Si la décision finale reviendra à l’Etat, actionnaire majoritaire d’EDF, et au groupe Areva, un rapprochement stratégique entre les deux poids lourds de la filière nucléaire française est de plus en plus envisagé au regard des difficultés rencontrées et des pertes records enregistrées par l’industriel en 2014. Sollicité par l’Etat dans ce cadre, le groupe EDF pourrait prochainement formuler une proposition de rachat de l’activité réacteur Areva NP.
Comme l’expliquait cette semaine Jean-Bernard Lévy, président du groupe EDF, lors d’une entretien accordé au journal Le Figaro, « nous sommes en train de préparer une proposition que j’adresserais dans les jours qui viennent au président d’Areva, pour lui proposer qu’EDF achète l’activité réacteur d’Areva. C’est une activité que nous connaissons très bien puisque les réacteurs, nous les avons construit avec Areva. C’est 15.000 salariés qui construisent et exploitent des réacteurs dans le monde entier, c’est un métier que nous connaissons bien ».
Une proposition ambitieuse et respectueuse qui permettra selon M. Lévy de sauvegarder le savoir-faire et les compétences techniques développés au sein du groupe Areva tout en limitant les conséquences d’un plan de restructuration qui semble désormais inévitable. Areva qui a enregistré une perte de plus de 4,83 milliards d’euros en 2014 avait annoncé, le 7 mai dernier, la suppression de 5.000 à 6.000 emplois dans le monde, dont 3.000 à 4.000 en France, dans le cadre d’un plan de redressement. Or, un rapprochement stratégique avec le premier fournisseur d’électricité français permettrait « le rapatriement chez EDF des 1.200 ingénieurs qui sont au quotidien les partenaires des ingénieurs d’EDF concernant la conception et les calculs de sûreté des réacteurs français ».
Un argument de poids qui ne laissera sûrement pas insensible un gouvernement déjà largement favorable à de nouveaux liens commerciaux entre EDF et Areva. Le ministre de l’Economie lui-même avait déclaré récemment que l’organisation la plus efficace de la filière nucléaire passait nécessairement par un rapprochement entre ces deux entités.
Cela étant, et si la volonté d’EDF d’épauler Areva est bien là, Jean-Bernard Lévy a prévenu qu’il ne prendrait aucun risque quant à la santé de son groupe. La transaction, si elle se concrétise, ne pourra se faire qu’au prix du marché et devra prévoir « des garanties pour qu’EDF ne soit pas exposé aux risques liés au passé d’Areva, notamment en Finlande ». « Ma responsabilité est que l’intérêt social d’EDF soit respecté », a conclu à ce sujet le président d’EDF.
En parallèle, ce dernier a également évoqué le cas de l’EPR de Flamanville et confirmé le calendrier prévu. Si des tests et analyses supplémentaires seront bien réalisés à la suite des doutes émis par l’Autorité de sûreté nucléaire au sujet de la conception de la cuve, ces procédures ne devraient pas entraîner de retard supplémentaire.
Crédits photo : David Monniaux
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