Ces sujets qui ont fait l’actualité « énergie » en 2016

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Entre le développement des énergies renouvelables en pleine expansion, les innovations dans le secteur du thermique et les débats houleux dont fait ...

Ces sujets qui ont fait l’actualité « énergie » en 2016 - © L'EnerGeek

Entre le développement des énergies renouvelables en pleine expansion, les innovations dans le secteur du thermique et les débats houleux dont fait l’objet le secteur du nucléaire, la France a connu une actualité énergétique 2016 passionnante sur laquelle «  L’Energeek  » se propose de revenir.

2016 est sur le point de s’achever et, le moins que l’on puisse dire, c’est que la première année civile d’application de la transition énergétique, promulguée en août 2015, a été riche en événements dans le secteur de l’énergie. Passage en revue non exhaustif des sujets qui ont marqué ces douze derniers mois.

Thermique  : « Bouchain apporte énormément de flexibilité »

Outre le développement des énergies vertes – qui devraient représenter 40 % de la consommation électrique d’ici 2030 –, la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte (LTECV) a entériné la diminution corollaire des énergies fossiles – 32 % du mix énergétique. Extrêmement polluantes et émettrices de gaz à effet de serre, ces dernières voient leur avenir sérieusement mis en danger, à moins qu’un effort de modernisation des centrales soit effectuée afin d’atténuer leurs rejets carbone. C’est précisément l’effort qui a été réalisé dans la centrale au gaz de Bouchain (Nord), qualifiée de « centrale électrique la plus efficace au monde ». La raison de ce succès tient en un terme: le « cycle combiné gaz » (CCG).

Issu d’un partenariat industriel signé en 2011 entre EDF et General Electric (GE), la CCG nouvelle génération de Bouchain a été mise en service le 26 juillet dernier. Présent lors de son inauguration le 17 juin 2016, Jean-Bernard Lévy, patron de l’électricien français, n’avait pas manqué de souligner le caractère ultra performant de cet outil. La centrale, d’une capacité installée de 650 MW – ce qui permet d’alimenter en électricité près de 700 000 foyers –, a en effet vocation à remplacer la dernière tranche de la centrale à charbon locale, fermée en 2015.

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D’un point de vue environnemental, la turbine à combustion 9HA de GE Energy est dotée d’un rendement tel – 62,2 %, soit la performance la plus élevée de toutes les technologies de production électrique – que la CCG de Bouchain émet 10 % de CO2 en moins qu’une installation classique. Quant aux émissions globales du site, elles sont réduites de 55 %. Steve Boze, président de GE Power, avait également tenu à souligner, en juin dernier, les apports de la nouvelle centrale en termes de flexibilité sur le réseau électrique. « Alors que la France se tourne de plus en plus vers les énergies renouvelables intermittentes, [la CCG de Bouchain] apporte énormément de flexibilité en pouvant passer de l’arrêt à sa pleine puissance en moins de trente minutes ».

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Photovoltaïque: « Des volumes d’appels d’offres plus élevés »

Une innovation qui permet à la centrale de figurer dans le « Guinness Book » des records, dont les représentants étaient présents lors de l’inauguration. Anecdotique ? Pas pour Jean-Bernard Lévy qui affirmait que « le fait qu’il y ait encore des records à battre dans nos métiers prouve qu’il existe beaucoup de développements technologiques à réaliser et qu’EDF a la volonté d’innover ». La suite, pour l’électricien tricolore: « La modernisation du parc gaz étant terminée, la priorité […] est maintenant d’investir dans les énergies renouvelables […] « . Et il y a de quoi faire.

Jean-Louis Bal à propos des objectifs en matière d’énergies vertes: ils sont « globalement ambitieux mais réalistes ».

En novembre dernier, Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), affirmait dans un entretien accordé à « L’Energeek » (à retrouver ici) que les objectifs en matière d’énergies vertes étaient « globalement ambitieux mais réalistes ». A charge pour les pouvoirs publics, notamment, de les mettre effectivement en œuvre. Car, selon M. Bal, « depuis les lois Grenelle, on est passé de 9 à 15% de renouvelables, ce qui n’est pas pleinement satisfaisant pour atteindre les 23 % en 2020. En suivant les tendances actuelles, on devrait être à environ 18 % seulement ».

