PowerUp : la chimie des batteries au lithium, c’est leur ADN !

PowerUp : la chimie des batteries au lithium, c’est leur ADN !

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Alors qu’on arrive dans la dernière ligne droite du concours EDF Pulse 2018 – les internautes ayant jusqu’au 20 septembre 2018 pour voter pour leur projet préféré, L’Energeek a pu rencontrer son “favori” pour la catégorie Smart City : PowerUp. Au moment où EDF lance son Plan Stockage Électrique, la start-up soutenue par le CEA présente une solution pour optimiser le stockage des batteries lithium-ion. Explications avec son fondateur Josselin Priour…

  • PowerUp propose une solution qui permet d’optimiser la durée de vie des batteries lithium-ion, pouvez-vous nous présenter le procédé ?

Pour développer notre technologie, on a étudié le mode de vieillissement des batteries. Avec les connaissances que nous avons accumulées, nous sommes désormais en mesure d’adapter des algorithmes de charge, qui permettent d’allonger leur durée de vie. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, chaque batterie lithium-ion dispose d’une chimie qui lui est propre, qu’on parle des batteries lithium-ion à base de phosphate de fer, à base de nickel manganèse cobalt, ou encore de nickel cobalt aluminium. Grâce à notre outil, nous pouvons donc moduler la charge de chacune des batteries en fonction de plusieurs critères : la température extérieure, son état de charge ou encore son état de santé… Aussi, nous allons jouer sur ces paramètres d’entrées pour moduler le courant de charge ; et ce faisant, on préserve les performances de la batterie dans la durée. Ce qu’il faut comprendre c’est que chaque chimie dispose en quelque sorte de sa propre ADN, qui peut varier même lorsqu’on s’adresse à un même fournisseur, mais que nous sommes à présent capables de « séquencer » et d’identifier.

Toutefois, notre proposition de valeur ne consiste pas uniquement à prolonger la durée de vie des batteries. Aujourd’hui, l’autre grande difficulté que l’on peut être amené à rencontrer avec les batteries lithium-ion, c’est de connaitre leur état de santé. Si vous prenez votre téléphone par exemple, quand il est neuf, vous avez 10 heures d’autonomie. On connaît donc parfaitement l’autonomie de son appareil, mais au bout d’un an, l’état de la batterie s’est détérioré, sans pour autant qu’on ne sache jusqu’à quel point. Ainsi, lorsque votre téléphone indique 100% de batterie, on ignore de combien d’autonomie on dispose réellement : peut-être quatre ou cinq heures, peut-être moins ! En effet, selon notre usage de l’appareil, l’autonomie restante sera différente. Concrètement, pour un gestionnaire de produits autonomes (sur batteries), nos indicateurs peuvent lui servir à faire de la maintenance prédictive. Jusqu’à présent, les exploitants utilisaient la méthode du maillon faible, c’est-à-dire qu’une batterie rencontrait un problème, il se voyait dans l’obligation de changer l’ensemble de sa flotte, entre autres afin de pouvoir garantir l’expérience utilisateur… Désormais, on peut identifier l’état de santé de chacune des unités en service, et ainsi réduire drastiquement les coûts d‘entretien.

  • Avec le développement de l’éco-mobilité et la nécessité d’accroître la capacité de stockage de l’énergie, de nombreux secteurs pourraient profiter de votre solution… D’après vos prévisions, quel sera le marché le plus porteur ?

Pour l’instant, nous nous adressons surtout aux acteurs qui gèrent une importante flotte de batteries, dans une approche sécuritaire, tant pour les utilisateurs que vis-à-vis du business modèle. Typiquement, on peut prendre le cas des batteries dites de secours. En cas de coupure de courant, des batteries permettent d’assurer le bon fonctionnement du système, et ces dispositifs sont donc critiques. Sans visibilité sur l’état de santé de ces batteries, des agents de maintenance sont dans l’obligation d’effectuer des déplacements quasi permanents pour s’assurer que les systèmes soient toujours en état de fonctionner, ce qui représente évidemment de très importants frais de maintenance. Avec les petits modules électroniques que nous avons développés, nous pouvons non seulement moduler la charge, mais comme ces derniers sont également communicants, toutes les données vont pouvoir remonter sur le cloud et donner à nos clients la visibilité sur l’état de leurs installations. Et ainsi, la surveillance et la maintenance pourront être réalisées à moindre coût.  

