Réduction de la part du nucléaire : le Sénat souhaite un délai plus « réaliste »

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Livingston Thomas

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Si l’examen en séance publique du projet de loi relatif à la transition énergétique ne doit débuter que le 10 ...

Sénat_amendement_nucléaireSi l’examen en séance publique du projet de loi relatif à la transition énergétique ne doit débuter que le 10 février prochain, la Commission des Affaires économiques du Sénat a déjà exprimé un premier avis favorable tout en affichant quelques dissensions majeures avec le texte original. Car si les sénateurs se sont déclarés en accord avec la réduction de la part de l’énergie nucléaire à 50% de mix électrique français, il n’ont pas souhaité limiter cet objectif dans le temps, estimant que la date avancée de prime abord (2025) n’était pas réaliste.

Voilà un nouveau coup bas porté à la promesse électorale de François Hollande. Réduire à 50% la part du nucléaire en France à l’horizon 2025, une promesse traduite par la ministre de l’Ecologie dans le projet de loi de transition énergétique pour une croissance verte, mais qui ne cesse de susciter la polémique.

En effet, si le Sénat a clairement affiché sa volonté de parvenir à un accord rapide avec l’Assemblée nationale sur ce texte, il n’en a pas moins marqué sa différence sur le sujet nucléaire en y apportant deux modifications substantielles mais toutefois assez révélatrices des inquiétudes qu’une telle réforme énergétique provoque aujourd’hui.

Tout d’abord, sur le contenu de l’article 1er qui prévoit la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025, la commission n’a pas souhaité revenir sur un objectif qu’elle estime raisonnable mais plutôt sur le délai qui lui était accordé. Elle a de ce fait supprimé la date butoir de 2025, la remplaçant par « à terme », une expression plus générale qui laisserait ainsi une plus grande latitude au gouvernement.

Le plus lu  Le parc nucléaire français adapté à la transition énergétique selon Jean-Bernard Lévy

La commission a également relevé le plafonnement de la capacité de production nucléaire à 64,85 GW, au lieu des 63,2 GW prévus, afin que la mise en service de l’EPR de Flamanville ne se traduise pas, dès 2017, par l’arrêt de 2 réacteurs pour une puissance équivalente. Les sénateurs estiment en effet illogique de fermer des centrales « encore sûres et économiquement profitables » et préconisent une fermeture plus progressive des centrales arrivant en fin de vie.

Comme l’a justifié le rapporteur du texte d’amendement Ladislas Poniatowski (UMP) au journal 20 minutes, « nous préférons être pragmatiques. L’amendement que nous avons adopté vise, tout en adhérant à l’objectif de diversification souhaité par le gouvernement, à assurer une transition réaliste et garante d’une croissance durable ». « La réduction progressive de la part du nucléaire ne doit ainsi pas mettre en péril notre indépendance énergétique ni le caractère à la fois compétitif et peu carboné de notre électricité », a-t-il ajouté.

Le président de cette commission, le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir a par ailleurs profité de l’occasion pour saluer les récentes déclarations de Ségolène Royal, faisant de l’énergie nucléaire une énergie de demain indispensable à la sécurité d’approvisionnement nationale.

Précisons que ces amendements ont été votés par l’UMP, les centristes, le RDSE (à majorité PRG) et les communistes. Les socialistes et les écologistes ont quant à eux voté contre.

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7 réponses à “Réduction de la part du nucléaire : le Sénat souhaite un délai plus « réaliste »”

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    zada

    Promesse de François Hollande totalement irréaliste en effet. Il vaut mieux de réfléchir avant de promettre n’importe quoi.

  2. Avatar
    Gaspar

    En résumé, les pro-nucléaires du Sénat veulent augmenter l’importance du parc nucléaire et repousser aux calendes grecques la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité française.

    Déjà que le projet de loi était très trompeur sur ce sujet …

    http://energeia.voila.net/nucle/ambiguite_nucleaire.htm

    Concrètement, le gouvernement actuel fait autant que le précédent pour empêcher le développement de énergies renouvelables, malgré les effets d’annonce.

    Imaginez, si le tarif T5 pour les grandes installations photovoltaïques n’avait pas été saboté en novembre 2012 avec une réduction brutale de 20%, pour empêcher la construction de telles centrales, leur coût de production serait identique à celui du nucléaire ancien en 2018.

    Ce qui gênerait effectivement le nucléaire, dans sa propagande et dans ses bénéfices.

    1. Avatar
      alain38

      @M. Gaspar
      Vous vous offusquez que le tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque ait été baissé de 20%. Savez-vous qu’il reste quand même plusieurs fois plus élevé que le coût de production de l’électricité d’EDF, à base de nucléaire et d’hydraulique, moyens non émetteurs de GES.
      Et savez-vous aussi que la différence qu’EDF est obligée de prendre à son compte, est ensuite financée par tous les autres consommateurs sous forme d’une taxe (appelée CSPE) laquelle ne cesse d’augmenter rapidement, et majore aujourd’hui nos factures EDF de +15% ?
      Au final, à part celles qui ont les moyens d’investir dans le photovoltaïque afin de s’enrichir, les autres personnes sont taxées « à l’insu de leur plein gré » pour satisfaire à une politique de développement de solaire ou d’éolien qui ne sert strictement à rien. Car ces énergies ne produisent respectivement que 1% à 3% de notre électricité, pour aucun gain écologique. En en revanche, la production aléatoire de ces énergies pose des problèmes techniques au réseau, qui doit compenser leur variation parfois brutale, ce qui coûte d’autant plus au consommateur final et pourrait conduire à des pannes géantes. L’Allemagne n’en est pas loin.

