Production mondiale d’électricité : le charbon n’a pas dit son dernier mot

Production mondiale d’électricité : le charbon n’a pas dit son dernier mot

charbon AIE COP24

Deux jours après la clôture de la COP24, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publie un rapport sur l’état des lieux de la consommation de charbon dans le monde. Malgré les efforts réels des Etats pour produire de l’électricité issue de ressources renouvelables, le charbon reste une ressource stratégique pour plusieurs pays. De grandes disparités existent au niveau mondial et si le charbon reste aussi fort, c’est en partie en raison de la croissance de certains pays asiatiques…

“Beaucoup de discussions”, mais une santé de fer pour le charbon

Le charbon est la source d’énergie la plus polluante et pourtant sa consommation n’a jamais été aussi importante. Ce terrible constat est dressé par l’AIE dans son rapport annuel sur l’état du charbon dans le monde. Une étude publiée ce mardi 18 novembre 2018 qui résume la situation ainsi : “beaucoup de discussions autour du charbon, mais assez peu de changements”. En fait, il y a des changements, mais ils ne vont pas forcément dans le bon sens. L’AIE note que la production d’électricité à partir du charbon a cru de 1 % en 2017 après deux années de réduction. La trajectoire est donc négative… Ainsi, le charbon représente aujourd’hui environ 27 % de l’énergie produite dans le monde. Les besoins en électricité sont aujourd’hui beaucoup plus importants et donc le recours au charbon aussi.

La croissance asiatique tirée par l’exploitation du charbon

Le charbon reste une source d’énergie incontournable et tend même à se renforcer dans certains pays. D’après Les Echos, l’Indonésie prévoit par exemple de construire cent centrales d’ici 2020. Les autorités ont, certes, mis en place des politiques de réduction de la pollution, tandis que de nouvelles turbines améliorent le rendement du minerai, mais les effets tardent à se faire sentir.

Qui plus est, la Chine, très active dans le domaine du nucléaire et des énergies renouvelables, a de tels besoins en énergie qu’elle utilise aussi cette ressources pas très propre. La Chine constitue le nœud du problème, mais d’autres pays asiatiques tendent à complexifier l’équation.

L’Inde, malgré ses ambitions nucléaires, continue également d’utiliser massivement cette énergie. En effet, le charbon est perçu comme un moyen simple et rentable de répondre à cette nouvelle demande malgré des efforts menés en faveur des énergies décarbonées. Le Pakistan, le Bengladesh ou encore le Vietnam ont également des besoins croissants et ont lancé la construction de centrales à charbon. Selon Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE, les centrales à charbon constituent ainsi “le talon d’Achille de la bataille pour le climat”.

Pas de consensus en Europe…

Face à un continent asiatique toujours très dépendant au charbon, l’Europe ne peut même pas se constituer en modèle. La France et la Suède ont, certes, fixé une date de sortie du charbon, mais un pays l’Allemagne tire l’Europe vers le bas. De même, la Pologne, pays hôte de la COP24, où la place des grandes firmes minières a suscité questions et critiques, s’est lancée dans la construction de nouvelles centrales. Le charbon n’a donc pas dit son dernier mot. Et la lutte contre les changements climatiques connaît désormais son principal adversaire…

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Comme lors d’autres transitions technologiques, l’impact économique de la transition énergétique sur le charbon va lui être fatal plus rapidement que prévu :

    Le pic de la demande de combustibles fossiles aura un impact dramatique sur les marchés financiers dans les années 2020.

    Le système énergétique mondial est en train de passer d’un système basé principalement sur les combustibles fossiles à un système basé principalement sur les sources d’énergie renouvelables. Ce changement impliquera un pic à court terme de la demande de combustibles fossiles, une courbe en S de croissance des énergies renouvelables et la fin de la demande de combustibles fossiles.

    Trois technologies majeures, solaire photovoltaïque, éolien et batteries lithium-ion connaissent à la fois une croissance rapide et des courbes d’apprentissage similaires à celles des innovations technologiques.

    Pour chaque doublement de capacité, leurs coûts ont diminué d’environ 20%, phénomène qui va se poursuivre.

    Le moteur du changement se trouve aujourd’hui dans les marchés émergents, où réside toute la croissance de la demande d’énergie. Ils ont une densité de population plus élevée, plus de pollution et une demande énergétique croissante. Par ailleurs ils disposent de moins d’infrastructures héritées des combustibles fossiles, sont de plus en plus dépendants de l’énergie et sont impatients de saisir les opportunités offertes par l’ère des énergies renouvelables. Les marchés émergents tireront donc de plus en plus leur croissance de la demande d’énergie de sources renouvelables et non de combustibles fossiles.

    La chute spectaculaire des prix et l’augmentation de la flexibilité offerte par la numérisation ont entraîné une croissance très rapide (courbes S) de la demande de services de numérisation, des industries solaire photovoltaïque, éolienne, des batteries et des véhicules électriques.

    La théorie de la diffusion de l’innovation s’applique tout autant à la transition énergétique.

    Lorsqu’un nouveau produit à succès conquiert un marché, il s’adresse à de nouveaux groupes de personnes, depuis les innovateurs jusqu’aux premiers adeptes, à la majorité précoce, à la majorité tardive et aux retardataires. Dans chaque pays et dans chaque secteur, les énergies renouvelables suivent ce type de trajectoire.

