Entre appels d’offres et recours en justice, l’avenir de l’éolien en question - L'EnerGeek

Entre appels d’offres et recours en justice, l’avenir de l’éolien en question

Si les éoliennes se multiplient en France à un rythme croissant (la filière a battu un nouveau record de raccordement en 2017), elles peuvent être parfois mal acceptées voire rejetées par les populations locales qui y voient une source de pollution visuelle et sonore. Certaines installations mises en service sans concertation aucune des riverains sont même aujourd’hui complétement bloquées du fait de recours à répétition, et laissent planer le doute sur la capacité de la filière à jouer pleinement son rôle dans la transition énergétique. Explications.

Une filière éolienne en pleine croissance 

Plébiscitées par le gouvernement, les filières éoliennes terrestre et offshore peuvent être rassurées. Elles bénéficient aujourd’hui du soutien total du ministère de la Transition écologique et solidaire qui y voit le moyen de diversifier à long terme nos sources énergétiques et de compenser la fermeture des centrales à charbon et la baisse programmée de la part du nucléaire dans le mix électrique national. Avec un parc de 13 700 mégawatts (MW) de capacité installée, et entre 2 000 et 5 000 MW de projets en cours selon les professionnels, la France serait sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs en la matière (entre 21 800 MW et 26 000 MW pour l’éolien terrestre d’ici 2023).

Les six premiers projets de parcs éoliens en mer ont finalement été confirmés par Nicolas Hulot au mois de juin suite aux renégociations entreprises avec les exploitants sur la question des tarifs d’achat. 22 lauréats se partagent depuis mars 2018 (et le résultat du dernier appel d’offres en date) un total de 500 MW à un prix moyen pondéré de 65,40 euros le mégawattheure, et la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) doit rendre publics les résultats d’un nouvel appel d’offres de 500 MW dans les jours à venir. Mieux encore, le gouvernement prévoit de publier d’ici la rentrée un arrêté destiné à simplifier les procédures administratives applicables à la filière et à accélérer encore davantage le déploiement de l’éolien dans l’Hexagone, à la suite des conclusions rendues par le groupe de travail sur l’éolien. Bref, un scénario idyllique pour les professionnels du secteur chargés d’atteindre entre 10% et 12% de la consommation électrique française d’ici à 2023, contre seulement 4% aujourd’hui.

Un développement à outrance qui inquiète 

Problème, si le ciel semble dégagé et l’avenir plein de promesses pour les acteurs de la filière, certaines voix commencent à s’élever pour dénoncer la multiplication des turbines dans nos campagnes et les dérives d’un développement à outrance de l’énergie éolienne. Dix parlementaires de La République En Marche et des Républicains ont même demandé mercredi 20 juin un moratoire au gouvernement pour stopper purement et simplement la construction d’éoliennes en France, au motif qu’elles défigureraient le paysage. Si cette requête avait peu de chance d’aboutir compte tenu des orientations choisies par le gouvernement, elle est le signe que la politique du « tout éolien » est loin de faire l’unanimité dans les territoires et que la question de son développement n’est pas réglée.

Dans le Larzac par exemple, au cœur du Parc Naturel Régional des Grands Causses, une zone protégée classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cinq turbines installées à un kilomètre du village de La Bastide-Pradines (Larzac-Sud) concentrent les critiques. Accusées de défigurer le paysage et de massacrer des oiseaux migrateurs et autres espères protégées (un aigle royal notamment), ces éoliennes avaient été installées sans concertation et sont aujourd’hui bloquées suite à un recours de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux). L’appel déposé en réponse par l’exploitant fait craindre une bataille judiciaire de longue durée durant laquelle les turbines continueront de diviser les populations locales… sans produire aucune énergie.

Une énergie intermittente insuffisante ? 

De manière générale, les recours juridiques à l’encontre des projets de parcs éoliens terrestres ou marins ne cessent de se multiplier et dénotent de la fragilité d’une énergie que tout le monde soutient tant qu’elle ne vient pas s’installer près de chez soi. « Plus de la moitié des projets éoliens sont ralentis ou bloqués avec succès par des recours juridiques, et parce que les règles de construction, pourtant très permissives, souvent ne sont pas respectées », explique Bruno Comby, Président de l’AEPN (Association des Ecologistes Pour le Nucléaire).

