Dans une étude publiée le 11 septembre par le magazine Science Advance, des chercheurs s’intéressent aux conséquences induites par l’épuisement des énergies fossiles sur l’Antarctique. La revue financée par l’American Association for the Advancement of Science, pointe ainsi le risque de voir complètement disparaitre le continent blanc. Au passage, les scientifiques évoquent notamment la question du budget carbone et de la montée du niveau de la mer.
L’épuisement des ressources fossiles, une menace réelle
Les travaux réalisés par 4 chercheurs de l’Institut Potsdam (Allemagne) s’intitulent : La combustion des ressources disponibles de combustibles fossiles, suffisant pour éliminer la calotte glaciaire de l’Antarctique. Au-delà des mots, Ricarda Winkelmann, Anders Levermann, Andy Ridgwell et Ken Caldeira nous livrent plusieurs chiffres afin de mieux comprendre l’ampleur de la catastrophe qui se prépare.
D’abord, ils estiment qu’avec l’émission de 10 000 gigatonnes de carbone dans l’atmosphère, l’Antarctique deviendrait presque totalement dépourvue de glace. A titre d’information, le dernier rapport d’évaluation du GIEC estime que l’humanité dispose d’un budget carbone global de seulement 1 000 gigatonnes de CO2.
Qui plus est, selon leurs analyses, la fonte de cette importante masse de glace conduirait à une élévation du niveau de la mer d’une cinquantaine de mètres. Dans cette hypothèse, les conséquences seraient alors désastreuses puisque de grandes métropoles telles que New-York, Londres ou Barcelone, seraient alors complètement inondées.
Le « visage de la planète » est en train de changer…
Pour la directrice de l’étude, Ricarda Winkelmann, la conclusion de cette étude est claire : « Nos actions d’aujourd’hui sont en train de changer le visage de la planète telle que nous la connaissons (…) Si nous voulons éviter que l’Antarctique ne voie ses glaces disparaître, nous devons conserver le charbon, le gaz et le pétrole dans le sol. »
Peu de temps auparavant, la revue Nature Climate Change mettait justement en garde contre la hausse du niveau de la mer qui s’accélère. Pour l’équipe dirigée par Christopher Watson (Université de Tasmanie – Australie), cette « accélération est plus importante que celle observée sur la décennie précédente » ; de plus, elle serait « provoquée par la fonte des calottes glaciaires ».
En France, Jean-Pierre Gattuso, du laboratoire d’océanographie de Villefranche (CNRS/UPMC), s’inquiète également des modifications invisibles de notre planète. Il considère également qu’un scénario « business as usual » serait dramatique : « penser qu’on est déconnectés des océans parce qu’on vit au milieu des terres est une grave erreur. Nous y sommes tous reliés », prévient-il.
« Keep it on the Ground » : plus qu’un simple slogan ?
Pour nous aider à nous rendre compte des changements qui sont déjà à l’œuvre, le journal The Guardian a publié une vidéo en mars 2015, reprenant le slogan : « Keep it on the ground ». On y explique notamment que le budget carbone dont on dispose serait en réalité de seulement 556 gigatonnes afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C.
A l’approche de la COP21, la communauté scientifique veut alerter sur la nécessité de modifier la consommation énergétique mondiale. Lors du déplacement en Chine du président français, prévu pour début novembre, le plus gros pollueur de la planète – qui est aussi l’un des plus grand consommateur de charbon – devra nécessairement afficher sa volonté de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
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