L’accident qui s’est produit, au mois de mars 2011, à la centrale nucléaire de Fukushima a profondément redistribué les cartes de la production d’électricité au Japon et doper les importations d’hydrocarbures. En attente d’une relance de l’atome, pour les autorités nippones, compenser les pertes dues à l’arrêt des réacteurs nucléaires tout en diversifiant le mix électrique dans le respect de l’environnement constitue un véritable défi.
Un contrecoup de l’après-Fukushima
Avant que ne survienne la catastrophe de Fukushima, le Japon ne misait que très peu sur les énergies renouvelables pour produire de l’électricité. Mais l’arrêt de la totalité du parc nucléaire qui s’en est suivi a amené le gouvernement nippon à revoir sa stratégie. En effet, les 54 réacteurs que compte le pays produisaient pas moins du tiers de l’électricité consommée.
Afin d’encourager les entreprises à développer les énergies renouvelables, tels que l’éolien ou le photovoltaïque, le gouvernement japonais a créé des tarifs de rachat de l’électricité renouvelable très généreux – environ 42 yens (4 euros) par KWh produit.
Ce faisant, les projets photovoltaïques sont devenus très rentables, ce qui a poussé les investisseurs à mettre en place de nouveaux projets de construction de centrales solaires. En 2013, pas moins de 7,1 GW de capacité solaire a été mise en place sur l’archipel. C’est plus que la totalité du parc photovoltaïque espagnol !
Mais la situation est devenue problématique. En effet, si des dizaines de milliers de projet sont « officiellement » en cours de développement, officieusement, la plupart d’entre eux s’avèrent farfelus. Car l’obtention d’un agrément auprès du gouvernement et de l’électricien régional concerné n’est pas conditionnée par la communication d’un délai de mise en service effective des centrales solaires en question.
Ainsi, de nombreux investisseurs ont déposé des dossiers – se voyant ainsi garantir des tarifs élevés – mais attendent une chute des prix des installations pour construire et mettre en service leurs fermes solaires. Dès lors, il devient difficile de prédire la capacité réelle qui sera installée sur le réseau à court ou à long terme.
Quelles perspectives pour la politique de soutien à la filière solaire ?
Pour cette raison, cinq grands électriciens japonais ont alerté mercredi 5 octobre le gouvernement, qui affirme comprendre leur colère. Ces électriciens refusent depuis le mois de septembre de valider tout nouveau projet solaire lié à leur réseau.
Car, si tous les projets de construction en cours venaient à aboutir, le surcoût potentiel généré par le tarif de rachat bonifié sur les factures d’électricité pourrait s’élever à 3.000 milliards de yens (21 milliards d’euros).
Un rapport gouvernemental publié au mois de septembre faisait état de l’annulation de 10% des projets de centrales solaires validés sous l’égide du tarif d’achat bonifié (soit 1,8 GW de capacité). Serait-ce la fin de la politique de soutien aux énergies renouvelables mise en place en 2012 ?
« Nous avons anticipé ce problème l’an dernier et, heureusement, le gouvernement japonais a créé une commission afin de mener une enquête. Celle-ci dira comment résoudre ce problème d’ici la fin de l’année », explique Izumi Kaizuka, manager au sein de la division recherche de l’énergéticien RTS Corporation.
Au sein des couloirs du ministère de l’Industrie japonais, il se murmure que la politique de soutien au photovoltaïque devrait faire l’objet d’une remise à plat. Tokyo devrait ainsi offrir des garanties aux électriciens qui puissent leur permettre d’annuler plus facilement leurs promesses de rachat aux entreprises et aux investisseurs les moins sérieux.
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