Filière hydroélectrique française : entre bonnes performances et incertitudes

Filière hydroélectrique française : entre bonnes performances et incertitudes

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La première moitié de l’année 2018 a été historique pour les énergies renouvelables : d’après RTE, entre avril et fin juin, 31% de l’électricité consommée en France provenait des énergies renouvelables. C’est le plus haut score jamais enregistré dans l’Hexagone, et ce bon résultat est largement porté par les excellentes performances de la filière hydroélectrique. Car si les énergies renouvelables sont souvent synonymes de solaire ou d’éolien, c’est bien l’hydroélectricité qui sert de locomotive aux énergies vertes en France. Et même si la filière hydroélectrique est déjà bien développée sur le territoire, il reste encore beaucoup de potentiel à exploiter en matière de petite hydroélectricité.

Une météo profitable pour la filière hydroélectrique

La filière hydroélectrique française est en pleine forme, et c’est ce que prouve le rapport publié par EDF le 31 juillet d2018. EDF y dresse le bilan de la production des énergies renouvelables en France pour la période d’avril à juin. Et c’est la filière hydroélectrique qui se démarque grâce à une augmentation de sa production. D’après les chiffres d’EDF, la filière hydroélectrique a assuré à elle seule une production de 29,3 TWh, soit une augmentation de 37,6% de la progression d’électricité dans les centrales hydrauliques par rapport à la même période en 2017. C’est le plus haut niveau de production enregistré sur les quinze dernières années. Une excellente performance largement portée par la météo du début d’année 2018 : les pluies abondantes au printemps, ainsi que les chutes de neige en grandes quantités, ont été des facteurs cruciaux pour booster la production des centrales hydrauliques françaises. A elle seule, la filière hydroélectrique a donc couvert 20% de la consommation d’électricité nationale.

Hydroélectrique : l’énergie verte la plus produite en France

Si les bons résultats de la filière hydroélectriques au deuxième trimestre 2018 sont liés à une météo favorable, ils s’inscrivent aussi dans une tendance plus large. En effet, l’hydraulique reste encore aujourd’hui l’énergie verte la plus produite sur le territoire français, et la seconde source de production électrique au niveau global, derrière le nucléaire. Alors que l’hydraulique représente 20% de l’électricité consommée, l’éolien, le solaire et les bioénergies ne pèsent encore que 10% quand on les cumule.

De fait, le potentiel naturel de la France et la puissance déjà installée font de l’Hexagone le troisième pays européen en matière de production hydroélectrique. A l’heure de la transition énergétique, la filière est plus que jamais un atout pour le développement de l’électricité verte. Pourtant, tout le potentiel hydroélectrique français n’a pas encore été exploité. D’après le Conseil Mondial de l’énergie, le potentiel total de la France serait de 100 TWh par an. En 2017, l’hydraulique n’a pourtant représenté que 52 TWh. Pour progresser dans l’exploitation du gisement hydroélectrique, la France compte faire le pari de la petite hydroélectricité. Le gouvernement vient d’ailleurs de dévoiler la liste des lauréats du premier appel d’offres lancé par le ministère de la transition énergétique afin de développer quatorze projets de petites centrales hydroélectriques.

Investissements et risques météorologiques : quel avenir pour la filière hydroélectrique ?

Tandis que la filière hydroélectrique française enregistre une production en nette augmentation, capable de tirer vers le haut l’ensemble du secteur renouvelable, elle est aussi confrontée à un certain nombre de doutes en ce qui concerne son avenir. Car si une météo clémente peut booster sa production, les risques de sécheresse liés au dérèglement climatique pourraient également entraîner une dangereuse baisse de production dans les années à venir. Le phénomène a déjà été observé en Norvège, au Royaume-Uni et en Espagne. Le cas s’est aussi présenté en France en 2017 : au printemps, le manque de pluie avait entraîné une chute drastique de la production hydraulique française. A cause du niveau très bas des réservoirs d’eau, les centrales hydrauliques avaient enregistré un recul de production de 35,5% en avril 2017 par rapport à 2016.

Autre incertitude du côté de la gestion du parc hydraulique français, où de nombreux changement devraient aussi intervenir. Mis en demeure par la Commission européenne, le gouvernement s’est prononcé en février dernier en faveur d’une ouverture des concessions hydrauliques à la concurrence. Mais du côté des professionnels de la filière, on s’inquiète des conditions de mise en oeuvre de cette ouverture à la concurrence, tout en réclamant un processus juste et équitable. Ils ont également réclamé des allégements de charges ainsi que des exonérations fiscales pour assurer le dynamisme de la filière. La démission soudaine de Nicolas Hulot le 28 août au matin renversera-t-elle le cours des événements pour la filière hydroélectrique ? L’avenir nous le dira…

© Photo : EDF – AMSELLEM BRUNO

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Dans la gamme assez variée d’énergie hydro sans impact sur l’environnement, fiable, durable et à coûts souvent compétitifs, et parmi d’autres :

    – les rivières aux lits non fixes (et bancs de sables mouvants) ont manifestement du potentiel (par exemple environ 10% de la consommation électrique aux Etats-Unis pour ces seuls types de rivières pourtant non majoritaires)

    https://techxplore.com/news/2018-08-energy-sandy-riversan-untapped-renewable.html

    – et les chutes d’eau apparentes ou non (bien plus nombreuses) de montage. Une étude du département hydro de l’université de Munich entre autres, avait recensé le potentiel en Europe avec l’avantage que çà n’a pas d’impact sur l’environnement, en plus çà ne se voit pas et le potentiel est encore bien plus élevé.

    On a souvent plein d’énergie sous le nez à proximité d’où la nécessité d’approches variées au lieu d’un modèle limité unique et de comparer les différentes options à disposition, tous paramètres confondus et en toute indépendance.

    Répondre
  • Je doute des chiffres de l’article, l’essentiel des equippement possibles sont déja réalisés. Si éventuellement, il restait quelques gros gisements, je doute que l’on arrive à les implanter (Sivens…)

    Il ne reste que les petits gisement à re-equipper. Pour rappel, la petite hydraulique a été le fleuron du développement économique au moyen age avant l’arrivée du charbon. Les 100000 moulins sont presque tous à l’arrêt aujourdhui, victimes, à l’époque, de la concurrence du charbon bon marché.
    Maintenant que cette concurrence a disparu (il reste celle du nucléaire, mais avec les subventions, c’est de nouveau rentable de les relancer), peu de moulins sont repartis car les contraintes administratives sont telles qu’il n’est pas envisageable de le faire pour leur propriétaires.

    Actuellement la mode est plutôt à la destruction de ces ouvrages et à l’abrogation des droit d’eau (dont certains remontent à l’époque gallo-romaine), car certains “specialistes” ont décidé que les moulins étaient la cause de la disparition du poisson dans les rivieres… Bon les moulins étaient la avant la disparition du poisson, mais on va pas s’encombrer de ce genre de raisonnement, on rase point barre…

    Escrologie, quand tu nous tient…

    Donc n’y comptez pas trop!

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