Source de pollution sonore et visuelle, les éoliennes ne seraient pas non plus la solution tant espérée dans le cadre de la transition énergétique, du fait de leur caractère intermittent. En effet, malgré un développement croissant et des tarifs de plus en plus compétitifs, l’énergie éolienne (à l’instar de l’énergie solaire) ne pourra assumer à elle seule les exigences de notre alimentation électrique sans l’aide d’aucune énergie de complément. Les énergies renouvelables restent liées au développement de nouvelles technologies efficientes en matière de stockage de l’électricité, et l’état actuel des connaissances ne permet pas de dépasser les conséquences de cette intermittence sur la stabilité et la sécurité du réseau d’approvisionnement. « Une source d’énergie variable, voire intermittente (éolienne) ne peut techniquement pas remplacer une énergie permanente et pilotable à volonté (nucléaire et hydraulique). La France ferait donc mieux de suivre sa voie en restant basée sur le nucléaire et l’hydraulique pour produire une électricité décarbonée, abondante, propre, souple (à la demande) et bon marché », conclut Bruno Comby.

Rédigé par : La Rédaction

La Rédaction
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COMMENTAIRES

  • Parc éolien de Tignė dans le maine et loire. La victoire de la corruption et de la fraude. Mais pour #sauver la planete# rien n’est trop beau !

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  • L’éolien à tout son sens s’il est couplé à des systèmes de stockage qui pour certain existe déjà et pour d’autres sont à développer : station pompage-turbinage, volant à inertie, centrale de production d’hydrogène, …

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  • Cet article est un plaidoyer contre l’éolien, contrevérités à l’appui. Il exprime les idées de Bruno Comby, ce soi-disant « écologiste », qui est partisan du nucléaire et opposé à tout éolien. Qui préfère les déchets radioactifs et les gaz à effet de serre aux énergies renouvelables (l’éolien est le pilier de la transition énergétique).
    Il mentionne une « politique du tout éolien », laquelle n’a jamais été prônée par qui que ce soit, même par les plus pro éoliens ! Tout le monde sait bien qu’une transition énergétique réussie passe par un mix varié et adapté d’énergies.
    Pourquoi prendre l’exemple du Larzac, où ces 5 éoliennes n’ont pas leur place en plein cœur du Parc Naturel des Grands Causses ? Pourquoi ne pas prendre plutôt le bon exemple du parc de Chamolle dans le Jura, où les 6 éoliennes de 3 MW, 200 m de hauteur, installées sur une ligne de crête venteuse, ont été bien acceptées par la population et sont bien adaptées aux lieux ?
    BIEN MEILLEUR EST VOTRE ARTICLE SUIVANT où est interviewé Roy Mahfouz, président de la Commission environnement de FEE (France Energie Eolienne) et président d’H2air : Selon Roy Mahfouz “notre monde est en train de changer grâce à l’éolien et au solaire” !

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  • Bruno Comby n’est pas opposé à l’éolien et a même voulu en mettre chez lui ! Il a opté notamment pour le solaire thermique, le puits canadien et la pompe à chaleur !

    Mais il n’est pas à l’origine spécialisé en énergie et c’est malheureusement le cas de trop de gens venus sur le tard qui ont improvisé sur des sujets souvent nouveaux et en évolutions alors que cela nécessite des compétences de plus en plus variées tout en étant chacune de plus en plus pointues et des approches ouvertes.

    Même chez les scientifiques il a fallu des évolutions et si les données sont souvent stratégiques et ne peuvent être toutes communiquées, les coopérations d’ensemble donnent des résultats qui sont de plus en plus affinés et efficaces.

    C’est par exemple en bonne partie le cas de cette étude sortie le 26 juillet courant et données de modélisations réelles sur très longues durées (30 ans) et qui fait référence à de nombreuses autres qui permet notamment de mieux cerner la réalité et les points les plus efficaces à traiter en Europe pour avancer le plus efficacement.