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    Bertrand

    Alors que les anti-nucléaires sont surtout la pour protéger le monopole lobby pétrolier quasiment pas touché par ce projet de loi.

  4. Avatar
    Tic-tac

    La part du pétrole est tellement insignifiante dans la production d’électricité avec 0,8% du total, moins que le solaire, que le  » monopole » pétrolier a disparu depuis longtemps dans ce domaine.

    Pour le gaz, c’est moins que l’éolien dans la production d’électricité.

    Par contre, le nucléaire a du souci à se faire avec ses coûts toujours plus élevés, car ceux des énergies renouvelables diminuent.

    1. Avatar
      alain38

      A Tic Tac
      Ce n’est pas tout à fait exact.
      Car si les tarifs EDF augmentent régulièrement (mais plus modérément que chez nos voisins étrangers), ce n’est pas à cause du nucléaire. Le coût du kWh nucléaire représente environ le tarif HT d’EDF, et il est quasi stable depuis plusieurs années. Ce sont les taxes qui augmentent, donc le tarif TTC : et la taxe qui est la plus responsable des augmentations, c’est la CSPE…. qui représente la subvention au solaire et à l’éolien, payée « à l’insu de leur plein gré » par tous les consommateurs !
      Le gouvernement et certains médias font souvent miroiter le caractère « gratuit » énergies à base de vent ou de soleil, ce qui est doublement faux :
      – leur prix est important, deux à 10 fois plus que le nucléaire, car il faut beaucoup de machines pour produire très peu d’énergie, et ce de manière intermittente
      – le développement ces énergies n’est possible qu’avec des subventions très élevées, qui sont payées par tous les consommateurs c’est à dire tous les citoyens, dont le pouvoir d’achat se trouve ainsi diminué, pour aucun gain écologique.

      1. Avatar
        zada

        Quelle belle « connerie » cette transition énergétique et les citoyens
        /consommateurs ont tout à perdre.

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7 réflexions au sujet de “Réduction de la part du nucléaire : le Sénat souhaite un délai plus « réaliste »”

  1. En résumé, les pro-nucléaires du Sénat veulent augmenter l’importance du parc nucléaire et repousser aux calendes grecques la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité française.

    Déjà que le projet de loi était très trompeur sur ce sujet …

    http://energeia.voila.net/nucle/ambiguite_nucleaire.htm

    Concrètement, le gouvernement actuel fait autant que le précédent pour empêcher le développement de énergies renouvelables, malgré les effets d’annonce.

    Imaginez, si le tarif T5 pour les grandes installations photovoltaïques n’avait pas été saboté en novembre 2012 avec une réduction brutale de 20%, pour empêcher la construction de telles centrales, leur coût de production serait identique à celui du nucléaire ancien en 2018.

    Ce qui gênerait effectivement le nucléaire, dans sa propagande et dans ses bénéfices.

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    • @M. Gaspar
      Vous vous offusquez que le tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque ait été baissé de 20%. Savez-vous qu’il reste quand même plusieurs fois plus élevé que le coût de production de l’électricité d’EDF, à base de nucléaire et d’hydraulique, moyens non émetteurs de GES.
      Et savez-vous aussi que la différence qu’EDF est obligée de prendre à son compte, est ensuite financée par tous les autres consommateurs sous forme d’une taxe (appelée CSPE) laquelle ne cesse d’augmenter rapidement, et majore aujourd’hui nos factures EDF de +15% ?
      Au final, à part celles qui ont les moyens d’investir dans le photovoltaïque afin de s’enrichir, les autres personnes sont taxées « à l’insu de leur plein gré » pour satisfaire à une politique de développement de solaire ou d’éolien qui ne sert strictement à rien. Car ces énergies ne produisent respectivement que 1% à 3% de notre électricité, pour aucun gain écologique. En en revanche, la production aléatoire de ces énergies pose des problèmes techniques au réseau, qui doit compenser leur variation parfois brutale, ce qui coûte d’autant plus au consommateur final et pourrait conduire à des pannes géantes. L’Allemagne n’en est pas loin.

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  2. La part du pétrole est tellement insignifiante dans la production d’électricité avec 0,8% du total, moins que le solaire, que le  » monopole » pétrolier a disparu depuis longtemps dans ce domaine.

    Pour le gaz, c’est moins que l’éolien dans la production d’électricité.

    Par contre, le nucléaire a du souci à se faire avec ses coûts toujours plus élevés, car ceux des énergies renouvelables diminuent.

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    • A Tic Tac
      Ce n’est pas tout à fait exact.
      Car si les tarifs EDF augmentent régulièrement (mais plus modérément que chez nos voisins étrangers), ce n’est pas à cause du nucléaire. Le coût du kWh nucléaire représente environ le tarif HT d’EDF, et il est quasi stable depuis plusieurs années. Ce sont les taxes qui augmentent, donc le tarif TTC : et la taxe qui est la plus responsable des augmentations, c’est la CSPE…. qui représente la subvention au solaire et à l’éolien, payée « à l’insu de leur plein gré » par tous les consommateurs !
      Le gouvernement et certains médias font souvent miroiter le caractère « gratuit » énergies à base de vent ou de soleil, ce qui est doublement faux :
      – leur prix est important, deux à 10 fois plus que le nucléaire, car il faut beaucoup de machines pour produire très peu d’énergie, et ce de manière intermittente
      – le développement ces énergies n’est possible qu’avec des subventions très élevées, qui sont payées par tous les consommateurs c’est à dire tous les citoyens, dont le pouvoir d’achat se trouve ainsi diminué, pour aucun gain écologique.

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