    Il y a donc quatre phases principales dans chaque partie de la transition :

    – l’innovation (jusqu’à environ 2 % de pénétration pour les nouvelles technologies)
    – le pic (de 5 à 10 % de pénétration)
    – le changement rapide (de 10 à 50 % de pénétration)
    – et la phase finale (après 50 % de pénétration).

    La phase la plus importante pour les marchés financiers est la phase de pointe, c’est-à-dire le moment où la demande de l’ancienne source d’énergie atteint son maximum.

    La demande pour les nouveaux entrants atteint un sommet plus tôt et les investisseurs dans les anciens secteurs perdent de l’argent plus tôt.

    La demande de combustibles fossiles culminera dans les années 2020

    On a pu définir une méthode de calcul de la période de pic de demande de combustibles fossiles basée sur la croissance rapide de l’énergie solaire photovoltaïque et éolienne dans le secteur de l’électricité. Elle repose sur deux hypothèses : le taux de croissance de la demande totale d’énergie et le taux de croissance de l’énergie solaire photovoltaïque et de l’énergie éolienne.

    La conclusion est que les années 2020 constitueront la décennie du pic.

    Au point de basculement où la demande totale de combustibles fossiles culminera dans les années 2020, les technologies solaires photovoltaïques et éoliennes représenteront environ 6% de l’approvisionnement total en énergie et 14% de l’approvisionnement en électricité.

    En 2017, l’énergie nécessaire à la production d’électricité représentait 43 % de l’approvisionnement énergétique total. Comme d’autres secteurs ont été électrifiés, la part de l’électricité augmente d’environ 3,6 points de pourcentage par décennie. Le résultat net est que l’énergie requise pour l’électricité a représenté 71 % de la croissance de la demande mondiale d’énergie au cours des cinq dernières années.

    Les montants à risque sont colossaux

    Les investisseurs sont confrontés à trois types de risques liés à la transition énergétique : systémique, par pays et par action. Le risque systémique pour les investisseurs provient du fait que le secteur des combustibles fossiles dispose de 25 milliards de dollars d’immobilisations qui sont de plus en plus vulnérables à l’échouement à mesure que la transition énergétique progresse.

    Les pays qui dépendent des exportations de combustibles fossiles sont vulnérables à la fin des revenus élevés du secteur. On relève 12 pays où les revenus des combustibles fossiles représentent plus de 10 % du PIB (Russie, Arabie saoudite etc), d’ailleurs actuellement les plus rebelles à la transition lors des différentes Cop.

    Les secteurs touchés par la transition énergétique sont vastes et ne se limitent pas aux actions et titres des combustibles fossiles. En dehors des domaines évidents du charbon, du pétrole et du gaz, ils comprennent les biens d’équipement (comme les turbines à gaz), le transport (comme les ports charbonniers) et l’automobile.

    Le réaction récente du secteur automobile allemand face aux mesures prises en Europe en est un exemple parmi d’autres qui vont s’accroître avec l’agonie des anciens secteurs. .

    Les secteurs directement touchés concernent jusqu’à 25% des indices boursiers. Sur les marchés de dette, les combustibles fossiles et les secteurs connexes représentent près de 25% du total des obligations d’entreprises, suivis par Fitch et un peu plus des obligations couvertes par Bloomberg.

    L’aspect financier et les transferts de fonds vers les énergies renouvelables plus compétitives va donc fortement impacter le secteur fossile et lui être fatal.

    https://www.carbontracker.org/reports/2020-vision-why-you-should-see-the-fossil-fuel-peak-coming/

    .

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  • L’Allemagne était historiquement très importatrice d’énergies fossiles et elle a nettement réduit ses importations grâce aux renouvelables qui font que ses investissements (qui profitent au monde entier avec l’essor mondial des renouvelables et on l’oublie un peu trop) se transforment en bénéfices.

    Par contre nous avons toujours une indépendance énergétique de seulement 53% depuis quelques décennies et importons en moyenne pour 56 milliards d’euros par an d’énergies fossiles (39,5 récemment à cause de la baisse temporaire du pétrole)

    Mieux vaut donc comme on le fait actuellement coopérer avec l’Allemagne et au total 8 pays voisins avec une vision européenne de l’énergie que de ressasser toujours les mêmes rengaines prétendant que nous serions meilleurs alors que ce n’est pas le cas et que les 2 pays ne sont pas vraiment comparables dans leurs ressources, histoire, industrie, organisation, résultats économiques etc

    On dit que leur électricité est chère avec les taxes et pourtant ils n’ont pas eu de gilets jaunes et les prix de leur électricité augmente moins vite que chez nous et au Danemark elle baisse. Et personne dans ces pays n’envisage de remettre en cause la transition énergétique. Comme quoi le regard de certains français est biaisé et le marketing nucléaire va bon train !

    C’est assez logique quand on analyse de plus près.

    Les fermetures de centrales charbon se confirment en Allemagne et le Power to Gas qui permet vraiment de réduire les énergies fossiles se développe nettement plus rapidement qu’en France :

    https://www.spglobal.com/platts/en/market-insights/latest-news/coal/122017-german-coal-drops-to-37-in-2017-power-mix-as-phase-out-starts-bdew

    .

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  • @Energie+
    La baisse d’utilisation de charbon et lignite pour la production d’électricité entre 2016 et 2017 n’est que de 18,71 TWh en valeur absolue, soit environ 8 % de moins qu’en 2016, sans compter l’augmentation de production à partir de gaz.

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