    “En se basant sur 30 ans de données météorologiques, les scientifiques ont examiné et modélisé l’impact des énergies renouvelables sur le secteur de l’électricité jusqu’en 2030.

    Les travaux démontrent qu’en dépit de la nature imprévisible de l’énergie éolienne et solaire, le système électrique européen peut produire confortablement au moins 35 % de son électricité en utilisant ces seules énergies renouvelables, sans impact majeur sur les prix ou la stabilité du système.

    Leurs modèles estiment que l’Europe pourrait utiliser des énergies renouvelables pour plus des 2/3 de son électricité d’ici 2030, dont plus d’1/3 proviendrait de l’éolien et du solaire.

    Ils estiment que leurs modèles et leurs données pourraient être utilisés pour décrire une variété de scénarios possibles pour aider les décideurs à mieux comprendre la fiabilité et l’impact de l’énergie renouvelable, y compris les impacts d’un passage à des systèmes d’électricité 100 % renouvelable.

    L’impact des renouvelables intermittentes est plus important en Pologne en raison de sa forte dépendance à l’égard du charbon. Ainsi une augmentation absolue d’un point de pourcentage de la pénétration des ENR intermittentes donne une réduction minimale de 7 kg/MWh de l’intensité de carbone du réseau. Par contre, le Danemark a des pénétrations d’ENR beaucoup plus élevées et donc moins de capacité à décarboniser davantage à l’aide d’ENR intermittentes. (ce que le Danemark a bien compris en développant le stockage, le solaire thermique etc).

    Cette analyse pourrait aider à orienter les investissements dans de nouvelles capacités d’ENR afin d’être plus efficaces dans l’atténuation du carbone et dans une plus grande interconnexion entre les pays pour limiter leur dépendance à l’égard de la production à forte intensité de carbone.”

    https://ars.els-cdn.com/content/image/1-s2.0-S254243511830285X-mmc2.pdf

    En bref c’est ce type d’études et de modélisations sur des données longues et réelles et qui sont les plus ouvertes possibles qui permet de trouver les meilleures options possible.

    L’interview de tel ou tel n’est qu’une opinion personnelle très incomplète et malheureusement un peu trop souvent orientée.

    Les canicules sont de plus en plus fréquentes et les études sur leurs impacts sur les réseaux énergétiques démontrent que le nucléaire est fragilisé durant ces périodes comme on le voit de nouveau en France avec la mise à l’arrêt de plusieurs réacteurs ou en Suède entre autres. Donc nous reparler de l’intermittence de l’éolien ou de l’absence de stockage est un discours qui a plus de 20 ans d’âge et n’est pas réaliste face aux réalités, mesurées et démontrées de multiples fois, et qui nous fait perdre du temps.

    De même le mécontentement des français à l’égard de l’éolien quand il est proche de chez eux est très limité dans toutes les enquêtes indépendantes et autour de 7% seulement.

    En Allemagne où le modèle citoyen s’est largement développé plus de 50% des allemands sont impliqués et y ont investi ce qui est très élevé puisque les éoliennes ne sont pas dans les villes et que ce sont bien des investissements dans une énergie locale qu’ils ne remettent pas du tout en cause.

    De même toutes les modélisations 100% d’énergies renouvelables n’ont jamais prétendu qu’il fallait couvrir la France d’éoliennes.

    Et combien de fois faudra-t-il rappeler que l’on travaille sur le réseau Entso-E de 39 pays et 41 opérateurs et qu’au dessus se développe le réseau international Geidco, donc on ne raisonne pas avec une lorgnette.

    Je rejoins là aussi Charentas pour dire que le problème de fond n’est plus depuis longtemps de savoir si les renouvelables sont possible car il est évident qu’elles le sont, mais comment optimiser au mieux le réseau européen et plus largement international comme le font les nombreux pays membres de Geidco pour avoir une énergie la plus accessible, la plus sûre, la moins chère, la plus efficiente, la moins polluante etc. même si çà passe bien sûr après l’efficacité énergétique qui est prioritaire à privilégier et encore trop souvent laissée de côté.

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