En France, la loi de transition énergétique devrait entraîner, à court et à long termes, d’importantes évolutions en matière de production, mais également de transport et de flux d’électricité. La transformation du mix énergétique doit, dès aujourd’hui, amener les opérateurs à penser le réseau électrique du futur.
Repenser le transport de l’électricité à l’aune de la transition énergétique
RTE, la filiale autonome d’EDF en charge du fonctionnement du réseau électrique national à haute et très haute tension, vient de publier et de mettre en consultation – jusqu’au 19 décembre – son dernier schéma décennal de développement du réseau de transport d’électricité. L’objectif ? Préparer le système électrique de demain.
Au total, 1,5 milliard d’euros seront investis chaque année par RTE sur la période 2015-2024. C’est 100 millions d’euros de plus que lors du plan décennal précédent. Ce montant couvre les investissements visant à développer le réseau (1 milliard), à renouveler les équipements vieillissants (400 millions) et à mettre au point des systèmes d’information et de télécommunications destinées à rendre le réseau “intelligent” (100 millions).
Au cours des dix prochaines années, RTE envisage de mettre en oeuvre pas moins de 365 projets : 58 opérations sur les liaisons aériennes (incluant plusieurs projets de dépose), 102 constructions de liaisons souterraines et 205 aménagements de postes électriques.
La potentielle fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, ainsi que la mise en oeuvre de la loi de transition énergétique qui prévoit, à terme, de limiter la part du nucléaire à 50% de la production électrique française, entrent en compte dans la définition du réseau électrique du futur. Car, comme le souligne RTE, le développement concomitant des énergies renouvelables devrait entraîner “une plus grande variabilité de la production et des flux d’électricité en Europe”. Cela en raison du caractère intermittent des énergies solaire et éolienne.
Priorité aux interconnexions avec les pays limitrophes
Parmi les investissements destinés à moderniser le réseau électrique français, la priorité sera donnée aux interconnexions avec les pays limitrophes. “le renforcement des interconnexions est essentiel à la solidarité européenne, indique RTE. Il sécurise l’approvisionnement de la France comme celle de ses voisins”.
La plupart du temps, la France fournit de l’électricité à ses pays voisins grâce à ses capacités de production nucléaire et hydraulique abondantes. Toutefois, lors des pics de consommation constatées en période hivernale, la France importe de l’électricité. Géographiquement située au carrefour des échanges à l’Ouest de l’Europe, la France doit donc impérativement s’interconnecter avec ses voisins.
Ainsi, un renforcement de l’interconnexion avec l’Espagne est d’ores et déjà prévu dès 2015, à l’Est des Pyrénées. Par ailleurs, d’autres liaisons potentielles sont actuellement étudiées, avec l’Espagne, la Grande-Bretagne, ou encore l’Irlande. “Toutes frontières confondues, près de 10 GW d’accroissement des capacités d’interconnexions sont à l’étude ou en projet pour une mise en service dans la décennie”, indique RTE.