  • Vous avez des liens très étroits avec le CEA, quelles sont vos relations de travail avec cet organisme ?

Comme vous le savez sans doute, PowerUp est une émanation du CEA. Nous travaillons avec le laboratoire batterie du CEA Liten – un institut spécialisé dans les énergies renouvelables. Pour la petite histoire, tout a commencé avec ma première société Lumila qui avait justement pour objectif d’optimiser les éclairages de sécurité pour la SNCF. Afin d’élaborer cet outil, nous avons opté pour l’utilisation de batteries au lithium, une technologie qui m’était assez peu familière à l’époque, c’est la raison pour laquelle nos équipes se sont initialement tournées vers le CEA. Après avoir co-élaboré une première preuve de concept, le CEA a décidé d’exploiter les brevets déposés à travers une start-up : PowerUp !

Depuis, les relations avec le CEA sont restées excellentes. D’ailleurs, certains chercheurs du CEA sont désormais salariés de Power-up. Néanmoins, pour tous les sujets de R&D, nous continuons d’entretenir une collaboration très étroite, car les réactions chimiques sont tellement complexes, que cela demande des moyens en recherche et développement qu’aucune start-up n’est capable de fournir exclusivement en interne… 

  • Vous participez au concours EDF Pulse, pouvez-vous nous dire deux mots sur cette aventure ?

On a rencontré EDF à Las Vegas lors du Consumer Electronic Show (CES) 2018. Ensuite, les agents d’EDF Nouveaux Business se sont rapidement montrés intéressés par nos travaux. Nous avons donc été mis en contact avec les experts batteries d’EDF, pour voir si nos connaissances pouvaient s’avérer complémentaires avec leurs projets. Et comme c’était effectivement le cas, nous avons commencé à travailler avec eux. Dès lors, ils nous ont conseillé de participer au concours EDF Pulse. Nous les avons alors accompagnés à Vivatech, ce qui fut une très bonne expérience, qui nous a octroyé une grande visibilité… Nous avons notamment pu rencontrer sur le salon le groupe Total, mais aussi plusieurs filiales du groupe.

  • Vous êtes en train de réaliser une levée de fonds, avez-vous pu bénéficier de financements publics ou vous êtes-vous prioritairement adressés à des investisseurs privés ? Plus globalement, que pensez-vous du financement de la R&D énergétique en France ?

Actuellement nous sommes aidés par le fonds d’investissement Supernova 2, dans lequel le CEA Invest a des participations. C’est eux qui nous coachent pour la levée de fonds et qui nous ont permis de rencontrer plusieurs organismes spécialisés. Nous aurons d’ailleurs finalisé les dossiers dans le courant du mois de septembre 2018, l’objectif étant de récolter environ 1,5 million d’euros.

En France, il y a quand même beaucoup d’initiatives pour favoriser les jeunes entreprises innovantes. En ce qui concerne les grands plans annoncés par le gouvernement par contre, je ne sais pas vraiment dans quelles mesures ils pourront bénéficier aux petites structures, car c’est souvent les grandes entreprises qui sont en première ligne dans ces projets. En revanche, il existe de nombreux outils développés par les régions, ou des concours d’innovation tel que PM’up de la région Ile-de-France et qui permettent d’obtenir des subventions pouvant aller de 50 à 100 000 euros…

Rédigé par : Josselin Priour

Josselin Priour
Fondateur de la start-up PowerUp, finaliste du prix EDF Pulse 2018, catégorie Smart City.
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