Selon le dernier bilan publié mardi 22 novembre par l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), près de 6 millions de ménages français seraient désormais en proie à des problématiques liées à la consommation d’énergie. Un constat d’autant plus alarmant que le « chèque énergie », nouveau dispositif d’aide mis en place par le gouvernement à compter de 2018, pourrait s’avérer très insuffisant.
Un phénomène en progression
Comme définit par la loi Grenelle 2, « est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat« . Une situation qui concernerait aujourd’hui près de 12 millions de personnes en France selon le dernier bilan de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) publié mardi.
« On parle de situation de précarité énergétique lorsque la part des dépenses consacrées à l’énergie est supérieure à 10% des revenus d’un ménage »
Plus concrètement, on parle de situation de précarité énergétique lorsque la part des dépenses consacrées à l’énergie est supérieure à 10% des revenus d’un ménage. la précarité énergétique concerne avant tout les ménages les plus modestes habitant généralement des logements mal isolés. Ces derniers consacrent en moyenne plus de 15% de leurs revenus à leurs factures énergétiques (contre en moyenne 6% pour les plus aisés). Les locataires sont également davantage confrontés que la moyenne à la précarité énergétique tout comme les personnes seules, les familles monoparentales ou les ménages résidant dans des logements anciens. La précarité énergétique est également plus développée en zone rurale, zones où la superficie des logements est globalement plus importante, où le chauffage au fioul est plus développé et ou les dépenses en carburant sont plus élevées.
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Au total, « près de 6 millions de ménages éprouvent des difficultés à payer leur facture de gaz et d’électricité (contre 5,1 millions en 2014), et un millions de ménages cumuleraient une situation d’inconfort thermique (sensation de froid) et de vulnérabilité économique par rapport aux dépenses d’énergie« , indique l’ONPE dans son bilan. Un phénomène en progression qui nécessite, selon l’observatoire, un renforcement des aides aux foyers les plus précaires dans les plus brefs délais.
Un dispositif d’aides élargi à toutes les énergies
Face à cette situation et alors que les tarifs sociaux sont aujourd’hui limités à l’électricité et au gaz, l’ONPE a réclamé l’instauration d’un dispositif d’aide applicable à toutes les énergies, quel que soit le type de chauffage. C’est l’objet des chèques énergie qui remplaceront les tarifs préférentiels d’électricité et de gaz actuellement en vigueur dès 2018. Ils pourront être utilisés pour payer des factures d’électricité, de gaz, ou d’autres sources d’énergie (fioul, GPL, bois…) mais également pour financer des travaux de rénovation thermiques des logements. Dans ce dernier cas, plusieurs chèques pourront être cumulés pendant un maximum de trois ans.
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Actuellement au stade de l’expérimentation, ce nouveau dispositif devrait bénéficier à partir de 2018 à 4 millions de ménages. Fonction des revenus et de la composition du foyer, la valeur moyenne d’un chèque a été évaluée par le ministère à 150 euros. Il pourra ainsi être de 48 euros pour une personne seule et de 227 euros pour un couple avec deux enfants. Le critère d’attribution sera basé sur le revenu fiscal par unité de consommation qui devra être inférieur à 7.700 euros pour une personne seule, 11.150 euros pour un couple et 2.310 euros par personne supplémentaire dans le foyer.
Les chèques énergie sont-il suffisants ?
Bien qu’applicable à tout type d’énergie, ce dispositif n’en demeure pas moins insuffisant en comparaison aux ressources qu’il faudrait mobiliser pour enrayer le phénomène de précarité énergétique. Pire encore, comparé aux tarifs sociaux actuellement en vigueur, ce nouveau dispositif pourrait pénaliser quelques 1,3 million de personnes selon une source proche du dossier citée dans le Parisien.
« Ce dispositif n’en demeure pas moins insuffisant en comparaison aux ressources qu’il faudrait mobiliser pour enrayer le phénomène de précarité énergétique »
« Jusqu’à aujourd’hui, les personnes qui bénéficiaient du tarif de première nécessité (TPN) pour l’électricité mais se chauffaient au gaz et cumulaient avec le tarif spécial de solidarité (TSS) touchaient en moyenne 220 euros par an. Avec le chèque énergie, le montant tombera à 150 euros voire à 70 euros« , apprend-on dans le Parisien. Très loin, donc, du montant estimé nécessaire par l’ONPE. Selon les calculs de l’observatoire, pour sortir d’une situation de précarité énergétique, les besoins d’un ménage (selon sa composition) s’échelonneraient entre 526 et 735 euros d’aide par an.
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Crédits photo : Jean-François Leray – Secours Populaire
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