Alors que tous les regards sont rivés sur la sortie du nucléaire, le chantier de la transition énergétique d’EDF ne se limite pourtant pas à la seule filière du nucléaire. D’ici 2022, l’énergéticien français doit également se désengager de la filière charbon. Si ce virage semble plus facile à négocier du fait de la moindre importance du charbon dans le mix énergétique de la France, il représente également un enjeu important pour le groupe qui doit imaginer un nouvel avenir pour ses anciennes centrales au charbon.
Une sortie du charbon prévue pour 2022
Sortir du charbon, c’est l’un des engagements pris par la France dans le cadre de sa transition énergétique. Et la date est déjà fixée : en 2022, EDF devra mettre fin à l’activité de ses dernières centrales à charbon. Mais que reste-t-il vraiment de la filière charbon sur le territoire français ? Le charbon ne pèse que 3% dans la consommation électrique annuelle de la France. C’est surtout dans les périodes de pics de consommation, notamment pendant les vagues de froid hivernales, que les centrales à charbon jouent un rôle important. Au total, la France ne possède plus que quatre centrales à charbon sur son territoire : Cordemais (gérée par EDF), Le Havre (EDF), Provence (gérée par Uniper) et Emile Huchet (Uniper). Affichant toutes une capacité installée d’environ 600 MW, elles ont été les dernières centrales à charbon mises en service en France, au début des années 1980.
Le plan charbon 2035 d’EDF
La sortie du charbon a déjà été anticipée par EDF. Dès le début des années 2010, l’énergéticien a préparé la fin de vie de ses centrales à charbon et mis au point un grand projet pour basculer vers un nouveau projet de centrales thermiques : le plan charbon 2035. Ainsi, entre 2013 et 2015, pas moins de dix centrales à charbon ont été fermées dans l’hexagone.
Pour les centrales à charbon les plus récentes, la stratégie d’EDF consiste à rénover les installations pour développer des centrales thermiques qui fonctionnent grâce à la biomasse. Pour la centrale de Cordemais, EDF a déjà prévu d’investir 350 millions d’euros pour transformer les deux unités de production à charbon et les adapter à la production d’électricité à partir de biomasse. Un investissement nécessaire par le site représente à lui seul 25% de la consommation annuelle d’électricité de la région des Pays de la Loire. EDF a transformé Cordemais en site pilote pour son projet Ecocombust : « Ce projet, « ECOCOMBUST », en cours d’expérimentation à Cordemais, consiste à fabriquer localement un nouveau combustible, à partir de biomasse végétale prioritairement issue du territoire et à reconvertir les installations de production à la co-combustion. » Dans un premier temps, EDF veut faire fonctionner Cordemais avec 50% de charbon et 50% de biomasse ; à terme, la centrale basculera sur une production à 100% biomasse.
Du côté de la centrale du Havre, le budget de 160 millions d’euros servira à la transformation de l’unité 4 de production, les autres unités ayant déjà été arrêtées en 2013. Grâce à ses travaux, EDF compte prolonger la durée de vie de ces trois unités de production jusqu’à 2035.
La centrale thermique de Bouchain : une transformation réussie pour EDF
La centrale à charbon de Bouchain, située dans le Nord, a fait partie de la première grande vague de fermeture des centrales à charbon françaises par EDF au début des années 2010. Inaugurée en 1970, et disposant à l’origine de deux unités de production, la centrale à charbon a été fermée en avril 2015 pour basculer sur un nouveau modèle de centrale thermique, inauguré en juillet 2016.
Dès 2012, EDF a travaillé conjointement avec General Electric pour mettre au point un cycle combiné au gaz naturel de nouvelle génération. Cette installation est la première au monde à avoir été équipée d’une turbine à combustion 9HA, développée par General Electric. Grâce à la puissance de la turbine, la nouvelle unité de production de Bouchain affiche une capacité installée de 605 MW, ce qui lui permet de couvrir les besoins électriques de 680 000 foyers.
Surtout, le rendement a été largement amélioré par rapport à celui de l’ancienne centrale à charbon : 62,22% pour la nouvelle centrale thermique contre 37% pour la centrale à charbon. Plus performante tout en étant moins polluante, la centrale thermique de Bouchain a même été élue par le Guiness Book 2016 comme la centrale la plus performante au monde.
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