Éclipse solaire : comment l’Europe s’organise pour éviter le blackout

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Livingston Thomas

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Si l’énergie photovoltaïque se développe progressivement en Europe et devrait devenir dans les prochaines décennies une source d’énergie de base ...

EclipseSi l’énergie photovoltaïque se développe progressivement en Europe et devrait devenir dans les prochaines décennies une source d’énergie de base de notre production d’électricité, elle reste toujours confrontée à de nombreux problèmes d’intermittence de sa production et de dépendance aux conditions météorologiques, faute de technologies de stockage suffisamment performantes. Une défaillance brusquement remise à l’ordre du jour par un phénomène naturel impressionnant mais potentiellement handicapant pour l’équilibre de notre approvisionnement électrique. L’éclipse solaire prévue pour le vendredi 20 mars, soit demain matin, fait en effet courir des risques certains de pénurie d’électricité sur toute l’Europe et nécessite une coordination et une solidarité des gestionnaires de réseaux électriques à l’échelle européenne, dans le sens d’un approvisionnement partagé.

Des réseaux européens de plus en plus dépendants du soleil

L’éclipse qui se produira ce vendredi 20 mars entre 9h00 et 12h00, s’étendra en Europe sur plus de 4.000 km du Portugal à la mer Noire. Elle devrait cacher selon les prévisions plus de 80% du soleil entraînant logiquement l’effacement de la majeure partie des 34.000 MW de puissance installée. Les capacités de production solaire ont en effet fortement augmenté sur le Vieux continent depuis le début des années 2000 et un tel événement a désormais de réelles conséquences sur l’équilibre des réseaux électriques nationaux.

« Cette baisse brutale de la production photovoltaïque, si elle n’est pas instantanément compensée par d’autres moyens de production, pourrait faire peser un risque sur l’équilibre du réseau et entraîner des coupures d’électricité« , prévient RTE, dans un communiqué paru ce lundi, en précisant toutefois que la situation restait sous contrôle.

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Une coordination des gestionnaires de réseaux à l’échelle européenne

Mais si les opérateurs de réseaux électriques ne craignent pas de problème de disponibilité des moyens de production, ils redoutent toutefois une rapide dégradation de la fréquence électrique au sein des 34 pays européens interconnectés au début et à la fin de l’éclipse. Pas d’inquiétude pour autant, le réseau européen disposera d’informations suffisamment précises d’ici mercredi ou jeudi concernant les conditions météorologiques lors de l’éclipse pour prévoir les moyens à mettre en œuvre et garantir ainsi l’équilibre entre production et consommation.

Dans ce cadre et car, comme le souligne RTE, « le risque zéro n’existe pas« , les gestionnaires ont mis en place un plan d’action coordonné permettant d’assurer la sécurité d’approvisionnement sur tout le continent. Les réserves de production seront donc augmentées dans chaque pays durant la matinée du 20 mars (+ 50% en France) et d’autres moyens de production, essentiellement hydrauliques, seront mobilisés et pourront être activés en moins de 15 minutes si nécessaire.

Comme l’explique au journal Métro, Jean-Paul Roubin, Directeur du dispatching national de RTE, « nous avons identifié très en amont les problèmes. Tout dépendra des conditions d’ensoleillement le 20 mars. Dans le pire des scénarios, c’est-à-dire par grand soleil, il faudra compenser 30.000 mégawatts d’électricité produite par le photovoltaïque. Nous avons les moyens de rattraper cette chute de production« .

Réunis au sein de l’European Network of Transmission System Operators (Ensoe-E), ces gestionnaires ont désormais l’habitude de travailler de concert pour l’optimisation du réseau européen et ont donc décider de reporter toutes les opérations de maintenance sur les interconnexions aux frontières. Des plans de délestage sont également envisagés en dernier recourt.

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Rappelons enfin qu’un tel scénario avait déjà eu lieu en 1999 et qu’aucune coupure de courant n’avait été à déplorer. La capacité de production photovoltaïque était toutefois bien inférieure à celle d’aujourd’hui. Elle ne représentait que 0,1% de la production d’électricité en Europe contre plus de 10% (lors des pics de production) en 2015.

La France protégée par la puissance de son réseau

Si la situation devrait donc rester sous contrôle partout en Europe, certains pays seront tout de même plus exposés que d’autres au risque des coupures de courant. L’Allemagne par exemple sera la plus exposée, puisque 17 000 MW de capacités de production solaire (sur un total de 40 000 MW) seront touchées. Elle sera suivie de l’Italie (7 000 MW concernés sur 20 000 MW), puis de la France (2 000 MW sur 5 400 MW).

Cela étant, avec seulement 1,1% de sa production nationale assurée par l’énergie photovoltaïque, la France pourra facilement compenser cette perte momentanée et ne court donc pas grand risque. Notre pays est d’ailleurs exportateur d’électricité la plupart du temps et dispose de 14.000 MW de capacités d’échange aux frontières. Une capacité qui pourrait être particulièrement utile à l’Allemagne dont le réseau est globalement déficitaire et qui dispose d’une part plus importante d’énergie solaire dans son mix électrique (5%).

Crédits photo : Stefan Seip

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