Et si vos rosiers pouvaient produire de l’énergie et participer à l’approvisionnement électrique de votre habitat ? Voilà une idée digne d’un film de science fiction mais qui pourrait pourtant se concrétiser dans un avenir relativement proche. Des chercheurs de l’université Linköping, en Suède, ont en effet réussi à insérer de véritables circuits imprimés dans le système vasculaire d’une plante, ouvrant la voie à de multiples applications de production et de stockage d’électricité.
L’intégration de polymères synthétiques au sein d’une rose
Publiée le vendredi 20 novembre dernier dans la revue scientifique Science Advances, l’étude du professeur Magnus Berggren et de son équipe propose de faire circuler l’électricité à l’intérieur d’une plante sans l’endommager et profiter ainsi des atouts des organismes végétaux. « Nos travaux ouvrent le champ à de nouvelles technologies et outils basés sur la fusion de composants électroniques organiques dans n’importe quelle plante », explique les auteurs de l’étude.
Pour cela, les chercheurs ont intégré des circuits électroniques au sein de la tige d’une rose via une solution liquide d’eau et d’ethylenedioxythiophene (un mélange biocompatible connu pour ses propriétés de conduction d’électricité).
Puisés en même temps que l’eau, ces polymères synthétiques se sont alors solidifiés dans la structure même de la plante afin de conduire le courant électrique sans pour autant gêner les fonctions vitales du végétal. Un processus facilité par les caractéristiques de la rose connue, selon Magnus Berggren, pour sa capacité à augmenter la concentration en ions divalents dans ses vaisseaux lorsqu’elle y détecte de potentiels agents pathogènes ou substances toxiques. « Cette réaction de défense a facilité l’organisation et la formation des fils électroniques le long des parois intérieures », précise le professeur.
Ce « câblage électrique » de la tige et des nervures des feuilles utilisent les vaisseaux du xylème (l’équivalente des artères) et n’empêchent en rien l’acheminement de l’eau et des nutriments nécessaires à son développement, depuis la base jusqu’aux feuilles.
Produire et stocker de l’énergie solaire
Une fois intégrés, les circuits électroniques de la plante pourraient être utilisés à des fins multiples. Améliorer son fonctionnement interne, mieux comprendre l’évolution et la croissance des espèces végétales via la collecte de données environnementales, mesurer avec exactitude les besoins physiologiques des végétaux et les nourrir de façon optimale au bon moment et sans excès, ces plantes bioniques offrent des perspectives prometteuses et pourraient même dans l’avenir participer à la production d’énergie renouvelable.
Les chercheurs suédois envisagent tout à fait l’utilisation de la photosynthèse dans un but de production électrique. Comme l’explique le professeur Magnus Berggren, « nous pouvons placer des capteurs dans les plantes et utiliser l’énergie stockée dans la chlorophylle, créer des antennes vertes ou produire de nouveaux matériaux ». Ces derniers travaillent d’ailleurs déjà à la création d’une cellule spécialisée placée à l’intérieur de la plante et capable de convertir l’énergie solaire en une énergie chimique convertible à son tour en énergie électrique.
Une ambition qui nécessitera toutefois quelques années d’expérimentation supplémentaires. A ce jour, seul un circuit de 10 cm a été créé le long d’une tige et le câblage entier d’une plante pose encore de nombreuses difficultés.
Crédits photo : Laboratory of organic electronics Linkoping University
Laisser un commentaire