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Premier défi: la filière photovoltaïque, « où la progression devrait atteindre environ 1 500 MW par an – alors que, pour le moment, nous sommes à 700 ou 800 MW », précise le président du SER, qui réclame « des volumes d’appels d’offres plus élevés que dans le passé ». Fin novembre, Ségolène Royal, ministre de l’Environnement et de l’Energie, a d’ailleurs présenté devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, le résultat d’un premier appel d’offres national dédié à l’autoconsommation électrique. « L’ensemble des dossiers lauréats sont du solaire photovoltaïque », selon la ministre, et concerne des installations de taille intermédiaire (entre 100 et 500 kilowatts).

Alors que les 72 projets retenus représentent une capacité totale de plus de 20 MW – pour un investissement de 26,4 millions d’euros –, une deuxième tranche de candidature se clôturera le 2 mars 2017. Le point positif, selon Jean-Louis Bal: la « programmation de ces appels d’offres […] Ségolène Royal en [ayant] lancé plusieurs sur trois ans avec des sessions intermédiaires ». Le point négatif – ou qui pourrait l’être: un changement à la tête de l’Etat à envisager en mai 2017. « On espère que ça ne sera pas remis en cause par le prochain gouvernement » nous confiait M. Bal en novembre dernier.

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Nucléaire : EDF « pleinement mobilisé pour assurer le redémarrage des réacteurs »

Car le secteur de l’énergie fera indéniablement partie des débats pré-élection – et même post-élection. Un sujet en particulier devrait cristalliser les débats : l’atome. Il y a quelques semaines, François Fillon, candidat Les Républicains (LR) à la présidentielle, affirmait vouloir « sauver le climat grâce au nucléaire [qui est une énergie] propre [et] un atout économique stratégique en termes d’indépendance ». Yannick Jadot, qui représentera les Verts en mai prochain, estime de son côté qu’une sortie totale du nucléaire est possible d’ici quinze ans. Difficile de trouver deux positionnements plus antagonistes. La preuve, en tout cas, que la question de l’atome – qui garantit aujourd’hui un peu plus de 75 % de la production nette d’électricité – est loin d’être tranchée.

La question de l’atome – qui garantit aujourd’hui un peu plus de 75 % de la production nette d’électricité – est loin d’être tranchée.

Ces dernières semaines, l’actualité du secteur s’est d’ailleurs quelque peu emballée. Fin octobre, une partie du parc des 58 réacteurs nucléaires était mise à l’arrêt, après qu’une teneur excessive en carbone avait été repérée dans l’acier de certains générateurs de vapeur, faisant craindre une pénurie d’énergie et un hiver frisquet. Il n’en sera finalement rien. Le gendarme français du nucléaire, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a estimé lundi 5 décembre que « le redémarrage des réacteurs concernés peut être envisagé », à condition que des « vérifications réacteur par réacteur » soient effectuées, a ajouté Pierre-Franck Chevet, président de l’ASN.

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Thierry Charles, chargé de la sûreté nucléaire au sein de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert français de la recherche sur les risques liés à l’atome, affirme de son côté que « l’avis de l’ASN ne concerne que les réacteurs d’une puissance de 900 MW ». « Pour l’instant, les réacteurs d’une puissance de 1 450 MW n’ont pas reçu d’autorisation de principe, EDF n’ayant pas finalisé le dossier générique ». L’avenir s’éclaircit tout de même pour l’électricien français, qui a pris acte « des annonces de l’ASN et [est] pleinement mobilisé pour assurer le redémarrage des sept réacteurs concernés ».

Le rachat d’Areva NP devrait permettre à l’électricien de confirmer son positionnement stratégique sur le marché mondial de l’atome.

