Transformer les milliers de routes qui jalonnent le territoire français en autant de centrales de production électrique, c’est l’ambition de la société Colas, filiale du groupe Bouygues, qui a dévoilé mardi 13 octobre, à l’occasion du salon world efficiency de Paris, sa dernière innovation technologique. Un revêtement routier photovoltaïque unique au monde baptisé Wattway et permettant de capter l’énergie solaire sans entraver la circulation.
Un revêtement routier solaire innovant
Pensée et conçue par la société française Colas, spécialisée dans les infrastructures de transport, en collaboration avec l’Institut National de l’Energie Solaire (Ines), cette innovation aura nécessité plus de cinq années de recherche et se présente désormais sous forme de dalles directement applicables sur la chaussée.
Ces dalles comprennent des cellules photovoltaïques enrobées dans un substrat multicouche suffisamment translucides pour laisser passer la lumière du soleil et suffisamment résistantes pour supporter la circulation des poids lourds. Connectées à un boîtier latéral en sous-face intégrant les composants de sûreté électrique, les dalles sont adaptables aux routes du monde entier et ne nécessitent aucun travail de génie civil pour être installées.
Selon les ingénieurs du groupe Colas, une portion de route équipée de ces dalles ne nécessiterait pas plus d’entretien qu’une voirie traditionnelle et durerait entre 15 et 20 ans.
Très fin (quelques millimètres d’épaisseur seulement) et à la fois résistant et antidérapant, ce revêtement permet alors de conférer une nouvelle fonction de production d’électricité propre et renouvelable à la route, sans pour autant influer sur sa fonction première de support à la mobilité.
Des perspectives de développement considérables
En terme de capacité de production, les premières expérimentations encadrées par l’Ademe sont des plus prometteuses. 20 m² de chaussée Wattway suffiraient à approvisionner un foyer en électricité (hors chauffage), et 1 km linéaire de route équipée permettrait d’éclairer une ville de 5.000 habitants.
« Si on recouvrait un quart des routes, on assurerait l’indépendance énergétique de la France. En dotant 2,5% des surfaces d’un tel revêtement solaire, on couvrirait déjà 10% des besoins. Cela montre l’enjeu derrière ce projet », assure Hervé Le Bouc, président de Colas.
Dans les régions isolées tout d’abord, où la faible densité de population rend les coûts de raccordement au réseau électrique prohibitifs, la route solaire Wattway permettrait de créer des infrastructures de production d’énergie locales et pérennes, en circuit court. A la différence des fermes solaires, la route n’entre pas ici en concurrence avec les terres agricoles ou les paysages naturels.
Dans les zones urbaines, cette technologie apporterait une énergie renouvelable au plus près des lieux où la consommation d’électricité est la plus élevée et où la demande est en croissance constante. Le dispositif pourrait servir notamment à alimenter les éclairages publics, les panneaux lumineux de signalisation, les tramways ou les véhicules électriques par système d’induction.
« Notre procédé Wattway est aujourd’hui sans équivalent dans le monde. La route solaire participe au défi de la transition énergétique et constitue une brique essentielle de la smart city », ajoute Hervé Le Bouc.
Encore en phase de test actuellement, ce dispositif devrait être commercialisé dès 2016 et pourrait équiper, selon les objectifs de développement du groupe, plus d’un million de mètres carrés de route à l’horizon 2020.
Crédits photo : Colas
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