Le Sénégal, futur "émirat" africain du gaz ?

Le Sénégal, futur “émirat” africain du gaz ?

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Disposant de considérables réserves de gaz, le Sénégal s’impose comme un acteur incontournable dans le secteur pétrolier. De la formation des travailleurs à l’assainissement du climat des affaires, les autorités du pays font tout pour que l’exploitation de ces ressources naturelles bénéficient d’abord et avant tout aux Sénégalais.

Le Sénégal sera-t-il le futur eldorado du gaz ? Peu prometteuse à ses débuts, dans les années 1960, l’exploration pétrolière a réellement pris son envol dans le pays à partir des années 2000. Récemment, de nombreuses découvertes ont permis au Sénégal d’entrer dans le Top 30 des détenteurs des plus vastes réserves de gaz au monde. Avec un potentiel estimé entre 50 et 100 TcF (« trillion cubic feets », milliers de milliards de mètres cubes) de gaz, rien d’étonnant à ce que le pays soit, désormais, qualifié par certains experts de “futur émirat du gaz” : prévue pour débuter à l’horizon 2022-2023, l’exploitation de gaz sénégalais devrait rapporter quelque 30 milliards de dollars sur une période de trente ans.

Conscientes des bénéfices des réserves de gaz en matière de transformation économique, les autorités sénégalaises ont, dès 2012, entrepris de stabiliser et formaliser ce secteur hautement stratégique. Ainsi, à l’initiative du président Macky Sall, le pays a, notamment, adhéré à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIF). La stabilité politique du Sénégal, sa simplicité administrative, son code des hydrocarbures favorisant l’investissement et des avantages fiscaux ont fait le reste, permettant au Sénégal de décrocher la sixième place dans le classement des meilleures destinations africaines pour les firmes de prospection pétrolière, établi en 2016 par l’organisation Africa Oil and Power.

Grand-Tortue : un nouveau gisement “remarquable” au large du Sénégal

L’un des principaux gisements de gaz du pays se trouve sur le site de Grand-Tortue, au large des côtes sénégalaises et mauritaniennes. Piloté par la multinationale britannique BP, qui a racheté ses parts au découvreur du gisement, Kosmos Energy, et a investi pas moins d’un milliard de dollars pour la seule première phase du projet, le site devrait être opérationnel en 2022, selon Jonathan Evans, vice-président pour l’Afrique de la branche exploration de BP. “Singulier à plusieurs égards”, selon le spécialiste interrogé par Jeune Afrique, le gisement de Grand-Tortue, estimé à 15 CtF – “une taille remarquable” –, représente pour BP le “premier projet de liquéfaction de gaz issu d’un gisement ultraprofond”.

Binational et transfrontalier, car à cheval sur les eaux territoriales sénégalaises et mauritaniennes, le projet a bénéficié, toujours selon M. Evans, du soutien « d’interlocuteurs gouvernementaux pragmatiques ayant pour objectif avant tout de faire avancer le projet pour une entrée en production la plus rapide possible ». Dans un premier temps, BP prévoit de produire « autour de 500 millions de pieds cubes par jour », dont 35 millions iront pour la production électrique du Sénégal, permettant de générer 250 mégawatts d’électricité – « ce qui pourra couvrir largement les besoins électriques du pays », selon Jonathan Evans, qui précise que cette quantité de gaz domestique pourra se voir augmentée selon les besoins futurs.

D’importantes répercussions sur les emplois

Capital sur le plan énergétique, le projet de Grand-Tortue sera également décisif sur le front de l’emploi. Selon Gnagna Lam, analyste au Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Pétrogaz), il devrait générer environ 10 000 emplois directs, et 100 000 emplois indirects supplémentaires dans le secteur des services. Une « manne pétrolière » qu’ont bien l’intention d’exploiter les écoles publiques et privées du Sénégal, qui multiplient les offres de formation à destination des travailleurs du pays. A l’image du tout nouvel Institut national du pétrole et du gaz (INPG), créé par décret présidentiel en 2017 et co-financé par les grandes entreprises du secteur, comme Total et BP, qui ont injecté plusieurs dizaines de millions de dollars dans la structure. Ultra-sélective, l’école a accueilli, en octobre 2018, ses vingt-deux premiers étudiants, tous titulaires d’un bac+5 au minimum. Formés et nourris gratuitement, ils bénéficient en outre d’une bourse jusqu’à leur insertion sur le marché du travail.

“L’idée est de fournir une spécialité à des profils déjà formés et qu’ils aient quelques années d’expérience avant que les premiers barils ne sortent en 2022”, explique à Jeune Afrique Aguibou Ba, directeur de l’INPG. Autant d’ingénieurs « made in Sénégal », qui viendront s’ajouter à ceux sortis des nombreuses formations privées locales, proposant des cursus en droit, gouvernance des énergies, trading ou logistique du pétrole. De son côté, BP affirme avoir déjà formé, en partenariat avec la prestigieuse université britannique d’Oxford, 70 membres de gouvernement et de la société civile sénégalaise.

 

Rédigé par : La Rédaction

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