Si l’énergie nucléaire est sans doute aujourd’hui l’énergie décarbonée la plus efficace dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, le stockage et la longévité des déchets radioactifs qui en résultent divisent encore populations et spécialistes sur la pertinence de cette énergie à long terme. Une question qui pourrait devenir de l’histoire ancienne si le projet de la start-up TransAtomic venait à voir le jour. Créée par des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), cette société propose en effet de produire de l’électricité à partir de déchets nucléaires via un nouveau type de réacteur. Encore au stade expérimental, le projet TransAtomic a récolté récemment plus de 2,5 millions de dollars de fonds via des investisseurs privés pour poursuivre ses recherches et mettre en place un premier projet pilote.
Un procédé à base de déchets nucléaires plus propre et plus sûr
Mark Massie et Leslie Dewan, tous deux chercheurs au MIT, ont fondé la société TransAtomic en 2010 dans le but de mettre sur pied un nouveau type de réacteur nucléaire révolutionnaire. Appelé WAMSR (Waste Annihilating Molten Salt Reactor), ce réacteur fonctionnerait non plus sur le base de crayons de combustible d’uranium solides utilisés dans les réacteurs traditionnels, mais via un noyau composé de carburant liquide, principalement constitué de barres de combustible « usées » dissoutes dans une solution de sel.
« Les déchets nucléaires ne sont pas vraiment des déchets. Ils contiennent encore une énorme quantité d’énergie« , souligne Leslie Dewan.
Le réacteur permettrait ainsi d’exploiter la quasi-totalité de l’énergie potentielle contenue dans l’uranium, contrairement aux réacteurs traditionnels, qui eux, n’utilisent que 3 à 5% de cette énergie, tout en produisant une énergie totalement décarbonée. Un tel système ne générerait que 2,5% des déchets produits par les réacteurs existants.
Ajouté à cela, ce dispositif serait également plus sûr que les réacteurs existants actuellement. Le carburant liquide utilisé n’aurait pas les mêmes exigences en matière de refroidissement. En cas de problème et d’arrêt du réacteur, le liquide se solidifierait de lui même et serait donc plus sûr que les cœurs de réacteurs actuels exposés à des risques de surchauffe en cas de panne d’électricité.
Des réacteurs moins chers et plus rapides à construire
Autres avantages avancés par TansAtomic, ce nouveau dispositif permettrait de mettre sur pied des réacteurs plus petits et nécessitant des investissements moins lourds.
Les nouveaux financements seront utilisés dans le cadre d’un programme de recherche réalisé au sein même du MIT. Des essais en laboratoire sur les composants clés impliqués dans la conception du réacteur seront effectués dans le but de construire une première installation de démonstration dans les cinq ans à venir.
« Nous voulons être en mesure de sortir de terre une installation prototype en 2020. C’est un calendrier assez rapide dans le domaine nucléaire, mais je pense que c’est faisable avec ce que nous avons jusqu’à présent« , a déclaré Leslie Dewan.
Rappelons que selon les chiffres de l’Institut pour l’énergie nucléaire américain, une centrale nucléaire génère en moyenne vingt tonnes de combustibles usés chaque année, soit un total annuel au niveau international de 2.250 tonnes. Au cours des 40 dernières années, les centrales en activité auraient ainsi produit plus de 71.780 tonnes de combustibles usés. Une quantité de déchets accumulés qui pourrait, d’après les estimations de Leslie Dewan, produire suffisamment d’électricité pour alimenter le monde entier pendant 72 ans.
Laisser un commentaire