La construction du barrage de la Renaissance et son impact sur le Nil ont été pendant de nombreuses années source d’une vive discorde diplomatique entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie. Mais les trois gouvernements semblent s’être finalement mis d’accord sur la manière dont sera développé ce projet hydroélectrique. Les ministres des Affaires étrangères de ces 3 pays ont en effet signé, lundi 23 mars, une déclaration de principe portant sur la construction de cet édifice géant en Éthiopie.
Paralysée par d’importantes pénuries d’électricité qui freinent sa croissance économique, l’Éthiopie décide en 2011 de construire un barrage hydroélectrique de 6.000 MW sur le Nil bleu, dans l’état régional de Benishangul-Gumuz (dans l’Ouest du pays). Un projet pharaonique de 3,2 milliards, qui doit devenir à terme la plus grande centrale électrique du continent africain et qui pourrait fournir de l’électricité du Maroc jusqu’en Afrique du Sud.
Ce projet, symboliquement baptisé barrage de la Renaissance, entraine cependant une importante crise diplomatique entre les pays du bassin du Nil, tous tributaires de l’eau qui s’écoule dans ce mythique fleuve. L’Égypte craint notamment que le débit du Nil soit ralenti, une situation pénalisante pour son approvisionnement en eau potable et ses besoins agricoles et industriels. Des experts affirment notamment que l’Égypte perdrait près de 20% de son eau du Nil pendant la période nécessaire au remplissage de la gigantesque retenue de ce barrage (entre 3 et 5 ans pour 70 milliards de mètres cubes d’eau).
La discorde semble cependant être sur le point de se tasser alors que des représentants des 3 nations africaines se sont rencontrés le 23 mars à Khartoum, capitale du Soudan, pour signer une déclaration de principe détaillant la manière dont les trois pays vont collaborer pour utiliser l’eau du Nil en adéquation avec les intérêts de chacun.
« Je réaffirme que le barrage Renaissance ne causera aucun préjudice aux pays en aval », a insisté le dirigeant égyptien Abdel Fatah al-Sissi. « Nous avons choisi de coopérer, et de nous faire confiance mutuellement dans l’intérêt du développement » d’un barrage qui, au final, « sera bénéfique à l’Éthiopie, sans nuire aux intérêts de l’Égypte et du Soudan ».
Les détails de cet accord n’ont toutefois pas été révélés. Il impliquerait en outre la réalisation d’études portant sur les retombées internationales du projet. La construction de la centrale hydroélectrique devrait s’achever en 2017.
Crédit photo : pierre.boisselet
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