Le rapprochement énergétique franco-chinois

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Jacques Mirat

Temps de lecture: 3 minutes

Longtemps considérée comme le mauvais élève de la lutte contre le changement climatique, la Chine s’engage progressivement pour l’environnement et ...

crédits : AFPLongtemps considérée comme le mauvais élève de la lutte contre le changement climatique, la Chine s’engage progressivement pour l’environnement et l’instauration d’un développement économique plus durable. Le futur poids lourd du marché mondial de l’énergie propose en effet de nombreuses possibilités de développement pour les énergies décarbonées à l’échelle mondiale. Une nouvelle dynamique à laquelle la France souhaite aujourd’hui s’associer pour des raisons à la fois économiques et climatiques. 

La Chine, un acteur clé du marché mondial de l’énergie

Si la chine reste à ce jour le premier pollueur à l’échelle mondiale et se retrouve confrontée à intervalles réguliers à de graves problèmes de pollution atmosphérique, elle semble en parallèle s’ouvrir progressivement à la cause environnementale et renforce depuis quelques mois son action en faveur du climat.

Le gouvernement chinois a publié l’été dernier une contribution prometteuse fixant son pic d’émissions de CO2 à l’année 2030 et prévoyant une baisse de 60 à 65% de ses émissions par rapport au niveau de 2005. Des ambitions qui impliqueront nécessairement de nombreux bouleversements dans le secteur énergétique chinois et apparaissent aujourd’hui comme de nouvelles opportunités de collaborations et d’investissements.

Pour atteindre ces objectifs, la Chine entend en effet développer ses moyens de production décarbonés au maximum et multiplier les partenariats énergétiques. Pékin mise avant tout sur les énergies renouvelables et nucléaire, sources les plus efficaces actuellement pour lutter contre les atteintes à l’environnement et pour lesquelles, le pays devient progressivement l’un des plus grands producteurs mondiaux.

La Chine est passée par exemple, en 2012, du 9ème au 6ème rang mondial des pays producteurs d’énergie nucléaire. En 2014, Pékin devenait même le 6ème acteur en termes de capacité de production et le 1er pour le nombre de réacteurs en construction.

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La France, un partenaire de premier plan

De son côté, la France, désireuse à l’heure de la COP21 de renforcer la coopération scientifique et technologique entre les pays dans le secteur énergétique, s’affiche comme un partenaire de premier plan et travaille au développement d’une association mutuellement profitable.

Dans le secteur des énergies renouvelables tout d’abord, le projet de centrale solaire thermodynamique de Badaling à 80 km de Pékin réalisé en partenariat avec l’Académie des Sciences chinoise, génère une puissance de 1,5 MW d’énergie solaire et étudie en parallèle de nouvelles capacités de stockage. Ce projet vise en effet à mettre au point un nouveau type de centrale solaire à concentration destiné à optimiser la production d’électricité à partir de miroirs réfléchissants et de stockage de l’énergie sous forme d’huile et de vapeur. Un dispositif qui pourrait permettre à terme de stabiliser la production d’électricité et de répondre ainsi aux problèmes d’intermittence caractéristiques de l’énergie photovoltaïque.

La collaboration franco-chinoise en matière énergétique s’annonce également très prometteuse dans le secteur nucléaire. En effet, après l’annonce de la création historique d’une coentreprise entre EDF et son homologue chinois CGN dans le cadre du financement des deux réacteurs EPR d’Hinkley Point au Royaume Uni, Areva pourrait elle aussi renforcer son association avec la Compagnie nucléaire nationale chinoise. Le groupe français poursuit les discussions engagées avec la CNNC autour du projet d’usine de traitement-recyclage des combustibles usés et pourrait ouvrir son capital à une participation minoritaire de la CNNC, renforçant ainsi ce partenariat stratégique sur l’ensemble de la filière nucléaire.

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D’autres contrats énergétiques ont également été signés ces dernières années. Le groupe Engie notamment, a signé un accord de coopération avec Beijing Entreprise Group (BEG) autour de projets gaziers et d’efficacité énergétique en Chine, comme, par exemple, le stockage de gaz naturel, qui permettra à Beijing Gas, filiale de BEG, de desservir quelque 7 millions de clients.

Un rapprochement prometteur pour le climat

Dans le cadre de la COP21, ce rapprochement franco-chinois s’est concrétisé il y a peu par la signature d’une déclaration commune imposant un mécanisme de révision des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre tous les cinq ans. La France, organisatrice de la conférence sur le climat, espère donc qu’une telle clause fera partie du premier accord universel sur les changements climatiques qu’elle souhaite voir signé en décembre à Paris et compte pour cela sur l’influence de son nouvel allié sur certains pays encore récalcitrants comme l’Inde ou l’Australie par exemple.

Comme l’a déclaré à cette occasion le président François Hollande : « J’attends de la Chine qu’elle puisse […] faire comme nous un travail de dialogue, de conviction auprès d’un certain nombre de pays dont on sait qu’ils vont être déterminants pour que l’accord puisse être trouvé ».

La Chine, chef de fil des 134 pays en développement et émergents du G77, jouit en effet d’une position privilégiée de par son statut mixte de pays émergent et de pays industrialisé, et devrait certainement peser dans la balance lors des négociations à venir. Et jouer, même après l’échéance, un rôle important sur la scène internationale.

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