trouvé. Dans une vidéo postée sur Facebook, Nikol Pachinian a affirmé qu’« une solution, au moins à court terme » avait été trouvée. L’Arménie paiera à la filiale arménienne de Gazprom le millier de mètre cube de gaz au prix de 165 dollars en 2019, conformément à l’entente passée entre le Vice-Premier ministre, Mher Grigorian, et le PDG de Gazprom, Alexei Miller.
Ce nouveau tarif est de 15 dollars supérieur à celui qui était pratiqué jusqu’au 31 décembre 2018. Si une hausse est donc actée, elle reste raisonnable et ne devrait pas avoir d’impact sur le prix payé par le consommateur selon le Premier ministre arménien. Pour y parvenir, le chef de l’Etat prévoit des « nos réajustements intérieurs » afin de ne pas augmenter sa dette à l’égard de la Russie. Cependant, cette nouvelle ne devrait pas satisfaire le président de Gazprom-Armenia, Hrant Tadevosian, qui est dans l’obligation de faire fonctionner sa compagnie à perte depuis 2016. Or, la hausse de 15 dollars n’est pas assez importante pour changer cette situation, née d’un accord politique entre l’Arménie et la Russie.
La politique du gaz reste une carte entre les mains de Moscou
Car si le prix est en augmentation pour l’année 2019, il reste très loin des tarifs pratiqués par Gazprom à ses clients européens. Les 1 000 mètres cubes sont généralement vendus à 250 dollars dans le cadre de contrats de long terme. Il persiste donc une différence d’au moins 85 dollars au bénéfice de l’Arménie, qui risque de le payer sur le plan politique. Aucun pays ne fait de tel cadeau sans contrepartie. En la matière, Moscou a montré ses talents pour mettre la pression sur ses partenaires via les exportations de gaz. Les crises avec l’Ukraine qui ont émaillé les relations entre Moscou et Kiev à partir de 2005 ne sont que les exemples les plus spectaculaires.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une hausse substantielle des prix de l’énergie peut faire tomber des gouvernements, car l’énergie reste un bien de première nécessité. Un enseignement que ne peut ignorer aucun chef d’Etat, et surtout pas Emmanuel Macron confronté aux gilets jaunes ! L’Arménie s’assure donc une certaine tranquillité de ce côté-là, mais la pression russe ne s’éloigne jamais bien loin. Les prochains mois pourront peut-être dire quelle contrepartie politique a été payée pour continuer à bénéficier de tarifs très préférentiels. L’Arménie reste dépendante du gaz russe et il serait étonnant de ne voir pas Moscou en profiter d’une manière ou d’une autre…
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