D’autant plus que le rachat d’Areva NP (la branche d’Areva dédiée aux réacteurs) a été acté et signé le 15 novembre dernier, ce qui devrait permettre à l’électricien de confirmer son positionnement stratégique sur le marché mondial de l’atome. Jean-Bernard Lévy estimant en effet que l’objectif poursuivi, à travers cette acquisition, « est l’amélioration de la gestion des offres de la filière française à l’export portant sur l’îlot nucléaire ». Avec la présence sur la scène internationale des groupes russe Rosatom et chinois CGN – avec qui EDF est d’ailleurs engagé dans le projet Hinkley Point en Angleterre –, la concurrence s’annonce rude. En Afrique, notamment, où de plus en plus de pays réfléchissent à l’atome pour augmenter leurs capacités électriques. L’électricien français est d’ailleurs candidat à un appel d’offres en Afrique du Sud, où huit nouveaux réacteurs devraient voir le jour d’ici 2023. Son atout, selon lui  ? Sa « technologie, qui […] est la plus avancée au point de vue sécurité ».

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Transition énergétique : « Léger regain de croissance pour l’économie française »

Retour sur le sol français où les énergies renouvelables (hydroélectricité, éolien, solaire et biomasse confondus) ont produit, au troisième trimestre 2016, 19,3 térawattheures (TWh) de courant, soit 6,6 % de plus que sur la même période l’an dernier. Les énergies vertes ont ainsi représenté près de 20 % de la consommation d’électricité entre juillet et septembre, alors que l’objectif du gouvernement reste la barre des 23 % en 2020. Quoi qu’il en soit, l’amélioration du troisième trimestre est à mettre au crédit des nouvelles capacités renouvelables de l’Hexagone, qui a installé 293 MW de capacités éoliennes, 103 MW de solaire, 12 MW de bioénergies et 9 MW d’hydraulique, pour un total de 417 MW.

Selon l’OCDE, « loin de peser sur les perspectives de reprise économique, la transition énergétique pourrait apporter un léger regain de croissance pour l’économie française ».

De quoi enrayer la chute de la France dans le classement des pays de l’Union européenne (UE) selon la part d’énergies renouvelables ? S’il est trop tôt pour le dire, la transition énergétique, dont le développement des renouvelables est peut-être l’une des mesures phares, est bel et bien sur les rails. Une bonne nouvelle pour l’économie française selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui a rappelé, dans une note publiée le 1er décembre dernier, que « loin de peser sur les perspectives de reprise économique, la transition énergétique pourrait au contraire apporter un léger regain de croissance pour l’économie française au cours des trente prochaines années – et ce, dès le prochain quinquennat ». 

Message à l’attention des candidats à l’élection présidentielle de 2017 ? Possible. Toujours est-il que le processus de transition énergétique, à condition d’être « pleinement lancé dans les cinq prochaines années », aura un « impact positif », d’après l’organisme indépendant qui prévoit, dès 2022, un gain de croissance de l’ordre de 0,4 % du PIB et la création de 183 000 emplois. On peut trouver pire comme vœux de fin d’année.

Crédits photo : Pascal Pochard/SIPA

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2 réponses à “Ces sujets qui ont fait l’actualité « énergie » en 2016”

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    Alan Lemercier

    La France ne devrait surtout pas refuser l’énergie atomique! C’est vraiment écolo et économiquement intéressant. Pour le développement il est nécessaire d’avoir une source d’énergie fiable, alors que pour d’autres sources ce n’est pas le cas pour le moment.

  2. Avatar
    Laurent Barriere

    En effet, la concurrence est forte. Mais c’est pour le mieux, on peut collaborer avec des entreprises réussies. Rosatom, par exemple, construit des réacteurs 3+ et est en train de trouver une solution pour fermer le cycle du combustible.

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2 réflexions au sujet de “Ces sujets qui ont fait l’actualité « énergie » en 2016”

  1. La France ne devrait surtout pas refuser l’énergie atomique! C’est vraiment écolo et économiquement intéressant. Pour le développement il est nécessaire d’avoir une source d’énergie fiable, alors que pour d’autres sources ce n’est pas le cas pour le moment.

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  2. En effet, la concurrence est forte. Mais c’est pour le mieux, on peut collaborer avec des entreprises réussies. Rosatom, par exemple, construit des réacteurs 3+ et est en train de trouver une solution pour fermer le cycle du combustible.

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