Dans la Vienne, un projet de vente de 630 hectares de terres agricoles à des investisseurs riches suscite l’inquiétude. La ferme, la plus grande du village d’Adriers, a été mise en vente pour 4,3 millions d’euros, un montant presque double du prix attendu par les locaux. Ce projet ne se limite pas à l’agriculture : les nouveaux propriétaires prévoient d’installer des panneaux solaires et des éoliennes sur une partie du terrain, une démarche qui soulève de nombreuses questions sur les dérives de l’agrivoltaïsme.
Un projet controversé
Le maire d’Adriers, Thierry Rolle Milaguet, et la Confédération paysanne sont préoccupés par cette vente. Bien que la ferme ait été mal entretenue par le précédent propriétaire, Pascal Giraud, les plans des nouveaux investisseurs, Jean-Luc Bourrelier et Clément Mabire, visent à transformer cette exploitation en une combinaison d’agriculture et de production d’énergie renouvelable.
Jean-Luc Bourrelier, fondateur de Bricorama, et Clément Mabire, consultant en énergies renouvelables, envisagent d’installer deux jeunes agriculteurs sur les terres et de couvrir jusqu’à 40 % des pâturages de panneaux photovoltaïques. Mabire, convaincu de l’avenir des énergies renouvelables, souhaite démontrer que l’agrivoltaïsme peut coexister avec une agriculture productive et respectueuse de l’environnement.
Les préoccupations des locaux
La conversion des terres agricoles en zones de production énergétique inquiète la Confédération paysanne. Selon Nicolas Fortin, porte-parole de l’organisation, un rapport de l’Inrae a montré une baisse significative du rendement agricole lorsque les terres sont utilisées pour la production énergétique. Cette transformation pourrait détourner l’agriculture de sa vocation première, compromettant ainsi la sécurité alimentaire.
Le prix élevé de la terre pose également problème. À près de 4 500 euros l’hectare, ce montant est bien supérieur aux prix habituels dans la région, rendant difficile l’installation de nouveaux agriculteurs. Mathilde, gérante du dernier commerce de la commune, souligne que pour les jeunes agriculteurs, il est impossible de mettre autant d’argent pour acheter des terres.
Une décision imminente
La Safer Nouvelle Aquitaine, organisme chargé de réguler les ventes de terres agricoles, doit rendre son jugement final le 14 juin. Si la vente n’est pas conclue d’ici le 25 juin, la ferme pourrait être saisie par les créanciers, compliquant encore plus la situation.
Les élus locaux, les syndicalistes de la Confédération paysanne et les militants de l’association Les Prés survoltés tentent de monter un Groupement foncier agricole pour contrer cette offre, mais manquent de temps et de fonds. La Safer a estimé qu’elle aurait besoin de 600 000 euros pour bloquer la vente et trouver un projet de reprise viable, une somme qui n’a pas pu être rassemblée à temps.
Conclusion
La vente de cette immense ferme pour un projet d’agrivoltaïsme reflète les défis et les tensions autour de la transformation des terres agricoles en sites de production énergétique. Alors que les énergies renouvelables sont cruciales pour lutter contre le changement climatique, il est essentiel de trouver un équilibre qui respecte les besoins agricoles et les communautés locales.
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